Pénurie de main-d’œuvre

Près de 55 millions pour l’intégration des immigrants au travail

D’ici à 2021, le gouvernement Legault investira des millions de dollars pour aider les entreprises à recruter. Les dernières mesures annoncées, hier, par son ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale visent l’immigration. Remboursements de missions, bonifications de crédits d’impôt… On promet 54,8 millions pour faciliter le recrutement et l’intégration des immigrants au travail. 

Cette enveloppe sera destinée à rembourser entre autres des frais encourus pour des missions de recrutement à l’étranger (environ 50 %) et pour le déménagement de travailleurs recrutés (jusqu’à 1000 $). Des millions seront aussi consacrés à bonifier le Programme d’aide à l’intégration des immigrants et des minorités visibles (PRIIME) et le Programme d’intégration en emploi de personnes formées à l’étranger référées par un ordre professionnel, grâce à des crédits d’impôt haussés notamment (de 50 % à 70 %).

Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, souhaite que de telles mesures, dévoilées dans le cadre de l’étape « Intégration » de son plan d’action de la main-d’œuvre, aident au moins 2000 entreprises dans leur recrutement à l’international au cours des deux prochaines années. « Les immigrants et les travailleurs étrangers temporaires représentent 20 % de nos besoins en main-d’œuvre ces 10 prochaines années », note-t-il. 

Ces mesures sont notamment l’aboutissement de rencontres avec divers organismes, associations et entrepreneurs partout dans la province.

« Partout, systématiquement, on m’aborde sur la pénurie de main-d’œuvre. Il y a une ouverture d’aller à l’international, mais beaucoup n’en ont pas les moyens. Certains font leur propre recherche, mais ont besoin d’incitatifs. »

— Jean Boulet, ministre du Travail 

Ceux-ci arrivent alors qu’il y a 116 000 postes à pourvoir au Québec. « Et la durée des vacances est de plus en plus longue, note Yves-Thomas Dorval, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec (CPQ). La pénurie de main-d’œuvre est la première préoccupation des entreprises. Énormément de travailleurs vont quitter pour la retraite dans les neuf prochaines années. » 

« C’est de loin la plus grande priorité, ajoute Véronique Proulx, PDG de Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ). Il y a un sentiment d’urgence. Quand les entreprises n’ont pas assez de gens, ça cause un retard dans les livraisons et elles perdent des contacts. » 

Une « bonne nouvelle »

MEQ, comme le CPQ, salue les mesures annoncées. « C’est une bonne nouvelle, car ce sont des gestes concrets, dit Véronique Proulx. On voit que le ministre Boulet comprend très bien qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre et l’impact que ça a sur la compétitivité. Il est à l’écoute du secteur. » 

« La seule faiblesse qu’on note est qu’il n’y a pas de subvention accordée pour les frais des entreprises qui font affaire avec des agences de recrutement », dit Yves-Thomas Dorval. 

On rappelle que ce plan d’action pour la main-d’œuvre touche également l’intégration des personnes handicapées, des autochtones et des gens actuellement dans le système d’éducation. L’idée est d’abord de contrer un enjeu de société et économique, aux yeux du CPQ. 

« Ce n’est pas de l’aide à des individus, examine Yves-Thomas Dorval. L’idée est que le Québec puisse compter sur une population suffisante pour ses besoins en matière d’emploi. L’immigration n’est pas un cadeau. Elle vise à répondre à des besoins démographiques et économiques. En additionnant tous ces gens [personnes handicapées, autochtones, étudiants…], on a encore des écarts à combler. »

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