Montréal, 375 ans d’histoire

Montréal capitule

Lorsque, le mardi 18 septembre 1759, Québec capitule officiellement devant l’armée britannique, le sort de Montréal en est jeté. Moins d’un an plus tard, le 8 septembre 1760, ses défenseurs français poseront à leur tour les armes.

C’est que la prise de Québec est le premier pas – victorieux – d’un plan d’invasion sur trois fronts de la Nouvelle-France par les troupes britanniques. Ce conflit, qu’on appelle souvent guerre de la Conquête, constitue l’appendice nord-américain de la guerre de Sept Ans opposant principalement les royaumes de France et de Grande-Bretagne tant en Europe qu’ailleurs sur le globe.

À la fin des années 1750, la « perfide Albion » est plutôt bien organisée pour prendre en pince l’ennemi français en Nouvelle-France. Les Britanniques contrôlent en effet tout le territoire autour de la baie d’Hudson, la côte de la Nouvelle-Angleterre, Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse, Louisbourg étant tombé en 1758.

À cette époque, et surtout parce que Montréal est une île, la maîtrise des cours d’eau est essentielle à la capture des lieux. De fait, l’attaque britannique se déploiera à partir de Québec – en remontant le Saint-Laurent –, du lac Ontario et de la rivière Richelieu.

Rusés, les Britanniques auraient envoyé un espion à Montréal pour faire la reconnaissance de la ville fortifiée. Un document d’archives de la Ville de Montréal, le spy plan ou spy map, en témoigne.

« Il est appelé “spy map” dans la mesure où il serait basé sur les observations d’un officier anglais espion, présent à Montréal entre 1756 et 1758 », lit-on dans les explications du service des archives de la Ville de Montréal.

L’historien Martin Landry raconte de son côté les manœuvres d’invasion. « Les troupes d’Amherst remontent la rivière Mohawk (un affluent de l’Hudson) jusqu’à Oswego et empruntent le lac Ontario pour se rendre à Montréal. Celles de Murray conduisent une flotte de guerre à partir de Québec. Mené par le colonel William Haviland, un dernier groupe armé descend le Richelieu pour se rallier aux deux autres. Le cheminement de cette dernière expédition est plus ardu que les autres, entre autres à cause de l’opposition des forts richelains. »

Tout autour de l’île, les soldats prennent position.

« Le sud-ouest de l’île est occupé (vis-à-vis de l’île des Sœurs), la rive sud (Longueuil) l’est aussi et la pointe est (Pointe-aux-Trembles) sert d’avant-port, écrit Martin Landry. Montréal est alors pris dans un étau. »

Coupée du monde, la colonie s’enlise. Le ravitaillement fait défaut. Les vivres et munitions sont de plus en plus rares. Et les quelque 3500 soldats et miliciens ne font pas le poids face aux quelque 18 000 militaires britanniques les encerclant.

55 ARTICLES

Face à la situation, Pierre Rigaud de Vaudreuil, gouverneur général de la Nouvelle-France, doit se résigner à capituler. Il rédige une proposition qu’il présente à ses officiers le 6 septembre. Celle-ci est remise le lendemain au général Jeffrey Amherst, commandant en chef des forces britanniques en Amérique du Nord. Amherst annote le document dans sa marge, acceptant certains articles, en refusant d’autres ou ajoutant des détails. La reddition est signée le 8 septembre. Certains officiers, menés par le chevalier François Gaston de Lévis, commandant des Français, souhaitent poursuivre la lutte. Ils sont notamment choqués de constater qu’Amherst leur refuse les honneurs de la guerre. Mais Vaudreuil reste ferme et la capitulation devient fait.

Les 55 articles du document (dont 5 ont été ajoutés en post-scriptum) rédigés en français et en anglais touchent à tous les aspects de la vie de la colonie, allant du droit de retour en France de certains colons à l’exercice de la religion catholique en passant par la disposition des archives de la Nouvelle-France ou encore l’usage du droit civil selon la coutume de Paris. Par cette capitulation, toute la colonie passe sous le régime militaire britannique. Mais ce ne sera qu’en 1763, avec le traité de Paris, que la conquête du Canada par l’Empire britannique sera officialisée, la France préférant conserver ses possessions antillaises et ses droits de pêche dans l’Atlantique, notamment en conservant les îles Saint-Pierre et Miquelon. À partir de là, la Nouvelle-France aura vécu.

Rectificatif

QUIZ SUR L’ARCHITECTURE

Dimanche dernier, notre quiz sur l’architecture comprenait une information erronée. L’agence qui a signé les plans de la bibliothèque Marc-Favreau est Dan Hanganu architectes et non Dinu Bumbaru, comme nous l’avions écrit. Nos excuses.

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