Consommation

Tir groupé contre la publicité destinée aux enfants

Une coalition nationale qui veut interdire la publicité d’aliments et de boissons destinée aux enfants a été lancée hier, sous l’aile de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC.

« Les enfants sont très vulnérables à la publicité, car ils ne peuvent pas distinguer les bons aliments des moins bons », indique Francine Forget-Marin, directrice affaires santé et recherche à la Fondation.

Au Canada, 90 % des aliments présentés à la télévision auprès des enfants et des jeunes ont une faible valeur nutritive, estime le groupe qui s’attaque autant à la publicité télévisée qu’aux commandites, placements de logo ou autres procédés publicitaires plus ou moins subtils. Même les emballages des produits sont dans la ligne de mire de cette nouvelle Coalition Arrêtons la pub destinée aux enfants (CAPE). Actuellement, cette disposition échappe à la loi québécoise, la seule province canadienne qui interdit la publicité faite aux enfants.

« Le Québec a la meilleure loi du monde, mais elle date de 1980. Et depuis, la publicité a évolué. On voit maintenant des marques intégrées aux jeux vidéo ou de la publicité qui se faufile à travers les médias sociaux. »

— Francine Forget-Marin, directrice affaires santé et recherche à la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC

Une nouvelle loi fédérale pourrait venir bonifier celle qui existe au Québec, estime par ailleurs Corinne Voyer, directrice de la Coalition québécoise sur la problématique du poids (Coalition Poids), qui s’intéresse à la question de la publicité faite aux enfants depuis longtemps. L’organisme québécois fait partie des groupes qui appuient la CAPE. Bien que la publicité destinée aux enfants de moins de 13 ans soit interdite au Québec, la Coalition Poids fait une dizaine de plaintes par année à l’Office de la protection du consommateur.

« Il y a peu de problèmes de publicité à la télévision, précise Corinne Voyer. C’est plutôt une nouvelle forme de publicité qui envahit les espaces familiaux. Les fabricants de boissons sucrées investissent ces lieux où la ligne est moins définie, mais les mauvaises pratiques sont évidentes. » 

Le but de la CAPE est d’abord de dénoncer le problème. « Parfois, on ne s’en rend même plus compte », dit Corinne Voyer. Puis, d’obtenir une loi encadrant les pratiques de la publicité destinée aux enfants, tel que le Parti libéral l’avait promis en campagne électorale, rappelle le groupe.

La CAPE, tout comme la Coalition Poids, veut mettre fin à l’ère de l’autoréglementation au Canada, où règnent les mesures définies et gérées par l’industrie alimentaire elle-même. « On remarque que l’industrie adopte des codes volontaires plus mous, note Corinne Voyer. Et en plus, elle ne les respecte pas. Coca-Cola a plaidé coupable l’année dernière à une accusation de publicité destinée à des enfants avec sa Zone Fanta à La Ronde. » L'entreprise, rappelle Mme Voyer, fait pourtant partie des membres d’une initiative canadienne s’étant engagés à ne pas faire de publicité aux jeunes âgés de moins de 12 ans.

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