Ski de fond

« Le feeling est bon »

Alex Harvey se tourne vers le 50 km après une huitième place au sprint par équipes avec Len Valjas

PyeongChang — Alex Harvey a toujours eu le sens du dramatique. Aux Mondiaux de Lahti, l’an dernier, il avait attendu la toute dernière épreuve, le traditionnel 50 km, pour remporter la médaille d’or la plus importante de sa carrière.

Rien ne garantit que le scénario se répétera samedi à PyeongChang, dans ce qui sera son chant du cygne olympique, mais le champion mondial a envoyé plusieurs signaux positifs, aujourd’hui, après la huitième place du Canada au sprint par équipes en style libre.

À moins de circonstances exceptionnelles, l’équipe canadienne ne pouvait légitimement viser le podium au centre de ski de fond Alpensia.

En dépit d’une embellie au sprint individuel, la semaine dernière, Len Valjas, le partenaire de Harvey, allait nécessairement peiner dans les deux côtes face à des ogres de la trempe du Norvégien Martin Johnsrud Sundby (régulier au dixième près), du Russe Denis Spitsov ou du Français Maurice Manificat.

Le Torontois de 29 ans s’est accroché dans la première des trois boucles de 1,4 km avant de fléchir graduellement dans les deux suivantes. Au dernier relais, Harvey s’est appliqué à régler le Finlandais Ristomatti Hakola, le doublant dans l’ultime descente grâce à des skis fumants, pour assurer le huitième rang.

« On est quand même contents. Huitièmes, ce n’est pas rien pour nous. On a vu les Suisses qui avaient une grosse équipe avec Dario [Cologna] et qui n’ont pas passé [en finale]. »

— Alex Harvey

En demi-finale, Harvey s’est d’ailleurs livré à une petite passe d’armes avec le Suisse, gagnant du 15 km à PyeongChang, dans la côte la plus abrupte du parcours. En bordure de la piste, l’entraîneur Louis Bouchard n’a pas manqué de le remarquer.

« Alex a bien fait, ça regarde bien pour le 50 km, a-t-il noté, l’œil brillant. Il avait un petit punch, j’ai bien aimé voir ça, on aurait dit le petit punch qu’il avait dans ses succès. En espérant que ça continue de progresser. À mon œil, je pense que c’est ça, il a l’air en forme pour le 50. »

Autre signal révélateur, ce « punch » s’est maintenu jusqu’au dernier relais de la finale. « Le feeling est bon, a jugé Harvey. Je me sentais bien avant le 15 km et avant les autres courses aussi. Aujourd’hui, j’avais un peu plus de punch que l’autre jour. »

Valjas n’a « aucun doute »

À la dernière course de sa carrière, Valjas avait plus envie de parler de son ami que de ses propres émotions. « Je suis plus excité par ce que j’ai vu d’Alex pour le 50, a-t-il affirmé. Juste de voir son punch dans les virages, sa pointe de vitesse, c’est super. »

À ses yeux, Harvey « a tout ce dont il a besoin pour monter sur le podium ». « Il n’y a aucun doute, a affirmé Valjas. Je l’ai vu lâcher le peloton dans un 50 km classique. Nos skis sont fantastiques, vous l’avez vu aujourd’hui. Je ne m’attends à rien parce qu’il y a tellement de variables dans le ski de fond, mais je sais qu’il est capable d’atteindre le podium. »

Pour Bouchard, l’expérience de PyeongChang a des relents de Lahti 2017. « Plus le championnat avance, parfois c’est dur, ce sont des humains, ils essaient de “peaker” dans une période de temps, tu ne peux pas le planifier pour une journée [précise]. On dirait qu’il s’en va vers ça… S’il peut y arriver avant la fin des Jeux, ça va être bon. Sinon, si ça arrive plus tard, il pourrait rentrer plus de podiums dans les courses en mars. On n’est pas devins. On a répété ce processus souvent, c’est pour ça que j’y crois. »

À trois jours de la course la plus importante de sa carrière, Harvey n’a rien fait pour tempérer les attentes, déjà énormes à son endroit dans les médias canadiens. Le fondeur de Saint-Ferréol-les-Neiges a abordé l’enjeu du 50 km sans que la question lui soit directement posée. « Tout est en place pour livrer un podium, c’est juste à moi d’aller le chercher. »

Le quintuple médaillé mondial est confiant, tout simplement, et la pression ne l’étouffe apparemment pas.

« C’est excitant, c’est sûr, a dit Harvey. Si ça n’arrive pas, ce n’est pas la fin du monde et je ne dis pas ça pour donner des excuses. Je me donne corps et âme pour ça, mais ce n’est pas la vie ou la mort pour moi. Mais c’est sûr que c’est mon rêve depuis que je suis tout jeune et il y a une opportunité sur le 50 km. Je veux juste être capable de passer ce fil d’arrivée pour une dernière fois avec le sourire sur les lèvres, en ayant fait une belle et bonne course. »

Ski de fond

Superman Klaebo

À 21 ans, Johannes Hoesflot Klaebo s’annonce déjà comme l’un des plus grands fondeurs de l’histoire. Le Norvégien a remporté sa troisième médaille d’or aux Jeux olympiques de PyeongChang en s’imposant au sprint par équipes avec son vétéran coéquipier Martin Johnsrud Sundby, aujourd’hui.

« J’aurais été content de gagner une seule médaille d’or ici, mais ce n’est pas comme ça que ça marche », a raconté Klaebo, qui avait retiré sa tuque pour le dernier relais. La Norvège a facilement battu la Russie de Spitsov et Bolshunov, médaillée d’argent, et la France de Maurice Manificat et Richard Jouve, brillante médaillée de bronze.

Selon Alex Harvey, Klaebo pourrait surpasser son compatriote Bjorn Daehlie (huit médailles d’or olympiques) comme le meilleur de l’histoire. « Il est parti pour ça. En fait, il n’a même pas besoin de s’améliorer. S’il garde ce niveau pour un autre cycle olympique, ça va être dans la poche. Il a une super bonne tête sur les épaules. Je pense qu’il va continuer dans la bonne direction. C’était déjà incroyable qu’il gagne un globe de cristal à sa première année senior. En ce moment, il a confirmé les attentes. Il est vraiment exceptionnel. »

— Simon Drouin, La Presse

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Björgen écrit l’histoire

Et de 14 ! En décrochant la médaille de bronze du sprint par équipes avec Maikken Caspersen Falla, la Norvégienne Marit Björgen est devenue l’athlète la plus médaillée des Jeux olympiques d’hiver, effaçant le patriarche du biathlon, son compatriote Ole Einar Björndalen. « Bien sûr que je suis très contente avec cette médaille de bronze. Mais c’est difficile à comprendre, ces 14 médailles, a sobrement dit la Norvégienne. Lorsque j’aurai fini ma carrière, je pourrai regarder ce que j’ai fait. » Avait-elle à l’esprit le record en tête ? « J’en rêvais, mais on ne sait jamais comment ça peut se passer. Mon but était de me battre pour une médaille d’or en individuel, et je ne l’ai pas encore. Il me reste une possibilité », a-t-elle déclaré.

— Agence France-Presse

Ces textes ont d'abord été publiés dans notre édition d’hier midi

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