Été 2017

Les camps de vacances traditionnels reprennent du poil de la bête

Il y a encore beaucoup de neige sur les sentiers et les pentes des Laurentides. Les jeunes envahissent toujours les super glissades sur chambre à air de Saint-Jean-de-Matha, dans Lanaudière.

Leurs parents, eux, écument déjà l’internet pour sélectionner le camp de vacances ou le camp de jour qui accueillera leurs petits aventuriers à l’été.

Si les camps spécialisés, qu’il s’agisse de musique, d’informatique, de karaté, etc., ont connu une grande popularité au cours des dernières années, les camps traditionnels, axés sur le plein air, font un retour en force.

« Il y a une volonté de faire du plein air une activité au goût du jour pour toutes sortes de bonnes raisons, affirme Éric Beauchemin, directeur général de l’Association des camps du Québec (ACQ). Il y a la lutte au déficit nature, la préoccupation au sujet de l’environnement, la nécessité d’un mode de vie physiquement actif et l’adoption de saines habitudes de vie. Le plein air répond à tous ces enjeux-là. »

Au Québec, il existe encore une centaine de camps de vacances qui offrent principalement des activités de plein air.

« Nous venons de refaire les pistes d’hébertisme dans près de 45 camps, nous sommes à réviser les plateaux de tir à l’arc, nous avons un programme d’achat d’équipement de plein air, lance M. Beauchemin. L’idée, c’est d’occuper notre patrimoine forestier et de redonner vie de façon contemporaine à nos programmes traditionnels. »

Il était temps : plusieurs modules des pistes d’hébertisme n’étaient plus fonctionnels, certains plateaux de tir à l’arc « faisaient dur » (alors que le sport, popularisé par la série de films Hunger Games, attire de plus en plus les jeunes) et la flotte de canots avait grand besoin d’être remplacée.

Il faut aussi veiller à la transmission des connaissances liées à la nature. Pendant longtemps, un grand nombre de camps de vacances étaient gérés par des communautés religieuses.

« Il y avait souvent un vieux frère qui était biologiste, qui connaissait toutes les plantes, tous les arbres, qui était capable de sensibiliser les jeunes à cette réalité, rappelle M. Beauchemin. Ça s’est perdu un peu. »

Les jeunes moniteurs doivent prendre le relais. Pour cela, il faut que toute l’information soit à portée de leur main.

« Dans leur main, il y a souvent un téléphone cellulaire, remarque M. Beauchemin. Nous allons commencer à utiliser cela comme outil. On s’en vient avec une application qui va permettre d’identifier un arbre après l’avoir pris en photo. »

Les protocoles d’urgence, en cas de blessure ou d’enfant perdu, seront également accessibles sur le cellulaire.

« Il faut s’adapter, indique M. Beauchemin. Il faut communiquer, rejoindre les jeunes. »

Il n’y a pas que la popularité des camps spécialisés (souvent offerts en formule camps de jour) qui a fait mal aux camps de vacances traditionnels, axés sur le plein air. Ceux-ci ont dû procéder à d’importants investissements en infrastructures.

« Ils ont entrepris des plans de remise à niveau parce que les camps avaient 50, 60, 70 ans, explique M. Beauchemin. Il était temps de les renipper un peu. »

Certains camps n’ont pas été en mesure de faire face à ces dépenses. D’autres ont eu des problèmes de gestion. « On a vécu la passation des communautés religieuses bien établies, bien installées dans la gestion des camps, à des sociétés laïques, note M. Beauchemin. Il y en a qui ont été de francs succès, pour d’autres, ç’a été plus difficile. »

Éric Beauchemin souligne par ailleurs que la majorité des camps de vacances spécialisés offrent aussi des activités de plein air, notamment parce qu’ils sont situés dans de beaux sites naturels.

« Les jeunes vont consacrer 15 heures par semaine à leur spécialité, mais ils vont aussi faire du canot, de la baignade ou de l’escalade. »

Pour les camps de jour spécialisés situés en milieu urbain, il est plus difficile d’offrir des activités de plein air.

« Ils peuvent faire une sortie au parc La Fontaine le mercredi, indique M. Beauchemin. Mais si le camp est basé dans un musée, c’est moins propre au plein air. »

Les camps de jour entièrement axés sur le plein air sont rares mais ils existent, comme le camp du Parc de la Rivière-des-Mille-Îles, à Laval.

« La rivière nous est offerte, c’est un beau terrain de jeu », souligne Laëtitia Lefèvre, coordonnatrice à l’animation et aux activités éducatives du parc.

L’équipe qui avait créé le parc, il y a une trentaine d’années, avait également mis en place un camp de vacances. Celui-ci a toutefois été abandonné.

En 2012, le parc a décidé de le relancer, mais dans une formule de camp de jour.

« Comme nous sommes dans un milieu plus urbain, les gens ne sont pas nécessairement intéressés à ce que leurs jeunes dorment sur place », explique Mme Lefèvre.

Le camp ne fait pas encore partie de l’Association des camps du Québec mais ce n’est qu’une question de temps : le parc a entrepris la construction d’un pavillon d’accueil qui répondra aux normes de l’ACQ.

« L’ancien bâtiment avait fait son temps », lance Mme Lefèvre.

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