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ACHAT D’UN BATEAU : UNE MER D’ÉCUEILS À ÉVITER

L'achat d'un yacht ou d’un voilier représente la quintessence de la liberté. Toutefois, avant de passer du rêve à la réalité, voici les aspects financiers qu'il vous faudra considérer.

Devenir propriétaire d'un yacht, ou d’un voilier, n'est pas un long fleuve tranquille. Plus qu'une question d'argent, il faut être prêt à investir temps et énergie, tout en faisant preuve d'une grande patience… au risque de voir son rêve chavirer. « Je connais un couple de retraités qui s'est acheté un voilier neuf pour 400 000 $. Tout allait bien au départ. En haute mer, ça s'est gâté. À la première tempête, madame a eu peur. Plus jamais elle n'a voulu remettre les pieds à bord. Le bateau a perdu la moitié de sa valeur à la revente », se désole Patrice Audrain, lui aussi propriétaire d'un voilier.

UN INVESTISSEMENT PERSONNEL AVANT TOUT 

« C'est une passion qui demande un long apprentissage et beaucoup d'investissement personnel, reconnaît Marc Patenaude, membre du Club nautique de Longueuil. Les propriétaires doivent être débrouillards. Ils porteront le chapeau d'électricien, de météorologue, de mécanicien, de plombier et j'en passe. Si le bateau subit un bris mécanique en plein milieu du golfe Saint-Laurent, la CAA ne viendra pas à la rescousse. » Par contre, M. Patenaude insiste : quand la mer est belle, elle procure une sensation unique de liberté.

Un propriétaire devra également consacrer beaucoup de temps à l'entretien de son embarcation, selon Patrice Audrain. Le retraité estime débourser chaque année un minimum de 4000 $ pour son voilier de 38 pieds, acheté usagé. « J'apprends à tout faire moi-même pour éviter de faire exploser les coûts », dit-il. Quant à Marc Patenaude, toujours sur le marché du travail, il investit annuellement 10 000 $ – sans compter l'hypothèque maritime – pour maintenir à flot son voilier de 44 pieds.

L'ACHAT, L'ÉVALUATION ET LES ASSURANCES 

Neuf ou usagé, faites votre choix. Dans le merveilleux monde des yachts, le prix n'a d'égal que la fantaisie du client. Un voilier qui sort du fabricant peut valoir autant qu'une maison unifamiliale et peut atteindre des sommes astronomiques. Acheter neuf vous dispensera de faire trop de réparations dans les premiers temps, quoiqu'il soit recommandé de roder votre bateau avant de vous lancer dans une longue traversée. Pour quelques dizaines de milliers de dollars, vous pouvez acquérir une embarcation usagée en conservant à l'esprit que des pièces devront être remplacées.

Pour une transaction entre particuliers, les bailleurs de fonds exigent que le bateau fasse l'objet d'une évaluation à terre – appelée survey – auprès d'un inspecteur maritime reconnu par votre assureur. Prévoyez environ 500 $. L'examen complet de l'embarcation sera refait généralement aux cinq ans pour se conformer aux exigences de la compagnie d'assurances.

Un sinistre ou un simple accrochage pouvant survenir à tout moment, l'ensemble des clubs nautiques et des marinas exige des propriétaires que leur yacht soit assuré. Il faut compter approximativement 100 $ de frais d'assurance par tranche de valeur de 10 000 $. Les embarcations plus petites – 26 pieds et moins – peuvent être couvertes par certaines polices d’assurance habitation en ajoutant un avenant.

ABORDER LE BON QUAI

Le quaiage et l'hivernage constituent des dépenses fixes faciles à prévoir à son budget. Un propriétaire doit amarrer son yacht dans un port de plaisance. Les frais de quai et d'entreposage hivernal sont fixés selon la longueur de l'embarcation, mais varient beaucoup d'une destination à l'autre. À l'heure actuelle, Patrice Audrain débourse 2000 $ annuellement pour amarrer son voilier à la marina de Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix en Montérégie. La facture doublerait s'il décidait de passer l'année à la marina du port de Québec, par exemple. Les ports de plaisance appliquent la même tarification aux bateaux qui font escale.

Devenir membre d'un club nautique comporte certains avantages, comme de payer moins cher pour le quaiage et bénéficier d'ententes de réciprocité avec d'autres regroupements, fait valoir Marc Patenaude. « En contrepartie, il faut consacrer du temps à l'association et donner un coup de pouce. » Envie d'une escapade sans casser votre tirelire ? Le droit maritime stipule que les cours d'eau appartiennent à la Couronne. Par conséquent, vous avez le droit de jeter l'ancre là où bon vous semble, à condition de pouvoir la lever au besoin. Ceci étant dit, il faudra avoir à votre disposition un zodiac pour vous rendre sur les berges. N'oubliez pas de demander poliment le droit de passage aux riverains.

L'ENTRETIEN 

L'entretien représente le poste budgétaire le plus important du yacht, mais aussi le plus imprévisible. Nul ne sait quand la coque touchera le fond ou encore quand la tempête endommagera un appareil. Premier constat : le coût des pièces suit une courbe exponentielle selon le volume de l'embarcation.

« Il y a toujours quelque chose à arranger sur un voilier et la facture s'élève souvent à quelques milliers de dollars. Contrairement aux automobiles, le mode de fabrication des yachts n’est pas standard, explique Marc Patenaude. Les pièces coûtent très cher et la main-d'œuvre est très spécialisée. On ne peut pas tout simplement acheter un nouveau cordage à la quincaillerie du coin. » Patrice Audrain peut compter sur ses habiletés manuelles pour faire diminuer ses coûts d'entretien. « Il y a deux ans, j'ai voulu changer le moteur. L'estimation chiffrait à 14 000 $ le prix d'un moteur neuf et à 8000 $ la main-d'œuvre. » Il s'est retroussé les manches et il l'a reconstruit lui-même. Coût de l'opération : 3000 $. « Ç’a été long, mais au moins je connais le moteur ! »

LA LOCATION 

« Avant de vous lancer dans une aventure aussi onéreuse que l'achat d'un yacht, prévoyez plusieurs sorties en mer, histoire de vérifier si votre tendre moitié et vous-même avez le pied marin, encourage Patrice Audrain. Si des gens songent à devenir propriétaires, ils devraient traîner sur les quais, poser des questions aux capitaines et naviguer aussi souvent que possible. » Une croisière sur un charter dans le Sud peut être une excellente façon de s'initier, suggère Marc Patenaude. « La location d'un bateau avec équipage permet de profiter de la mer sans avoir les responsabilités. »

Envie de voir si vous avez le pied marin ? Vous pouvez organiser une sortie sur l’embarcation de Marc Patenaude, le voilier Évasion : envoilier.ca Ou sur le voilier Pegasus de Patrice Audrain : facebook.com/VoilierPegasus/

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