CORONAVIRUS

Alors que l’épidémie s’est accélérée à travers le globe lundi – l’OMS évoquant un risque de pandémie –, les autorités canadiennes de santé publique se préparent à devoir « contenir » le virus.

CORONAVIRUS

La santé publique se prépare à « toute éventualité »

QUÉBEC, MONTRÉAL — À l’heure où le coronavirus continue de se répandre à travers le monde, les autorités canadiennes de santé publique se préparent à « toute éventualité ». Au Québec, le risque de contamination demeure faible malgré l’arrêt à Montréal d’une passagère infectée qui voyageait à bord d’un vol d’Air Canada.

En parallèle, deux personnes, dont l’une aurait voyagé récemment en Asie, présentent des symptômes apparentés au coronavirus à Saguenay, a-t-on appris, lundi. Elles sont en quarantaine à domicile après avoir été placées en isolement à l’hôpital de Chicoutimi, où des prélèvements ont été faits. Les résultats des analyses seront connus mardi. Aucun cas n’a encore été déclaré au Québec.

De son côté, le directeur national de la santé publique du Québec, le Dr Horacio Arruda, a confirmé lundi travailler en collaboration avec les autorités de la Colombie-Britannique pour retrouver les individus qui ont été en contact avec la passagère contaminée.

La femme a quitté l’Iran pour rejoindre la Turquie. Elle a pris un vol reliant Istanbul à Montréal le 14 février, puis a voyagé jusqu’à Vancouver. Ce n’est que jeudi dernier, le 20 février, que les autorités canadiennes de santé publique ont été informées de ce cas. Dans une note interne, Air Canada a informé ses employés samedi.

« On a reçu la liste de la compagnie aérienne et on est en train de joindre les personnes qui ont été proches d’elle », a expliqué le Dr Arruda lors d’un point de presse. Les autorités communiqueront avec les passagers qui se trouvaient dans les trois rangées en avant et derrière le siège de la femme, ce qui représente une quarantaine de personnes. « La patiente était peu symptomatique », a précisé le Dr Arruda.

« Je vous rappelle que c’est une maladie qui se transmet par gouttelettes, et même dans des cas de maladie aérienne comme la tuberculose, on ne teste que certaines rangées en avant et derrière [du siège du passager infecté]. Ce n’est pas une maladie aussi contagieuse que la varicelle ou la rougeole. »

— Le Dr Horacio Arruda, directeur national de la santé publique du Québec

Le directeur de la santé publique soutient que la dame a fait état « de sa mobilité dans l’avion » et que le risque de contagion demeurait faible. « On est déjà à 10 jours du vol, les gens, s’ils avaient eu à développer la maladie, ils l’auraient déjà », a-t-il dit.

Les passagers à bord du vol ont été appelés ou le seront – certains n’ont pas encore été joints – par les autorités. On leur suggère un « isolement volontaire » et de subir le test de dépistage. La santé publique communiquera avec ces personnes à quelques reprises pendant les 14 prochains jours pour faire le point sur leur état.

À LA VEILLE D’UNE PANDÉMIE ?

Aussi en conférence de presse lundi, l’administratrice en chef de la santé publique canadienne, la Dre Theresa Tam, a rappelé que le virus se transmettait maintenant à l’échelle communautaire dans différents pays, dont l’Italie, l’Iran et la Corée du Sud.

« Ces signes sont inquiétants », selon la Dre Tam, qui explique que la fenêtre de confinement du virus « se referme ». « Nous ne connaissons pas exactement la trajectoire que prendra le virus », précise la Dre Tam. Celle-ci assure que les autorités canadiennes se préparent et sont prêtes à faire face à « toute éventualité ».

La ministre de la Santé, Patty Hajdu, a tenu des propos similaires en mêlée de presse, affirmant qu’Ottawa se concentrait désormais davantage sur « son niveau de préparation » et sur ce qui peut être fait « pour s’assurer que [les] systèmes et [les] structures sont prêts » à tout changement.

Du côté d’Ottawa, le sous-administrateur en chef de la santé publique, le Dr Howard Njoo, affirme que le Canada se prépare à ne plus prévenir la propagation du virus, mais à « le contenir ». Un plan en cas de pandémie est en place et est en train d’être peaufiné. Les centres de dépistage se préparent entre autres à traiter un plus grand nombre de cas.

L’Organisation mondiale de la santé n’a pas encore déclaré l’état de pandémie pour le nouveau coronavirus (COVID-19). « Plusieurs facteurs doivent être analysés », a expliqué la Dre Tam, dont le nombre de régions touchées à travers le monde et la gravité des cas. La Dre Tam a dit ne pas pouvoir prévoir « ce qui sera annoncé ». « Mais peu importe, on veut retarder les impacts sur la communauté et se préparer », dit-elle.

La Dre Caroline Quach, microbiologiste et infectiologue au CHU Sainte-Justine, croit que ce pourrait n’être qu’une question de temps avant que la pandémie ne soit déclarée pour le COVID-19. « On sent que ça s’en vient, mais on n’y est pas encore », a-t-elle indiqué à La Presse.

En attendant, le réseau de la santé met à jour ses « plans de contingence » qui seraient déployés en cas de pandémie. Ces plans permettront par exemple de déterminer quand annuler certains événements publics ou quand fermer les écoles, explique la Dre Quach. Selon elle, ce qui est rassurant, c’est que le nouveau coronavirus ne semble pas plus virulent que la grippe annuelle. Mais puisqu’il est nouveau, la population n’a pas de protection. Et aucun traitement n’est encore offert.

Donc si 60 % de la population du Québec était infectée en même temps par le COVID-19, même si seulement 1 % en mourait et 10 % devenait très malade, « ça créerait une énorme surcharge sur les milieux de soins », note la Dre Quach. D’où l’importance de repousser le plus possible la propagation du virus, dit-elle.

— Avec Le Quotidien

Un septième cas en Colombie-Britannique

La Colombie-Britannique a confirmé qu’une septième personne était infectée au coronavirus sur son territoire. La médecin hygiéniste en chef de la province a expliqué que cet individu, un homme dans la quarantaine, avait été en contact avec la sixième personne infectée, dont le cas a été confirmé la semaine dernière. « Nous surveillons de près les cas. Nous arrivons à maîtriser les cas au Canada. Il y a des propagations ailleurs dans le monde, mais nous ne sommes pas dans cette position », a assuré la Dre Bonnie Henry, en conférence de presse. La première personne infectée en Colombie-Britannique s’est rétablie, selon la Dre Henry, et les deuxième, troisième et quatrième personnes se rétablissent bien. Quant à la cinquième personne, elle ne présente plus de symptômes.

— Audrey Ruel-Manseau, La Presse

Québécois infecté à bord du Diamond Princess

De l’espoir pour Bernard Ménard

Bernard Ménard, Québécois infecté par le coronavirus alors qu’il se trouvait à bord du navire de croisière Diamond Princess, a reçu des nouvelles très encourageantes, a annoncé sa fille, lundi soir : il pourrait bien être guéri. « Bonne nouvelle mon père vient d’être testé négatif ! ! Mais il doit être testé deux fois négatif », a écrit sa fille Chantal Ménard, lundi soir, sur sa page Facebook. Ses parents, Bernard et Diane Ménard, âgés de 75 et 73 ans, sont tous deux hospitalisés au Japon. « Continuez d’envoyer des ondes positives pour ma mère… », a-t-elle ajouté. Le couple de Gatineau était passager à bord du navire de croisière Diamond Princess lorsqu’il a contracté le virus COVID-19. Les filles du couple avaient demandé au gouvernement que leurs parents puissent revenir au pays dans un avion nolisé, mais ils ont plutôt été transportés dans hôpital militaire du Japon, où ils sont placés en isolement depuis. Par ailleurs, un homme de plus de 80 ans qui était lui aussi à bord du Diamond Princess, placé en quarantaine au Japon en raison du coronavirus, est mort, ont rapporté lundi soir les médias japonais. Il s’agit du quatrième décès d’un passager de ce navire, alors que près de 700 personnes sorties de ce bateau à quai près de Yokohoma ont été déclarées positives au nouveau coronavirus.

— Audrey Ruel-Manseau, La Presse, avec La Presse canadienne et l’Agence France-Presse

Coronavirus

L’OMS évoque un risque de pandémie

GENÈVE — L’épidémie de pneumonie virale s’est accélérée à travers le globe lundi, l’OMS évoquant un risque de pandémie sur fond de dégringolade des marchés financiers, inquiets pour l’économie mondiale.

« Nous devons nous concentrer sur l’endiguement [de l’épidémie de nouveau coronavirus, NDLR], tout en faisant tout notre possible pour nous préparer à une éventuelle pandémie », a déclaré le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

L’OMS a notamment jugé « très préoccupante […] l’augmentation soudaine » de nouveaux cas en Italie, en Corée du Sud et en Iran. Elle a cependant observé un déclin en Chine, pays d’origine de la maladie, depuis début février.

En Europe, l’Italie, qui compte désormais sept morts, est devenue le premier pays du continent à mettre en place un cordon sanitaire autour d’une dizaine de villes du Nord.

Deux mois après l’apparition du nouveau coronavirus, cinq pays ont annoncé leurs premiers cas de contamination : Afghanistan, Bahreïn, Koweït, Irak et Oman qui suspend ses vols avec l’Iran.

La Corée du Sud et l’Iran se retrouvent en première ligne, avec respectivement le plus grand nombre de cas de contamination et de morts en dehors de la Chine.

Hong Kong a décidé d’interdire à partir de mardi les arrivées de non-résidents en provenance de Corée du Sud et appelé les résidents hongkongais à s’abstenir de tout voyage non nécessaire.

D’autres morts en Iran

Moins d’une semaine après la détection du nouveau coronavirus, Téhéran a pour sa part annoncé quatre nouveaux décès, portant à douze le nombre de victimes de l’épidémie en République islamique, où une mission de l’OMS est attendue.

Avec 61 personnes contaminées en Iran, ce taux de mortalité d’un sur cinq semble beaucoup plus élevé que celui constaté jusqu’à présent en Chine (aux alentours de 3 %).

Un député de Qom, ville où ont été annoncés les premiers cas de coronavirus, a accusé le gouvernement de « ne pas dire la vérité » sur l’ampleur de l’épidémie.

Selon une agence de presse iranienne, le député aurait évoqué le chiffre de « 50 morts » pour la seule ville de Qom, un bilan « catégoriquement » démenti par un vice-ministre de la Santé.

Inquiets de la contagion en Iran, l’Arménie, la Turquie, la Jordanie, le Pakistan, l’Irak et l’Afghanistan ont fermé leur frontière ou restreint les échanges avec ce pays. Au moins 200 personnes ont été mises en quarantaine au Pakistan, à la frontière iranienne.

Au total, plus d’une trentaine de pays sont désormais touchés, avec un bilan qui dépasse largement les 30 morts hors de Chine.

Avec 60 nouveaux cas de coronavirus, la Corée du Sud dénombrait lundi soir 893 patients contaminés, dont 8 sont morts, soit plus que le Japon où le paquebot Diamond Princess constituait jusqu’à présent le premier foyer de contamination hors de Chine.

Inquiétude pour la Corée du Nord

Entre Chine et Corée du Sud, la Corée du Nord n’a pour l’heure fait état d’aucune contamination, mais l’inquiétude monte à l’égard de ce pays au système de santé fragile.

La Croix-Rouge a annoncé lundi avoir obtenu une exemption des sanctions de l’ONU pour y acheminer du matériel médical face à une éventuelle arrivée de l’épidémie.

La Chine a annoncé lundi soir 71 décès supplémentaires dus au coronavirus, soit le chiffre quotidien le plus bas depuis plus de deux semaines, ce qui porte le total national des morts à 2663.

La commission nationale de la Santé a aussi fait état de 508 nouveaux cas confirmés de contamination par le virus, tous sauf 9 ayant été détectés dans la province centrale du Hubei, où l’épidémie est apparue en décembre. Au total, la Chine compte plus de 77 000 cas de contamination.

Le nombre de nouveaux cas a en revanche reflué à 409 contre 648 annoncés dimanche.

L’OMS a jugé que la situation dans ce pays était globalement en voie d’amélioration. Selon l’agence spécialisée de l’ONU, l’épidémie en Chine a connu un « pic » puis un « plateau » entre le 23 janvier et le 2 février. « Depuis lors, elle n’a cessé de décliner », a assuré son directeur général.

Les études menées en Chine ont également permis de montrer « qu’il n’y a pas eu de changement significatif dans l’ADN du coronavirus », a-t-il ajouté.

L’OMS à Wuhan

Pour la première fois depuis la découverte du virus, une équipe d’experts de l’OMS s’est rendue pendant le week-end dans la ville en quarantaine.

Signe de la gravité de la situation, le régime communiste a décidé de reporter la session annuelle du Parlement, qui devait s’ouvrir le 5 mars – une première en trois décennies.

À Wuhan, la mairie a renoncé aux mesures d’assouplissement sous conditions de la quarantaine qu’elle avait elle-même annoncées dans la matinée en faveur de ses non-résidents.

La ville et sa province du Hubei sont coupées du monde depuis un mois.

Conséquence de l’apparition du virus sur un marché de la ville, le Parlement chinois a décidé lundi d’interdire « complètement » et immédiatement le commerce et la consommation d’animaux sauvages.

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