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Des jeux d’eau pas toujours sûrs

« Les parcs de jeux d’eau sont de plus en plus populaires, car les municipalités tendent à les préférer aux pataugeoires, qui avaient la faveur dans le passé », dit Chris Russell, spécialiste en santé environnementale au Vernon Health Center, en Colombie-Britannique. Même s’il est difficile de s’y noyer, ces jeux d’eau ne sont pas sans risques.

« Les aires de jeux d’eau ont été la source de nombreuses flambées de maladies gastro-intestinales au cours des 20 dernières années aux États-Unis et au Canada », révèle un rapport rédigé par M. Russell pour le Centre de collaboration nationale en santé environnementale (CCNSE), un organisme financé par l’Agence de santé publique du Canada. Explications.

Deux types

Il y a deux modèles de base de jeux aquatiques. Les aires sans recirculation, ou à eau continue, rejettent l’eau aspergée sur les enfants directement dans les eaux usées. Elles présentent « un risque assez faible pour les usagers, puisqu’elles sont conçues pour utiliser l’eau potable », indique le rapport Reconnaître et gérer les risques pour la santé publique des aires de jeux d’eau du CCNSE.

Les aires à recirculation recueillent l’eau dans un réservoir, la traitent et la réutilisent, ce qui est plus écologique. « Cela pose un risque accru de contamination et de transmission de maladies, qui peut être atténué par une conception et une exploitation adéquates », souligne le CCNSE.

Cryptosporidiose

La cause principale de flambées de maladies gastro-intestinales associées aux jeux d’eau est la cryptosporidiose. Cette maladie diarrhéique nous est offerte par un parasite microscopique, le Cryptosporidium, un costaud qui peut résister pendant plusieurs jours aux taux de chlore habituels. Pour le neutraliser, une méthode de traitement supplémentaire – comme les rayons ultraviolets (UV) – est nécessaire.

En 2001, en Illinois, plus de 350 personnes sont tombées malades, même si le système de chloration des jeux d’eau fonctionnait bien. Le coupable : Cryptosporidium. En 2013, en Ontario, 12 personnes ont aussi subi les assauts de Cryptosporidium, alors que le traitement aux rayons UV de jeux d’eau était hors service.

Autres maladies

Des analyses faites dans 29 parcs de jeux d’eau au Tennessee après une flambée de salmonellose ont montré « que 21 % des échantillons d’eau recueillis avaient un résultat positif pour d’autres indicateurs de contamination fécale ou environnementale », indique le CCNSE. Il est également possible de contracter une maladie respiratoire comme la légionellose dans des jeux d’eau, « puisque les usagers peuvent être exposés à des gouttelettes aérosolisées produites par les éléments vaporisateurs », explique le rapport.

Facteurs aggravants

Les comportements des usagers – souvent des bambins en couche, qui collent leurs fesses aux jets d’eau ou boivent directement dans les embouts vaporisateurs – augmentent le risque de transmission de maladies. Sans compter le comportement des animaux – oiseaux, chats, écureuils, etc. – qui ne se gênent pas pour profiter de ces installations multicolores, sans maillot réglementaire.

Solutions

Un parc de jeux d’eau de base coûte entre 80 000 $ et 100 000 $, selon un document publié par le Conseil sport loisir de l’Estrie en 2014. À ce prix, aussi bien limiter la contamination dès sa conception. Comment ? Notamment en installant un gros réservoir d’eau, dont le volume est équivalent à au moins trois fois le débit de toutes les pompes. Aussi en plaçant les jeux dans un endroit où les débris sont rares, quitte à clôturer l’aire de jeux d’eau, et en installant un système de filtration, de chloration et de désinfection secondaire.

Une fois les jeux d’eau en service, la supervision de l’installation – pour favoriser la prise de douche avant d’aller jouer dans l’eau et le changement de couches loin des jets d’eau – est suggérée. Encore faut-il avoir des douches, des douches pour pieds et des salles de bains à disposition.

Réglementation au Québec

Seuls les « jeux d’eau directement reliés à un réseau d’aqueduc, sans recirculation d’eau et dont l’accumulation d’eau est inférieure à 5 cm » ne sont pas visés par le Règlement sur la qualité de l’eau des piscines et autres bassins artificiels du Québec. Dans tous les autres jeux d’eau, des analyses physico-chimiques et bactériologies de l’eau doivent être effectuées régulièrement, pour assurer leur salubrité.

À Montréal

Montréal compte plus de 130 parcs de jeux d’eau. « La grande majorité des jeux d’eau montréalais sont à eau continue », indique Jacques-Alain Lavallée, relationniste à la Ville de Montréal. Ils utilisent l’eau potable du système d’aqueduc, d’excellente qualité. Quelques jeux d’eau sont à eau récupérée, si bien que l’eau utilisée est recueillie dans une cuve souterraine pour un autre usage, notamment pour arroser les fleurs. C’est le cas des jeux d’eau du parc Sault-au-Récollet, dans Ahuntsic-Cartierville.

« On retrouve également quelques jeux d’eau à eau recirculée, qui sont essentiellement localisés dans des complexes aquatiques extérieurs », précise M. Lavallée. « Des analyses physico-chimiques sont effectuées sur place par les responsables des jeux d’eau, au moins une fois toutes les trois heures », assure-t-il.

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