Des milliards d’Ottawa pour les garderies

Le fédéral s’entend avec les provinces, sauf le Québec. Celui-ci touchera tout de même sa part du gâteau.

OTTAWA — Le gouvernement Trudeau et l’ensemble des provinces, sauf le Québec, sont parvenus à un accord historique qui jettera les premières fondations d’un réseau national de garderies. 

En vertu de cet accord, qui sera confirmé aujourd’hui à Ottawa par le ministre fédéral de la Famille, des Enfants et du Développement social, Jean-Yves Duclos, le gouvernement Trudeau injectera quelque 7,5 milliards au cours des 11 prochaines années dans « le développement de services éducatifs de garde abordables, de qualité, souples et inclusifs ».

M. Duclos confirmera cet accord multilatéral au terme d’une rencontre avec ses homologues provinciaux, selon des informations obtenues par La Presse. Le Québec, qui compte un réseau de garderies depuis 20 ans, sera représenté par un haut fonctionnaire et ne signera pas l’entente. Mais le gouvernement Trudeau, conscient que le réseau québécois est un modèle à suivre dans le reste du pays, compte verser au Québec la juste part qui lui revient des investissements fédéraux. Les montants transférés seront d’au moins 88 millions par année durant les trois prochaines années.

La Colombie-Britannique n’aura pas non plus de ministre présent à la rencontre fédérale-provinciale, étant donné que le gouvernement minoritaire de Christy Clark risque d’être défait à la première occasion lors de la reprise des travaux parlementaires d’ici deux semaines, et qu’un nouveau gouvernement dirigé par le NPD et soutenu par le Parti vert devrait prendre le pouvoir par la suite.

LE QUÉBEC COMME MODÈLE

« C’est la première fois que le gouvernement fédéral réussit à signer une entente multilatérale de la sorte. Nous nous sommes entendus sur les grands principes de base. Ensuite, nous allons signer une entente bilatérale avec chaque province pour le financement. Nous allons être très flexibles, parce que les provinces et les territoires ne sont pas rendus au même niveau », a indiqué à La Presse une source gouvernementale.

« Évidemment, nous allons conclure une entente bilatérale aussi avec le Québec afin de lui verser l’argent qui lui revient. Le Québec, c’est le modèle à suivre au Canada. Donc, avec le Québec, ce sera une entente très, très souple. C’est le gouvernement du Québec qui va décider où va l’argent. »

— Une source gouvernementale

Compte tenu de l’avance que détient le Québec dans ce domaine, le gouvernement fédéral souhaiterait que la province partage les données qu’elle détient sur son programme avec les autres provinces, notamment l’âge moyen des enfants, la somme que paie en moyenne une famille, la différence des coûts entre les centres urbains et les régions rurales, entre autres choses. Récemment, le gouvernement de l’Ontario a annoncé des investissements majeurs dans les services de garderie. « Le genre de données que détient le Québec, l’Ontario aimerait bien y avoir accès alors que la province commence à investir massivement dans ce programme », a-t-on fait valoir.

Dans un récent discours à Montréal devant l’Association québécoise des centres de la petite enfance, le ministre Jean-Yves Duclos avait souligné à grands traits le modèle québécois, d’autant plus que ses trois enfants ont fréquenté un centre de la petite enfance dans la région de Québec.

« Partout où je voyage au Canada, on me parle du Québec comme un exemple de leadership pour le reste du pays », avait notamment affirmé M. Duclos, soulignant que 232 000 enfants fréquentent une garderie réglementée au Québec, où les coûts moyens pour les familles sont les plus faibles au Canada. « Nous devons à la Saskatchewan un système universel de santé. Un jour, chaque enfant canadien aura accès à des services de garde de qualité abordables, souples et inclusifs, grâce au leadership et à l’exemple du Québec », avait-il aussi déclaré.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.