LE RÉVEIL DE LA FLORIDE

Une menace pour le Québec ?

Vanessa Racicot, directrice générale de la Chambre de commerce Québec-Floride, est occupée comme jamais ces temps-ci. La jeune femme vient de piloter la plus grosse mission commerciale de l’histoire de son organisme en Floride – et déjà, elle prépare la prochaine.

Parmi les 13 sociétés québécoises qui ont pris part au dernier voyage à Miami et Fort Lauderdale, on comptait plusieurs groupes axés sur les technologies de l’information, les énergies vertes ou encore la logistique. Tous des secteurs de pointe de l’économie québécoise, en somme.

« On perçoit un changement de mentalité, explique Vanessa Racicot. Maintenant, les gens comprennent plus qu’il y a des vraies affaires à brasser en Floride, que ce n’est pas seulement pour les snowbirds et l’investissement immobilier. »

ALLIÉ… ET CONCURRENT

La Floride reste sans contredit un partenaire commercial de premier plan pour les sociétés canadiennes. Les échanges bilatéraux totalisent bon an, mal an 8 milliards de dollars, et les 315 groupes canadiens implantés en Floride emploient plus de 43 000 personnes à travers l’État.

Tout en demeurant un allié indéniable, la Floride s’est aussi transformée en concurrente directe ces dernières années. L’État a accentué sa présence – et pas qu’un peu – dans plusieurs secteurs comme l’aéronautique, le jeu vidéo et les sciences de la vie, des piliers importants de Québec inc.

« Clairement, la Floride est considérée comme un concurrent pour le Québec, notamment en aérospatiale. Il y a définitivement une concurrence », reconnaît Daniel Silverman, directeur montréalais de l’organisme Enterprise Florida, qui vise à attirer des investissements étrangers en Floride.

« COOPÉTITION »

Malgré les atouts évidents de la Floride, comme un climat tropical et un régime fiscal des plus avantageux, Randy Berridge, président du Florida High Tech Corridor Council, ne croit pas que son État vise à faire une concurrence déloyale au Québec. Bien au contraire.

« J’ai rencontré un chef d’entreprise du Québec la semaine dernière, dit-il. Il n’était pas intéressé à déménager son entreprise ici, mais à prendre de l’expansion dans de nouveaux marchés. Nous avons parlé environ une demi-heure, je lui ai partagé des contacts. »

Randy Berrige note le néologisme « coopétition » pour décrire la relation entre le Québec et la Floride. « C’est la combinaison de deux mots : coopération et compétition. C’est ce qui s’applique ici. »

Même son de cloche chez Louise Léger, consul général du Canada à Miami. Elle rappelle que près de la moitié des échanges Canada-Floride sont « hautement intégrés », avec des industries similaires qui coopèrent des deux côtés de la frontière en vue d’assembler des produits finis.

« La relation commerciale Canada-Floride est unique en ce sens que nos entrepreneurs ne se limitent pas simplement à échanger des biens finis mais aussi à travailler et produire conjointement des produits. »

— Louise Léger, consul général du Canada à Miami

BATAILLE MONDIALE

Daniel Silverman, d’Enterprise Florida, souligne enfin que la concurrence est devenue féroce au moment d’attirer un investissement étranger, et pas seulement entre le Québec et la Floride. Tous les États et provinces – ou presque – se battent farouchement à grands coups de subventions et autres allègements fiscaux.

« C’est devenu très concurrentiel dans le marché, même avec des régions auxquelles on n’aurait pas pensé, dit-il. Certains projets peuvent regarder Miami, mais aussi Laval. »

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