100 idées pour améliorer le Québec Aider les familles

Familles différentes, mêmes enjeux !

Je ne me suis jamais arrêté pour réaliser que je pouvais prononcer ces mots qui me décrivent et qui décrivent ma famille, mais voici : je suis un père de famille homoparentale, divorcé et vivant en famille reconstituée ! C’est pas mal, non ?

Avec mon précédent conjoint, nous avons été mariés et avons adopté notre fille, Marysole. Après notre divorce, j’ai rencontré un autre homme, Mike, avec qui j’ai refait ma vie et avec qui je compte me marier à nouveau. Ma situation est donc assez semblable à celle des familles hétérosexuelles que je côtoie : mariage, enfant(s), divorce, second mariage…

Je connais les mêmes réalités que la majorité des familles québécoises. Je ne suis aucunement un homosexuel militant, prétendant être différent des autres, différent des autres familles.

Mes enjeux sont les mêmes que ceux de tous : voir Marysole heureuse, la voir épanouie et se réaliser à l’école malgré un diagnostic de dyslexie, de dysorthographie et de déficit d’attention, lui offrir le meilleur, et concilier mon travail et ma famille (reconstituée). Un autre enjeu me tient parfois aussi éveillé la nuit : les réseaux sociaux et la cyberintimidation.

En tant que famille, je nous considère comme étant privilégiés : d’excellents emplois, de très bons revenus et habitant un quartier de Montréal très familial où il fait bon vivre. Malgré cela, même dans le quartier où je vis, dans l’école que fréquente ma fille, je réalise que de la sensibilisation auprès de la direction de l’école et des enseignants serait bénéfique.

Lorsque l’enseignante de ma fille lui a demandé de faire « une carte pour la fête des Mères même si elle a deux pères », ça m’a semblé plutôt ridicule ! 

Si j’étais le ministre de la Famille, j’investirais davantage dans la sensibilisation à l’égard du personnel des écoles et même de la population en général quant aux différents types de familles. Qu’elles soient hétéroparentales, homoparentales ou monoparentales, elles n’ont qu’un seul but : offrir le meilleur à leurs enfants ! La flexibilité et « l’agilité », pour employer des termes à la mode, sont de mise et s’appliquent à toute la société québécoise. Nous devons tous nous adapter à de nouvelles réalités parmi lesquelles, dans le cas des écoles, les nouvelles familles, et réaliser que l’approche ne peut plus être la même pour tous.

Je ne peux passer sous silence la représentativité des différents types de familles dans les manuels scolaires. Le Québec et le Canada se veulent accueillants, ouverts sur la diversité et à l’avant-garde. Dans ce cas, pourquoi ne pas montrer plus de diversité dans les différents manuels scolaires ?

Conciliation travail-famille

La conciliation travail-famille est un autre enjeu qui me préoccupe. J’ai la chance de travailler pour un employeur qui m’offre de la flexibilité pour assumer mon rôle de père, mais cela est-il offert à tous ? Et plus encore : nous vivons dans une culture de performance dans laquelle le succès ne se mesure malheureusement pas au nombre d’heures passées à accompagner nos enfants lors de sorties scolaires ni au nombre de minutes passées à assister aux activités parascolaires. Si j’étais le ministre de la Famille, je revaloriserais le temps de qualité accordé aux enfants par leurs parents, par exemple en permettant à plus d’employeurs d’offrir des mesures de conciliation travail-famille.

Comme pour bon nombre de familles composant avec un enfant faisant preuve de difficultés scolaires, je vis quotidiennement les enjeux du manque de ressources au sein de l’école de ma fille : orthopédagogues qualifiés et spécialistes de toutes sortes.

Le Québec veut être une société d’innovation et former les meilleurs talents ? Il devrait se donner les moyens d’offrir la réussite à tous les enfants.

Je suis suffisamment privilégié pour offrir à Marysole des services au privé. Qu’en est-il des autres familles, qu’elles soient hétéroparentales, homoparentales ou monoparentales, qui ne peuvent offrir à leurs enfants le « luxe » de la réussite scolaire ? Si j’étais ministre de la Famille, je m’assurerais d’investir dans l’embauche de spécialistes qualifiés qui tireraient nos enfants vers le haut plutôt que de niveler par le bas.

Cyberintimidation et réseaux sociaux

Enfin, si j’étais ministre de la Famille, je créerais un cours pour les élèves du primaire portant sur les réseaux sociaux et la cyberintimidation. Il faut se résoudre au fait qu’une partie de la vie de nos enfants se déroule en ligne, mais que malgré l’ampleur de cette réalité virtuelle, il ne faut pas oublier le monde réel. S’assurer du développement des aptitudes sociales et interpersonnelles des enfants est primordial !

La conscientisation des enfants quant aux dangers potentiels des réseaux sociaux est importante. Bon nombre d’entreprises développent des formations pour leurs employés quant aux risques de cyberattaque ; les prédateurs en ligne, qu’ils menacent entreprises, enfants ou aînés, affinent de plus en plus leurs techniques, et c’est pourquoi il faut s’assurer que les enfants, dès le primaire, soient conscientisés de leur environnement réel et virtuel, non pas pour leur faire peur, mais afin de les outiller sur les moyens de reconnaître un danger potentiel et sur des solutions à adopter.

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