Véhicules électriques

L’avenir de Tesla soulève des inquiétudes

Tesla fera-t-il faillite ? La Model 3 finira-t-elle par être produite au rythme promis ? Verra-t-on le fameux semi-remorque électrique un jour ? Ces questions soulèvent des inquiétudes quant à l’avenir du constructeur californien.

« Il y a de gros nuages au-dessus de Tesla en ce moment. L’erreur d’Elon Musk est d’avoir voulu attaquer trop de marchés différents en même temps, alors que la force de sa marque, c’est d’incarner le luxe automobile électrique », résume Carl Simard, gestionnaire de portefeuille et président du groupe d’investissement Medici, à Saint-Bruno, en banlieue de Montréal.

En plus des retards de production de la Model 3, la berline devant garantir la rentabilité de l’entreprise, le financement sera de plus en plus difficile à obtenir pour cette entreprise qui n’a généré des profits qu’une fois en 10 ans. Ajoutez à cela un marché où la concurrence promet d’être de plus en plus féroce, et ça s’annonce mal pour la société dirigée par Elon Musk.

« Ça va prendre des années avant que Tesla soit rentable. Ça ne se produira peut-être jamais. Ça rappelle ce qui s’est produit chez nous avec BlackBerry, qui a été une pionnière de la téléphonie mobile, avant de s’effondrer », avertit l’expert des marchés financiers.

« Si je désirais acheter une voiture en ce moment, j’attendrais un peu avant d’acheter une Tesla. »

— Carl Simard, gestionnaire de portefeuille et président du groupe d’investissement Medici

Éviter l’éparpillement

Dans l’industrie automobile, beaucoup doutent que Tesla puisse réaliser sa promesse d’atteindre la rentabilité à court terme. Déjà que la Model 3 tarde à être livrée comme promis, l’éventuelle mise en marché d’un camion électrique et l’ajout au catalogue de batteries et de bardeaux solaires venant du rachat de Solar City, en 2016, créent un éparpillement qui ne facilite pas les choses.

Il y a deux semaines, l’agence de notation Moody’s a décoté Tesla, qui devra payer plus cher ses prochains emprunts. Quelques jours après, la direction de Tesla a répliqué qu’elle avait l’argent nécessaire pour finir l’année. Un répit bienvenu, mais de courte durée pour une entreprise qui a besoin d’environ 1,5 milliard US en argent frais chaque année pour fonctionner.

Le spectre de la faillite n’effraie toutefois pas François Têtu, vice-président et gestionnaire de portefeuille pour RBC Gestion de patrimoine. « On va probablement voir une alliance entre Tesla et un grand constructeur avant que ça se produise », croit celui qui a demandé un remboursement sur sa propre mise de fonds de 1000 $US pour acquérir une Model 3. « Ça commence à être long et il y a plein d’autres nouveautés qui s’en viennent », dit-il.

En matière d’alliances, l’industrie automobile a une longue histoire, rappelle M. Têtu.

« C’est une industrie difficile pour ceux qui veulent tout faire tout seuls. Chez nous, on a Magna International qui a tous les composants pour fabriquer sa propre voiture électrique [et autonome], mais qui semble attendre le bon partenaire. Est-ce que ça pourrait être Tesla ? »

— François Têtu, vice-président et gestionnaire de portefeuille pour RBC Gestion de patrimoine

Magna ou pas, une éventuelle acquisition entraînerait des économies d’échelle qui amélioreraient sans doute la rentabilité de Tesla, concluent les experts, et permettrait de recentrer la marque sur un créneau à succès : l’automobile électrique de luxe. « La Ferrari électrique ! », illustre Carl Simard.

C’est une avenue qui n’est certainement pas étrangère à Musk non plus. Après tout, c’est grâce à une fortune en partie acquise grâce à la vente de son entreprise précédente, PayPal, au site d’enchères en ligne eBay qu’il a pu prendre les commandes du constructeur californien en 2004, un an après sa fondation par Martin Eberhard et Marc Tarpenning.

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