RECONSTRUCTION DES CATARACTES DE SHAWINIGAN

L’audace de Martin Mondou

SHAWINIGAN — Il y a des reconstructions ardues dans le hockey junior. Les célébrations historiques de mai 2012 à Shawinigan, théâtre du tout premier championnat en plus de quatre décennies de hockey junior dans la ville de l’électricité, venaient avec une lourde facture à éponger pour les Cataractes.

Directeur et actionnaire du club hôte du tournoi de la Coupe Memorial, Martin Mondou avait tout misé afin de permettre à l’entraîneur Éric Veilleux de débarrasser la plus vieille concession de la LHJMQ de son étiquette d’éternelle perdante.

Au lendemain de cette conquête tant désirée, Mondou se retrouvait donc avec un alignement dégarni et une banque de choix au repêchage épuisée. Ses meilleurs éléments étaient promus chez les professionnels et leurs successeurs étaient voués à d’autres équipes pour conclure des transactions antérieures.

Le changement de garde ne touchait pas uniquement l’équipe sur la glace. Minée par des mois de tiraillements internes, la franchise a dû composer avec une vague de départs. Veilleux a profité de la fin de son contrat pour s’offrir un nouveau défi à la barre du Drakkar de Baie-Comeau. Pour sa part, son adjoint, Danny Dupont, est parti pour Rimouski quand Mondou lui a préféré Denis Chalifoux comme successeur de Veilleux. 

Le président, Réal Breton, a claqué la porte. Même la directrice des opérations, Marie-Christine Boucher, a quitté le navire. « Ce fut une année où la pression a été difficile à gérer pour tout le monde. Mais en fin de compte, on a quand même levé le gros trophée ensemble ! Les gens qui sont restés par la suite ont retroussé leurs manches, et tout a été mis en œuvre pour se relever le plus rapidement possible. »

CONSTRUIRE PAR LE REPÊCHAGE

Mondou – un homme d’affaires qui exploite notamment une concession Ford – et ses collaborateurs peuvent dire mission accomplie. En moins de trois ans, les Cataractes sont de retour parmi les clubs de tête dans le circuit Courteau. 

Mis à part Marvin Cüpper, Christophe Lalonde et Dylan Labbé, tous les autres joueurs-clés de l’équipe sont âgés de 18 ans ou moins, ce qui laisse présager du hockey très relevé jusqu’en 2018. »

« On a reconstruit plus rapidement que bien des gens le croyaient, hein ? »

— Martin Mondou, directeur et actionnaire des Cataractes de Shawinigan

Cette progression s’explique par un travail collectif, selon lui. « Notre dépisteur-chef, Alain Bissonnette, a fait de l’excellent travail et notre équipe d’entraîneurs fait un boulot incroyable pour développer nos jeunes. On sent une énergie commune à tous les échelons de l’organisation. C’est le genre de chose qui devient contagieuse et qui se rend au vestiaire. »

Mondou a résisté à la tentation de bourrer son alignement de vétérans. Pas question non plus de retenir les quelques joueurs qui avaient de la valeur. Il les a plutôt monnayés au cours des deux dernières saisons afin d’obtenir plusieurs choix au repêchage. Cette patience lui a permis d’obtenir les surdoués Anthony Beauvillier et Samuel Girard à l’encan des joueurs midgets. 

« Beauvillier et Girard jouent déjà des rôles très importants chez nous même s’ils ont respectivement 17 et 16 ans. Et ils ne sont pas les seuls, ils sont très bien appuyés dans leur groupe d’âge. »

« IL FAUT PRENDRE DES RISQUES »

Et puis, il y a eu quelques décisions audacieuses. En juin dernier, il a réclamé Gabriel Sylvestre en fin de première ronde. Ce gros défenseur droitier avait indiqué à tous les clubs que son plan était de jouer aux États-Unis. Mondou a ensuite lancé, avec succès, une opération séduction auprès de sa famille. 

« Dans ce job, il faut prendre des risques. Il faut les calculer au maximum, mais ça reste des risques. Dans le cas de Gabriel, il était le sujet de discussion principal entre Alain [Bissonnette] et moi chaque fois qu’on voyait son club jouer l’an dernier. On savait qu’on avait des arguments pour le convaincre de venir chez nous. On a réussi et je ne pense pas qu’il soit déçu de sa décision : il progresse à vue d’œil de semaine en semaine. »

La sélection de Dennis Yan au dernier encan européen a aussi fait jaser. Peu de gens savaient que Yan, un Américain qui a grandi en Russie, était disponible à ce repêchage en juillet. Un contact de Mondou lui a mis la puce à l’oreille quelques semaines avant le grand jour. Même si son agent, Igor Larionov, ne voulait pas promettre qu’il jouerait à Shawinigan, il a couru la chance de le réclamer. Yan, principal complice de Beauvillier, est maintenant le troisième marqueur du club.

« Tout est tombé en place au cours des derniers mois. Cela dit, le travail n’est pas terminé, il faut continuer à pousser. Il faut notamment trouver un remplaçant à Marvin Cüpper pour l’an prochain. Mais on aime bien dans quelle direction s’en va notre équipe. »

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