Chronique

La LNH s’y prend à l’envers

Comme c’est toujours le cas, la réunion des directeurs généraux de la LNH a donné lieu à son lot de réactions cette semaine.

Bien entendu, dans le contexte québécois, la question de l’expansion – tant la candidature de Québec que les modalités d’un éventuel repêchage – a attiré l’attention.

De mon côté, j’ai aussi été interpellé par la réduction de la taille de l’équipement des gardiens. On en parle depuis quelque temps, et ce n’est pas la première fois qu’on explore cette avenue.

Après tout, certains gardiens ressemblent à s’y méprendre au bonhomme Michelin. Ce n’est pas normal qu’un athlète de 180 lb paraisse aussi gros que son rival de 230 lb. Cette semaine, à Buffalo, Robin Lehner l’a bien résumé. En gros, il a dit : si tu veux grossir, entraîne-toi. Si tu as des difficultés avec ta technique, entraîne-toi.

Sauf qu’à mon humble avis, la LNH fait fausse route. Elle s’y prend à l’envers.

D’une part, plusieurs gardiens seront à peine touchés par ces mesures. Ben Scrivens, après le match de mercredi, affirmait que son équipement respectait probablement déjà les futurs standards. « Je suis sûr que ça nous rendra meilleurs », a-t-il même dit. Et de bons athlètes comme Carey Price ne remarqueront pas de différence.

En fait, les gardiens dans le pétrin sont ceux de 6 pi 1 et moins, ou de moins de 200 lb, de même que ceux qui sont moins agiles. Mais les moins bons sont déjà moins bons !

D’autres mesures pour favoriser l’attaque auraient dû être adoptées bien avant que l’on s’attaque aux plastrons des gardiens. 

En voici quelques-unes : 

• des punitions qui durent toujours deux minutes, même si l’équipe en avantage numérique marque ;

• interdire les dégagements pour l’équipe en désavantage numérique. Les joueurs se fatigueront, et s’ils optent tout de même pour le dégagement, ils ne pourront pas rentrer au banc ;

• quand un joueur écope d’une pénalité majeure de cinq minutes, pourquoi ne pas jouer les trois ou quatre premières minutes à cinq contre trois ? Ainsi, on remplirait deux missions : on favoriserait l’attaque, et on protègerait les joueurs des coups les plus dangereux, surtout ceux à la tête.

DEUX SOLUTIONS PORTEUSES

Par contre, si on veut une réelle progression de l’attaque dans la LNH, ça revient à deux solutions que je martèle depuis des années.

D’abord, la réduction des formations. Les équipes doivent employer 20 joueurs par match. Pourquoi ne pas réduire ce nombre à 19 ? On éliminerait ainsi les joueurs marginaux. Prenez le duel de mercredi contre les Sabres. Pour chaque présence de David Legwand, imaginez-vous qu’on verrait plutôt un Jack Eichel ou un Ryan O’Reilly plus souvent. Que préférez-vous ?

De plus, ces 30 emplois supprimés pourraient être sauvés en grande partie par l’arrivée d’une équipe d’expansion. On parlerait d’une perte nette de sept ou huit emplois, soit à peine 1 % des effectifs.

Enfin, la LNH devrait sérieusement se pencher sur une modification des poteaux, afin qu’ils soient inclinés vers l’intérieur. Un peu comme les poches d’une table de billard. Il y a 1230 matchs dans la LNH. J’estime qu’il y a en moyenne un tir par match sur un poteau. À mon avis, les trois quarts de ces tirs aboutiraient dans le filet si les poteaux n’étaient pas ronds comme ils le sont en ce moment. On parle pratiquement de 1000 buts de plus dans la saison ! Les rondelles qui ne rentreraient pas seraient celles qui frappent l’extérieur du poteau, quand le joueur tire du côté rapproché.

Or, j’ose ici une prédiction : la réduction de la taille de l’équipement des gardiens générera entre 50 et 100 buts de plus la saison prochaine. Donc deux ou trois buts par équipe. Vous comprendrez que c’est un impact négligeable.

Je ne rejette pas le nouveau règlement, loin de là. Un de ses avantages sera de faire en sorte que les statistiques des meilleurs gardiens prendront encore plus de valeur, car il n’y aura plus de nivèlement par le bas.

Mais à lui seul, il ne suffit pas.

Propos recueillis par Guillaume Lefrançois

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