Séries LNH

Les six travaux de Bergevin

1. Trouver des façons d’ajouter de l’attaque

Aucune équipe ayant participé aux séries n’a inscrit moins de buts par match que le Canadien en saison (2,61). On connaît le credo défensif de Marc Bergevin, mais le DG doit trouver le moyen d’injecter du talent brut et de l’efficacité autour du filet à sa formation. À l’interne, les options sont limitées. Nikita Scherbak est peut-être son espoir le plus doué, mais pourrait-il faire le saut dans la LNH à 19 ans ? Les Bulldogs de Hamilton n’ont guère été plus menaçants en attaque que l’équipe mère, et les Charles Hudon et Sven Andrighetto sont désavantagés par leur stature. Les candidats sur le marché des joueurs autonomes sont plutôt rares. L’ajout d’un Justin Williams ou d’un Joel Ward ne serait pas mal, mais le Canadien devra céder des actifs s’il souhaite mettre la main sur un attaquant plus prolifique. Mais comment ajouter un marqueur de 25 buts sans que l’on déshabille Paul pour habiller Jacques ? Le défi, il est là.

2. Le statu quo au centre ne peut plus durer

Cela fait quelques années que le ménage à trois impliquant Plekanec, Desharnais et Eller perdure. Il nous apparaît qu’il est allé au bout de ce qu’il pouvait offrir. À eux trois, ils n’ont cumulé que 11 points en 12 matchs de séries. Ni Plekanec ni Desharnais ne se sont vraiment imposés comme centre numéro un. Quant à Eller, même dans ses moments plus inspirés, lui confier un rôle offensif posait problème, car Desharnais ne se serait pas acquitté de ses tâches défensives de la même façon.

La meilleure solution à long terme serait peut-être de confier le poste de premier centre à Alex Galchenyuk et d’essayer d’échanger l’un des trois autres en retour d’un ailier à caractère offensif. Or, chacun d’eux a son problème de perception. Plekanec, qui en sera à la dernière année de son contrat, est efficace dans les deux sens de la patinoire, mais n’élève pas son jeu en séries. Le contrat de Desharnais ainsi que son gabarit réduisent considérablement le nombre d’équipes qui pourraient s’intéresser à lui. Et Eller, malgré le potentiel qu’on lui prête, est toujours en proie à de longs passages à vide.

3. Le prochain contrat de Galchenyuk

Alex Galchenyuk préférerait un contrat à long terme, mais il risque de devoir se contenter d’un contrat de transition de deux ans. Et il n’a pas les statistiques pour revendiquer le genre d’entente que Ryan Johansen a obtenu des Blue Jackets de Columbus. Galchenyuk peut bien dire qu’il n’a pas toujours été placé dans la meilleure position pour réussir, il reste que le fardeau de la preuve lui appartient. On en revient au sujet précédent : le scénario envoyant Galchenyuk au centre paraît alléchant sur papier, mais encore faudra-t-il qu’à sa quatrième saison, l’attaquant de 21 ans démontre la maturité et les habitudes de travail requises pour assumer un rôle aussi déterminant. On classe ce dossier parmi les travaux de Marc Bergevin, mais le défi se pose avant tout à Galchenyuk lui-même.

4. Conserver les services de Petry ?

Le prochain plafond salarial est pendu aux lèvres du dollar canadien. Les plus récents pronostics évoquent un plafond oscillant autour de 71 millions l’an prochain, ce qui laisserait à peine 12 millions à Bergevin pour négocier de nouvelles ententes avec Alex Galchenyuk, Nathan Beaulieu, peut-être Torrey Mitchell et… Jeff Petry. Les partisans ont apprécié le jeu de ce dernier et ils souhaitent le revoir. Or, son rendement n’a échappé à personne ! Petry pourrait devenir l’un des joueurs autonomes les plus prisés, mais le Tricolore n’a pas les moyens de lui soumettre la meilleure offre. Il faudrait qu’il ait beaucoup aimé son expérience à Montréal et qu’il croie vraiment aux chances du Canadien pour renoncer à une part du magot. À moins, bien sûr, que Bergevin ne sorte un lapin de son chapeau et trouve le moyen de se défaire d’un contrat plus contraignant. Ce ne serait pas la première fois ; il l’a fait avec Gorges, Moen et Bourque…

5. L’avenir de Michel Therrien

Dans une entreprise, les actions baissent lorsque, malgré les résultats précédents, on constate que le potentiel de croissance diminue. Alors que l’entraîneur-chef Therrien entame un nouveau contrat de trois ans assorti d’une année d’option, Bergevin doit évaluer quel est le potentiel de croissance de son équipe avec Therrien à la barre. L’exercice est toujours pertinent, mais en particulier lorsqu’un certain Mike Babcock magasine ses services. Bergevin aurait-il l’audace de courtiser le meilleur entraîneur de la LNH ?

Notre argent est plutôt sur le statu quo.

Avec une fiche de 125-64-23 en trois campagnes (,644) et 50 victoires cette saison, Therrien a les arguments pour rester en selle. Bien des amateurs lui reprochent un système défensif trop axé sur Carey Price. Mais il n’est pas impossible qu’il dirige en fonction des éléments qu’il a sous la main et qu’avec un arsenal plus offensif, ses décisions seraient différentes. Ça n’empêche pas qu’en ce qui concerne l’avantage numérique, Therrien et ses adjoints (dans ce cas-ci Daniel Lacroix) ont leur part de responsabilité.

6. Gérer le déclin de Markov

Après avoir enregistré sa troisième saison de 50 points ou plus, Andrei Markov a vu son rendement en séries prendre une tournure inquiétante. Sa mobilité n’est plus ce qu’elle était, mais surtout, ses prises de décision ont étrangement commencé à faire défaut. L’état-major doit espérer que c’est l’usure de la longue saison qui a fini par altérer son travail. Même si le printemps de Markov ne devait être qu’un accident de parcours, l’équipe vient de recevoir une sérieuse mise en garde. Bergevin doit renforcer ses effectifs à la ligne bleue de façon à réduire la charge de travail du défenseur de 36 ans. Le problème sera d’autant plus évident si le CH ne peut retenir les services de Jeff Petry. À terme, l’équipe devra désigner un joueur capable d’évoluer aux côtés de P.K. Subban et de jouer 24 ou 25 minutes par match. Un peu plus de poids et de portée ne feraient pas de tort non plus !

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