Ils en rêvaient depuis des années. Avec le 50 km individuel, le relais est l’épreuve phare du ski de fond, la mesure étalon de la santé d’un programme.
À peine Len Valjas a-t-il franchi la ligne d’arrivée qu’Alex Harvey, Devon Kershaw et Knute Johnsgaard ont fondu sur lui. Les quatre hommes venaient de mener le Canada à la troisième place du relais 4 x 7,5 km de la Coupe du monde d’Ulricehamn, en Suède, hier. Avec les entraîneurs et les techniciens en larmes, ils ont fêté comme une victoire ce premier podium de l’histoire du ski de fond canadien dans un relais masculin.
« J’arrivais tellement vite, ils m’ont juste attrapé et stoppé net », a raconté au téléphone le Torontois Valjas, gagnant d’un sprint par équipes avec Harvey une semaine plus tôt en Italie.
« C’était fantastique. C’est le plus beau feeling que j’ai jamais vécu en ski de fond. »
— Len Valjas
Gagnant du 15 km individuel la veille, Harvey est monté sur le podium pour la troisième course consécutive, du jamais-vu pour un fondeur canadien. Cette troisième place inattendue lui a fait au moins autant plaisir que ses deux victoires précédentes.
« C’est probablement la course où on a vécu le plus d’émotions, a confié le skieur de l’heure sur la scène internationale. Personnellement, j’ai juste contribué à 25 % de la course, mais la joie que ça peut procurer à tout le monde est incomparable. »
Après des années à mordre la poussière – cinquièmes aux Mondiaux 2009, aux Jeux olympiques de Vancouver et à la Coupe du monde de Gällivare en 2012 –, les Canadiens ont enfin atteint la cible, terminant à une demi-seconde de la Norvège et tout juste derrière la Suède, double championne olympique.
« Nos deux derniers skieurs [Johnsgaard et Valjas] ont vraiment élevé leur niveau aujourd’hui, comme les pays scandinaves savent si bien le faire pour les journées de relais, a souligné Harvey. Pour une fois, on a été capables de le faire aussi. »
Et maintenant ?
En cette ère d’austérité à Ski de fond Canada, ce podium au relais représente une formidable carte de visite quand viendra le temps de s’asseoir avec les organismes subventionnaires comme À nous le podium avant les Jeux de PyeongChang. Jusque-là, presque tout reposait sur les épaules d’Alex Harvey, l’homme aux 21 podiums en Coupe du monde. « On est en train de démontrer qu’on a un bon programme polyvalent, qu’on a des chances de médailles multiples, a relevé Louis Bouchard. Ça va aider tout le monde, de l’élite au développement. » Le plaisir est aussi au rendez-vous, a noté l’entraîneur national, dont le mot d’ordre d’ici aux JO est de « garder les choses simples ». Prochain défi : confirmer le potentiel du relais dans un mois aux Mondiaux de Lahti.