Difficile d'être indemnisé ?

Les dentistes sont bien moins susceptibles d’être poursuivis en dommages que les médecins, constate l’avocat Jean-Pierre Ménard.

Son cabinet dépose chaque année seulement 20 à 30 poursuites contre des dentistes, soit 6 à 7 fois moins que contre des médecins. « Sauf exception, les dommages que peuvent causer les dentistes sont plus limités et un patient ne se donnera pas la peine de poursuivre pour quelques milliers de dollars. »

Il y a 11 ans, une cliente a par contre obtenu 132 000 $, un côté de son visage étant resté paralysé après l’extraction – complexe – de ses dents de sagesse par un dentiste trop peu expérimenté.

En 2015, un Montréalais a reçu 52 000 $. Il avait perdu toutes les dents de sa mâchoire supérieure. « Tout cela aurait pu être évité si [le dentiste Pierre] Deslauriers avait fait preuve d’un minimum de rigueur et d’intégrité professionnelle », a conclu l’expert cité par la Cour du Québec, convaincu que le professionnel avait eu – « sans l’ombre d’un doute » – conscience de mal agir.

Me Ménard a aussi vu des traitements de canal catastrophiques. Et surtout 15 ans « d’énormes gâchis » en implantologie. 

« Au début, certains dentistes avaient suivi un petit cours à la va-vite pour profiter de cette mine d’or. Ça a donné des sinus et des mâchoires fracturés… »

— Me Jean-Pierre Ménard

Facile de régler hors cour

Au moins, le Fonds d’assurance-responsabilité professionnelle de l’Ordre des dentistes a « une approche un peu plus proactive » que celui des médecins, avance l’avocat. « Il règle généralement après la mise en demeure, sauf quand les experts des deux parties ont des visions très différentes. »

« Le Fonds a commencé par m’offrir un montant dérisoire. Je les ai envoyés paître. Ça a pris seulement 10 jours avant qu’ils me postent un chèque couvrant une partie raisonnable des dommages », précise un Montréalais, qui a signé une entente de confidentialité en réglant hors cour. 

Sa dentiste lui ayant caché une erreur, il a fait un abcès monstre, a subi une chirurgie dentaire de presque quatre heures, a perdu un pont et une couronne et a dû prendre des antibiotiques et des antidouleurs. Peu après, son conjoint a vécu la même mésaventure, avec la même dentiste. Qui n’a, d’après leurs recherches, jamais été sanctionnée par l’Ordre.

« Il devrait y avoir une commission Charbonneau de la dentisterie ! », conclut-il.

En chiffres

5 % à 6 %

Proportion des dentistes assurés par le Fonds d’assurance responsabilité qui font annuellement l’objet d’une réclamation.

17 000 $

Moyenne des frais et indemnités payés par dossier de 2011 à 2015 inclusivement

Source : rapports annuels du FARPODQ (les calculs ont été faits par La Presse)

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