Négociations dans le secteur public

Une année d’échanges ardus se conclut

QUÉBEC — Très bonne nouvelle pour le gouvernement Couillard : au terme d’une année de négociations ardues, Québec et les syndicats du Front commun représentant 400 000 des 550 000 employés de l’État en sont finalement arrivés hier après-midi à une entente de principe qui doit être soumise aux instances syndicales aujourd’hui. Cette entente prévoit des hausses salariales d’un peu plus de 9 % en cinq ans, a appris La Presse.

Pour 2015, Québec accorderait un montant forfaitaire équivalant à 1 % de la masse salariale. L’année prochaine, les employés de l’État auraient droit à une hausse de salaire de 1,5 %, puis de 1,75 % en 2017. En 2018, l’augmentation serait de 2 %. La dernière année des conventions collectives, en 2019, Québec accorderait un montant forfaitaire de 0,5 % et verserait également les sommes promises au chapitre de la relativité salariale, ce qui représente une hausse de la rémunération de 2,4 %.

Au total, on parle d’augmentations de salaire d’un peu plus de 9 %. Mais il faut comprendre que les montants forfaitaires décrits plus haut n’ont pas du tout le même impact financier pour le gouvernement que les hausses salariales traditionnelles. Un montant forfaitaire s’ajoute au salaire de base. Il ne modifie pas le taux horaire prévu aux échelles.

Les centrales exigeaient 13,5 % sur trois ans à l’origine.

Les ententes sectorielles conclues jusqu’ici sur les conditions de travail représentent de leur côté des coûts de main-d’œuvre équivalant à 1,1 % de la masse salariale du gouvernement, selon le Trésor. 

400 millions

Somme que représentent les ententes sectorielles, un chiffre qui s’ajoute aux hausses salariales

Pour Martin Coiteux, la négociation « s’inscrivait dans un cadre budgétaire difficile, mais globalement, on a fait des choses qui respectent le cadre budgétaire du gouvernement ». « Le contexte est difficile au Québec et c’était un défi particulier dans cette négociation. Mais, dans l’ensemble, on a permis des progrès tout en respectant nos contraintes financières », a déclaré le président du Conseil du trésor, émergeant en après-midi d’une ultime réunion de six heures avec les leaders des centrales membres du Front commun.

La veille, la réunion de sept heures s’était terminée au début de la nuit. Tout en paraissant optimiste, le président de la FTQ, Daniel Boyer, avait soutenu que les offres patronales sur les questions salariales contribuaient toujours à l’appauvrissement des salariés.

La présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Louise Chabot, s’est limitée, hier, à une brève déclaration. « Après de longues heures de travail rigoureux et fructueux, on est en mesure d’annoncer une entente de principe que nous allons recommander assez rapidement à nos instances », a dit Mme Chabot.

ACCORD GLOBAL DÈS DEMAIN  ?

L’entente de principe sera présentée dès aujourd’hui à la plupart des instances syndicales avec une recommandation favorable. Les choses devraient avancer rondement, on évoquait même une conférence de presse avec un accord global du Front commun dès demain.

Les infirmières (FIQ), les enseignants de la grande région de Montréal (FAE) et les professionnels du gouvernement (SPGQ) ne font pas partie du regroupement.

Mme Chabot n’a donné aucun détail quant au contenu de ce qui sera soumis aux délégués et aux membres. Des éléments livrés sans explications pourraient braquer les salariés, a-t-on expliqué.

ENCORE DES NÉGOCIATIONS

D’autres groupes sont toujours en négociation. La Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui représente 36 000 enseignants à Montréal et dans l’ouest du Québec, n’est pas parvenue à une entente sectorielle, contrairement aux deux tiers des enseignants regroupés au sein de la Fédération des syndicats de l’enseignement.

Le Syndicat des professionnels du gouvernement (23 000 membres) sera encore en discussions jusqu’en janvier, prédit son président, Richard Perron. Les professionnels demandent un réaménagement en profondeur de leurs échelles salariales pour tenir compte de leur expertise. Pour ces professionnels comme pour les fonctionnaires, on comprend que les congés de maladie ne seront plus cumulables dans l’avenir – les fonctionnaires pouvaient les engranger, ce qui force Québec à inscrire un passif de 829 millions dans son bilan. L’utilisation des congés déjà accumulés ne sera pas resserrée avant quatre ou cinq ans, semble-t-il.

RETRAITE

Sur la retraite, Québec espérait à l’origine une économie de 300 millions en haussant de 60 à 62 ans le seuil pour un départ sans pénalité actuarielle. Ce cap avait été réduit à 61 ans et reporté à 2019 au lieu de 2017. Là encore, on ne sait pas ce que le Front commun a accepté de transmettre à ses membres au terme du sprint qui s’est terminé hier en fin de journée. La pénalité actuarielle sera réduite par rapport aux 7,2 % par année proposés par Québec au début des discussions. On revient aussi aux cinq dernières années pour le calcul de la rente. Québec voulait huit ans en début de parcours.

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