Des analyses surprenantes
L’air de la maison est-il propre ? La question n’est pas farfelue : l’air extérieur était de bonne qualité à peine une journée sur cinq à Montréal en 2015, selon les analyses de la Ville. En banlieue, la situation semble sensiblement meilleure, bien que les données soient moins nombreuses.
Utilisation grandissante de l’automobile en ville, chauffage au bois, rejets industriels… Les causes et les effets de la pollution atmosphérique, classifiée comme cancérigène par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sont connus.
Ce qui l’est moins, c’est comment la pollution nous affecte dans notre quotidien. Est-ce que la bouffée d’air frais que vous faites entrer dans votre maison contient des polluants nocifs ? L’air que respire votre enfant à son école située près d’une route hautement fréquentée est-il propre ?
Pour nous permettre de « voir » l’air que nous respirons, des entreprises commencent à mettre en marché des détecteurs capables d’en analyser la qualité. Connectés à l’internet et à votre tablette ou à votre téléphone intelligent, ces détecteurs analysent en temps réel la quantité de particules fines et vous avertissent quand la qualité de l’air pose problème. Il est ainsi possible de suivre, d’heure en heure et de jour en jour, les changements dans la qualité de l’air d’une pièce.
Nous avons testé trois de ces appareils : Speck Sensor et Awair, qui proviennent d’entreprises installées aux États-Unis, et Air Air !, produit par une firme de Singapour. Tous les appareils ont été commandés sur l’internet.
Ces capteurs sont en plein essor et plusieurs autres entreprises (Cubesensors, Birdi et TZOA, cette dernière étant installée à Vancouver) n’avaient pas d’unités à nous fournir pour notre test, mais promettaient de commencer à vendre leurs produits cette année.
Dans notre test, nous avons été surpris de voir à quel point la qualité de l’air pouvait fluctuer dans une même pièce au cours d’une journée. Par exemple, faire cuire du poisson dans la poêle provoquait une hausse des niveaux de particules fines dans la cuisine et la salle à manger attenante, et ce, même si nous utilisions la hotte. L’air peut aussi rester de mauvaise qualité pendant des heures suivant la fin du repas.
Aussi, le niveau de particules fines grimpait dans une chambre d’enfant si l’on omettait de passer l’aspirateur ou de changer les draps et de secouer la couette à l’extérieur une fois ou deux par semaine. Petit à petit, le détecteur est devenu notre repère pour nous indiquer que le temps était venu de passer l’aspirateur, suivi d’une vadrouille, essentielle pour neutraliser les particules fines. Ces dernières peuvent déclencher des crises d’asthme. À long terme, elles peuvent aussi causer des maladies respiratoires chroniques et nuire à la qualité de vie.
En plus de mesurer les particules fines, l’un des appareils testés, fabriqué par l’entreprise Awair, de San Francisco, indique aussi la température, le niveau d’humidité, la concentration de CO et la concentration de composés organiques volatils (COV) dans l’air.
Nous avons été surpris de voir à quel point la concentration de CO grimpait rapidement dans les chambres à coucher durant l’hiver, quand les fenêtres sont fermées.
Lorsque la porte de la chambre était fermée ou presque fermée, le niveau de CO dans la pièce dépassait vite les 1000 parties par million (ppm) durant la nuit. Lorsqu’on laissait la porte grande ouverte, le taux de CO était coupé de moitié.
L’impact d’une forte concentration de CO sur la santé est encore mal connu, mais une analyse menée en 2015 par l’Université Harvard a révélé que les concentrations de CO de 1000 ppm et plus réduisaient les temps de réponse durant des tests, nuisait à la prise de décision et augmentait le sentiment de fatigue.
L’entreprise Awair veut aussi que son dispositif puisse communiquer avec d’autres appareils de la maison (humidificateur, thermostat, ventilateur) de manière à créer un écosystème capable d’identifier un problème et de le régler de manière autonome.
Les trois appareils testés affichent leurs résultats sur une tablette ou sur un téléphone intelligent. Deux vous demandent de vous inscrire sur le Net et envoient les données dans le « nuage ». Résultat : vous pouvez suivre l’évolution de la qualité de l’air de votre maison peu importe où vous vous trouvez. Un des détecteurs, Speck Sensor, ajoute aussi des informations sur la qualité de l’air extérieur de votre ville.
Des trois appareils testés, seul Air Air !, un petit détecteur qui a la forme d’un œuf, était muni d’une pile et n’avait donc pas à être branché pour fonctionner. Cela peut être un avantage : nous avons pu le placer pour une journée sur une tablette à la garderie, pour y analyser la qualité de l’air.
Il est à noter qu’aucun appareil testé ne détecte la présence de moisissures ou encore celle de l’amiante ou de contamination à la peinture au plomb. Il est recommandé de faire affaire avec une firme spécialisée si vous suspectez un de ces problèmes.