Musique

Le chœur de Damien Robitaille

On l’a découvert grâce à ses chansons aux images rigolotes et truffées de jeux de mots. Il a ensuite joué au crooner, puis plongé tête première dans les rythmes latino-américains. Mais c’est sans artifices que Damien Robitaille propose son quatrième disque, Univers parallèles. Nous avons rencontré le chanteur franco-ontarien il y a quelques semaines, en répétition dans la salle de La Petite Église de Saint-Eustache, à la veille du premier spectacle de sa tournée. Discussion électrique avec un artiste qui se dévoile de plus en plus.

Tu commences ta tournée alors que l’album n’est pas sorti encore [il est maintenant en vente]. C’est stressant de faire des spectacles alors que les gens ont à peine entendu tes nouvelles chansons ?

Le défi est de faire le pacing, parce que je ne sais pas sur quelles chansons le public va accrocher. J’aime ça, plaire à mon public, moi ! C’est compliqué, parce que tu ne veux pas mettre trop de nouvelles une après l’autre, sinon les gens vont se tanner. Mais je pense que ceux qui me suivent veulent de nouvelles choses aussi. Ils m’aiment pour mon côté créatif, alors je pense qu’ils vont quand même apprécier les nouvelles pièces.

Lesquelles vont-ils adopter, d’après toi ?

Tout feu tout flamme, Sortie de secours. Le fleuve aussi, je ne sais pas si sera un single, mais c’est une pièce qui me touche énormément. Je suis ému quand je la chante, avec sa mélodie, les chœurs.

C’est la chanson emblématique du disque ?

Je ne sais pas, mais c’est ma préférée, celle dont je suis le plus fier. C’est une mélodie que je traînais depuis deux, trois ans. Je me disais : « Ça va être tellement beau si je peux trouver les bonnes paroles. » Je ne pouvais pas mettre n’importe quoi là-dessus. En même temps, je voulais faire un genre d’hommage au fleuve. Je vis à Longueuil depuis trois ans et je me suis mis à avoir une relation personnelle avec cette voie d’eau. Je viens des Grands Lacs, et ce qui me touche, c’est que c’est la même eau qui vient du lac Huron. Ça me fait penser à chez moi.

Quel est le fil conducteur de ce disque ?

Pour moi, le fil conducteur est surtout dans les arrangements, la présence des chœurs. Ça revient tout le temps, et c’était très conscient. J’avais envie d’exploiter ça.

Pourquoi ?

J’adore ça, les chœurs. Sur les autres disques, il y en avait de temps en temps, mais pas à ce point. Là, c’est très présent, dans toutes les tounes. Les chœurs, ça amène une chanson à un autre niveau, ça la fait briller.

Il y a un côté gospel qui élève… comme dans la pièce musicale Signe de vie, il y a quelque chose de sacré.

Oui. J’ai grandi là-dedans ! La première fois que j’ai chanté, c’était à l’église, puis dans les chorales à l’école. Ensuite, j’ai fait un band, mais ç’a toujours été important, cette musique religieuse. Ça vient me chercher au fond de l’âme, les harmonies, les accords.

Ce disque est donc un retour aux sources ? Tu n’osais pas aller là avant ?

Pas que je n’osais pas… J’ai peut-être plus les outils pour le faire.

Ton côté funk est encore là quand même.

Oui, et il y a du world encore. J’ai été inspiré par la musique arabe… mais ça ne paraît pas, sinon ça fait trop pastiche. C’était peut-être mon erreur sur mon dernier disque. J’ai trop plongé dans la musique latino-américaine. Mais c’est un portrait de ce moment de ma vie.

Là, c’est toi avec toutes tes inspirations, mais c’est du Damien Robitaille.

Oui, c’est la différence. Par le passé, j’obsédais sur un style de musique et je l’épuisais à fond. Je n’écoute plus de la musique comme avant. Ça fait du bien, une pause. On laisse la poussière retomber et le vrai sort.

C’est le disque qui te ressemble le plus ?

Non. Il me ressemble à ce moment-ci, mais chaque disque est une photo, un polaroïd.

Il y a toujours une naïveté, une simplicité dans ton écriture, mais tu fais pas mal moins de blagues…

Oui. Je me casse moins la tête à vouloir trouver le bon jeu de mots. C’était un genre de pudeur, de ne pas vouloir trop me révéler avec une joke par-ci, une joke par-là. Peut-être que c’est à ce niveau que j’ai osé un peu plus. Comme Tout feu tout flamme, ce n’est pas évident pour moi de la chanter. Là je suis à l’aise, mais au début, c’était difficile, il n’y a pas de joke, pas de jeu de mots… « Je veux mon âme, tout feu tout flamme… », c’est quétaine !

Comment tu te sens quand un album sort ? Tu es stressé ?

En ce moment, je ne suis pas nerveux. Je l’étais plus vers la fin du processus : tu veux que tout soit parfait, la pochette, le pacing, le mix… il y a plein de petites affaires qui te gossent. Tu dors un peu moins à ce moment-là, mais ça s’est bien passé.

Là, tu le lances et tu dis : il arrivera ce qui arrivera.

Je suis très confiant. Ça fait presque un an que je suis prêt, que les tounes sont prêtes. Mon démo à la maison est fini depuis avril 2016. Un an plus tard, j’aime encore les chansons. Elles sont bien, ma blonde les aime encore… C’est toujours bon signe. Je suis très fier de ce disque.

Tu as un sens de la mélodie accrocheuse… mais c’est imprévisible quand même, de deviner quelle chanson va marcher ?

Je peux le prédire un peu. Comme Mot de passe, je le savais. Il y a des chansons qui ont une âme.

À l’opposé, as-tu déjà eu des surprises ?

Sur le premier disque, la chanson Je tombe, je ne voulais pas la mettre. Finalement, c’est une de mes seules chansons qui ont joué à la radio commerciale. Plein d’amour aussi (sur le disque Homme autonome), je ne voulais pas la garder, je trouvais ça trop simple…

Justement, ce Damien-là, le lover, le crooner, il n’existe plus vraiment ?

Il doit se reposer quelque part. J’ai moins envie de faire le crooner. Dans mon équipe, tout le monde était tanné. Il reste des éléments, mais j’étais devenu une caricature. Je voyais l’effet que ça faisait sur le monde. Je me disais : « Le monde aime ça, on va continuer ! » Mais ça suffit.

Les gens vont te suivre, tu crois ?

Oui. J’ai confiance dans les chansons. Avant les Fêtes, j’ai fait un genre de sondage sur Facebook, j’ai demandé à mes fans quelles vieilles chansons ils voulaient entendre dans mon nouveau spectacle. J’ai eu quelques centaines de réponses, et une cinquantaine de tounes différentes ont été nommées. Ceux qui me connaissent me connaissent bien et j’aime ça.

Cinq des chansons préférées des fans de Damien Robitaille

Mot de passe

Porc-épic

Plein d’amour

On est nés nus

Omniprésent

Pop

Univers parallèles

Damien Robitaille

Audiogram

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