Difficile de dire adieu au hockey

ERIK COLE

RALEIGH — Il a 37 ans, il est joueur autonome, n’a pas joué de la saison et un médecin lui a dit le printemps dernier qu’il serait peut-être plus prudent de ne plus jouer au hockey.

Mais Erik Cole ne peut toujours pas se résoudre à la retraite.

L’ancien attaquant du Canadien et des Hurricanes de la Caroline s’était fracturé des vertèbres du cou en 2006 et ce sont des relents de cette blessure qui ont refait surface, le printemps dernier, alors qu’il portait l’uniforme des Red Wings de Detroit. Un contact somme toute banal avec Lauri Korpikoski, des Coyotes de l’Arizona, a provoqué une contusion à la moelle épinière.

Une semaine plus tard, Cole se croyait prêt à revenir au jeu lorsque les médecins l’ont avisé qu’au contraire, il devait prendre du recul.

Depuis, il traverse un tourbillon d’émotions.

« À plus d’un égard, je sais que je suis encore capable de jouer, a confié Cole à La Presse. J’ai eu une bonne saison l’an dernier, j’ai marqué 21 buts, et j’étais excité à l’idée de me joindre aux Wings en vue des séries.

« Ç’a été une énorme déception de me faire dire par les médecins que ce ne serait pas prudent de continuer à jouer. »

Le dilemme auquel Cole a dû faire face dans les derniers mois a été de savoir si ça valait le coup de mettre en danger sa santé future afin de prolonger sa carrière, et de voir en parallèle si quelque chose pouvait être fait pour atténuer les risques pendant qu’il joue.

« Il n’y a pas de solution simple et facile », a-t-il constaté.

Cole soutient que son corps ne sera plus jamais à 100 %, « tous les joueurs, lorsqu’ils arrêtent de jouer, se réveillent le matin et leur corps les déteste », mais, au moins, il est pleinement fonctionnel et asymptomatique.

Or, pour y arriver, il a dû passer l’année sans pratiquer de sports de contacts. Compte tenu de son âge, ça ne peut mener qu’à une seule conclusion, non ?

LE PLAISIR DE JOUER

Pourtant, si la priorité à ce stade-ci est de pouvoir faire tout ce qu’il voudra faire dans 10 ou 20 ans, l’idée d’être contraint à la retraite, de ne pas partir selon ses termes, embête beaucoup Cole.

« Tous les joueurs aspirent à pouvoir dire : “J’ai terminé, j’en ai fait assez.” Et que cette décision-là vienne d’eux-mêmes et de personne d’autre. »

Renoncer au hockey, ce serait aussi renoncer à son plaisir fondamental de jouer. Chez Erik Cole, ça s’exprimait dans des moments cocasses comme cette fois où, après avoir marqué un but dans l’uniforme du Canadien, il a donné un « high five » à l’arbitre Greg Kimmerly.

« J’ai marqué plusieurs buts en arrivant à pleine vitesse sur le flanc droit et, après avoir compté, il y avait souvent un arbitre sur mon passage quand je débouchais de l’arrière du filet, explique-t-il en riant. À Edmonton, j’ai déjà entraîné l’arbitre Chris Lee avec moi car, autrement, j’aurais été forcé de le mettre en échec. Mes coéquipiers se sont attroupés autour pour célébrer mon but et j’ai retenu Lee pour qu’il reste au milieu des célébrations ! »

AVEC PACIORETTY ET DESHARNAIS

Mercredi soir, en arrivant en Caroline, Max Pacioretty et David Desharnais ont soupé avec lui. Même s’il a passé l’année loin des arénas, Cole est heureux de vivre dans une ville où des amis et d’anciens coéquipiers font constamment des arrêts.

Le plaisir de jouer, ç’a aussi été pour lui de disputer une saison à Montréal en compagnie de ces deux joueurs.

« On s’est reparlé de cette saison 2011-2012 qui avait été frustrante pour tout le monde mais qui, sur le plan personnel, est restée l’une de mes préférées en carrière, a indiqué Cole. Le Centre Bell avait toujours été mon endroit de prédilection pour jouer – je crois que les statistiques le confirment – et ce n’est pas un hasard si j’ai connu ma meilleure saison en carrière quand j’ai passé une année complète là-bas. »

Cole se souvient de l’extraordinaire chimie qu’il avait développée avec Pacioretty et Desharnais et du fait qu’il les a aidés à atteindre chacun leur plein potentiel.

« Je suis déçu de ne pas avoir pu jouer les quatre années de mon contrat à Montréal, soupire Cole. C’était certainement mon intention. »

AU MILIEU DES PÈRES

Au cours des trois derniers mois, Craig Adams, Scott Hannan et Brenden Morrow ont tous annoncé leur retraite à des moments arbitraires. Le temps était tout simplement venu. Et d’autres ont fait de même sans qu’une annonce de l’Association des joueurs ne l’ait officialisé. En attendant que Cole reçoive le même signal, il donne un coup de main aux entraîneurs de l’équipe itinérante des Junior Hurricanes, dont fait partie son fils Landon.

Et il veille à ce qu’il ait d’abord et avant tout du plaisir.

« Ç’a été un choc pour moi de me retrouver au milieu de ces parents et de découvrir à quel point ils évaluaient les enfants. On ne peut pas attitrer des jeunes de 11 ans à un rôle et déterminer quel genre de joueur ils seront. Bien des choses vont changer dans les prochaines années !

« Alors j’essaie d’encourager ces parents-là à mettre la pédale douce. Ce sera assez difficile comme ça quand ils vieilliront pour les jeunes qui auront une véritable occasion. Ça ne sert à rien de leur mettre de la pression dès maintenant. »

Encore des rumeurs de déménagement

Une visite du Canadien en Caroline, c’est une nouvelle occasion de ressasser les rumeurs de déménagement des Hurricanes à Québec où leur situation est suivie à la trace. Or, l’entraîneur-chef Bill Peters a été aussi ferme que le président de l’équipe Don Waddell l’avait été en décembre en entrevue avec La Presse. « L’équipe ne s’en va nulle part, a martelé Peters. Ça fait 19 ans que l’équipe est ici et les propriétaires sont contents de voir dans quelle direction va l’équipe. Nous sommes très heureux de la quantité et de la qualité des choix au repêchage que nous avons au cours des deux prochains repêchages. Nous sommes excités par les jeunes qui s’en viennent, les Sebastian Aho, Hayden Fleury et Alex Nedeljkovic de ce monde. Si nous nous mettons à gagner, les gens vont venir nous voir. C’est comme ça que ça fonctionne dans ce marché. On doit gagner et on va faire notre part l’an prochain. » Les joueurs ont soutenu n’avoir vu aucun signe avant-coureur pouvant suggérer qu’un déménagement était dans les plans. « Les rumeurs sont comme des feux de brousse, il y a des gens qui suivent les trajets des avions LJX, mais ici je ne vois aucun signe, a commenté l’entraîneur des gardiens David Marcoux. Je ne suis pas surpris parce que les gens de Québec sont passionnés et ils veulent leur équipe, mais, de ce côté-ci, je n’ai rien vu qui reflète ce qui se dit dans les médias québécois. »

— Marc-Antoine Godin, La Presse

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