Télévision participative 

Une émission née sur un cellulaire

Réseau : V
Titre de l’émission : En mode Salvail
Nombre de fans sur Facebook : 257 000
Nombre d’abonnés sur Twitter : 27 300

Quand Éric Salvail et son équipe se sont assis il y a bientôt cinq ans pour trouver le nom de leur émission, tout y est passé. « Ça a failli s’appeler Coin Salvail-Sainte-Catherine », raconte l’animateur en rigolant. Puis, alors qu’ils n’arrivaient pas à trouver le bon titre, un cellulaire a sonné. « On a dit “mets-toi en mode avion” et là, on a pensé : mode avion, mode Salvail… En mode Salvail ! »

En ondes depuis l’automne 2013, l’émission de fin de soirée à V est donc littéralement née sur un cellulaire, un des nombreux écrans avec lesquels la télévision traditionnelle se bat désormais pour attirer l’attention des téléspectateurs.

« Avant, on faisait du contenu télévisuel, on mettait une émission en ondes et on essayait sur le web de se rattraper et de faire du bruit pour faire grandir la marque. Aujourd’hui, il faut prévoir d’autres contenus autour de notre émission pour la faire rayonner. On a besoin de taper plus fort sur le chaudron pour se démarquer », explique Jacques Mathieu, directeur général au contenu et au développement à Groupe V Média.

Quand André Ducharme a commencé à tweeter pendant les premières diffusions d’Un souper presque parfait, V faisait ses premiers pas en télé participative. Or, avec Salvail, on ne se contente plus de jaser avec le public, nous a-t-on expliqué lors d’une table ronde organisée aux bureaux de Salvail & Co, rue Sainte-Catherine, en plein cœur du Quartier des spectacles.

« La télévision 2.0 comme nous la faisons, c’est bien plus qu’un hashtag. C’est une interaction avec le public. Aujourd’hui, on utilise les gens qui sont à l’écoute. On veut qu’ils participent à notre émission dans un “show dont vous êtes le héros”. »

— Éric Salvail

Pour se rendre aux téléspectateurs, qu’ils écoutent l’émission en direct ou non, la plateforme de choix est désormais sans aucun doute Facebook.

« Environ 80 % des gens regardent la télévision avec un appareil numérique. Ils sont vraiment heureux de pouvoir participer à l’émission. Chaque fois qu’on leur en donne l’occasion, nos publications atteignent environ 3000 likes, et ce sont des likes de qualité qui nous aident [à augmenter notre visibilité] dans l’algorithme de Facebook », explique Véronique Desormeau, stratège numérique chez Salvail & Co.

Le succès des « Facebook Battles »

Si les téléspectateurs aiment être interpellés par leurs animateurs, il ne faut pas croire qu’ils sont là pour proposer du contenu assez bon pour être présenté en ondes.

« Quand on demande aux gens de nous raconter une bonne blague, par exemple, ça marche moins. On voyait ça beaucoup il y a quelques années, des émissions qui voulaient profiter du fait d’être en direct pour recevoir du contenu des téléspectateurs. On s’est rendu compte que demander aux gens qui écoutent la télé de devenir des gens qui font de la télé, ça ne marche pas », raconte Daniel Vigneault, réalisateur de l’émission. « Générer du contenu n’est pas leur job. Il faut les faire réagir au contenu », ajoute Éric Salvail.

Récemment, lorsqu’il a reçu l’animatrice Véronique Cloutier à son émission, il a organisé avec elle un « Facebook Live Battle », où l’on posait aux deux personnalités des questions de connaissances générales pour lesquelles elles pouvaient recevoir de l’aide du public par le truchement de leur page Facebook officielle.

« C’est malade ! On est loin de l’époque où on mettait le commentaire de Ginette en bas de l’écran. Ça, c’est de l’interaction », s’exclame le « king » de V.

« Quand on publie des [segments] de l’émission sur le web, ce sont souvent les jeunes qui l’écoutent. S’ils aiment ça, s’ils trouvent qu’Éric est hot, cool et fresh quand il fait ses niaiseries, ça leur rappelle aussi qu’il existe. Quand ils changent de poste en écoutant la télévision, s’ils tombent sur lui, ils vont s’arrêter parce qu’ils aiment ce qu’il fait », explique le réalisateur Daniel Vigneault, rappelant que la présence des émissions sur les réseaux sociaux sert aussi à rajeunir l’auditoire.

L’algorithme des likes

Selon l’équipe d’Éric Salvail, l’algorithme de Facebook, un outil qui décide de ce que vous verrez sur votre fil d’actualités, présente les publications des comptes des émissions de télévision à environ 9 à 11 % du nombre de likes qu’ils ont sur leur page. Par exemple, En mode Salvail compte environ 250 000 fans. Quand l’équipe fait une publication, Facebook la propose automatiquement à environ 29 000 personnes. Or, plus une page a de l’« engagement », c’est-à-dire plus il y a de gens qui commentent, aiment et partagent les publications, plus l’algorithme augmente sa visibilité. Maintenant, nous explique-t-on, les publications d’En mode Salvail sont en moyenne proposées à 22 % de ses fans sur le fil d’actualités.

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