Hockey

Doué depuis toujours

Tant ses adversaires que ses coéquipiers observent, depuis le premier jour, le talent de hockeyeur de Connor McDavid.

Le 29 décembre 2006, en matinée, Kennedy Duguid et les Flyers de Don Mills, à Toronto, doivent affronter une équipe du nord de la ville. En raison d’anomalies dans le processus de recrutement chez les jeunes de 10 ans, l’équipe détient peu d’informations sur ses adversaires. Personne n’a donc jamais entendu parler de ce jeune de 9 ans qui joue avec des garçons plus vieux.

À la fin de la première période, Don Mills tire de l'arrière par la marque de 7-0. À la fin de la deuxième période, l’écart progresse à 11-0. Les Flyers perdent finalement ce match par la marque de 14-0. Cinq des quatorze buts marqués contre eux (de même que deux aides) sont l’œuvre de ce jeune garçon de 9 ans dont personne, chez les Flyers, n’a jusque-là entendu parler.

« Nous sommes retournés au vestiaire et toute l’équipe s’est demandé : “Contre qui venons-nous de jouer ? Mais qu’est-ce qui nous a frappés ?” »

L’équipe adverse, l’Express de York Simcoe, compte alors dans sa formation deux garçons qui allaient plus tard être sélectionnés au premier tour du repêchage de la LNH, soit l'attaquant Sam Bennett (4e choix au total, Calgary, 2014) et le défenseur Travis Dermott (34e choix, Toronto, 2015), qui se préparaient déjà à devenir des étoiles.

Et il y avait ce jeune garçon de 9 ans…

Connor McDavid a entrepris jeudi, à St. Louis, sa première saison dans la LNH, avec les Oilers d’Edmonton, après avoir été repêché au tout premier rang au printemps. À 18 ans, on le compare déjà à Wayne Gretzky et à Sidney Crosby, notamment. Et déjà, on voit circuler des t-shirts au dos desquels est imprimé le nom « McJesus ».

Une autre étape s’amorce sur cette voie qui semble déjà tracée. Pourtant, même si l’on revient à l’époque des tournois, pendant les vacances de Noël, coéquipiers et adversaires s’entendent pour dire qu’il était une espèce de machine à compter des buts : talentueux, capable d’autocritique et ultra-concentré ; rien de moins qu’une étoile pour ceux qui le connaissaient et qui l’appelaient Connor, tout simplement.

« Je l’observais lorsqu’il patinait. Déjà, très jeune, il avait de telles capacités que je me suis mis à m’interroger, a affirmé Duguid. Je me suis demandé ce que je faisais de mal puisque, déjà, il avait tellement de talent. »

TOUJOURS EN TRAIN DE S'ENTRAÎNER

Cory Glassman était défenseur chez les Flyers. C’est lui qui a probablement laissé la plus large empreinte sur la feuille de pointage de l’équipe de Don Mills, ce matin de décembre. Il a obtenu deux pénalités, dont une contre McDavid.

« Ça s’est joué à un contre un. Connor et moi. Je l’ai en quelque sorte… fait tomber, parce que je savais qu’il allait compter. »

« Ce n’était pas qu’un jeu, pour lui. C’était son univers. Et rien n’allait l’empêcher d’y prendre part. C’était perceptible, même quand il était très jeune. »

— Jack Doak, entraîneur adjoint de l’équipe de York Simcoe

Parfois, il se présentait seul aux matchs. Parfois, il était accompagné. Il arrivait aussi que son frère et son père jouent avec lui, son père étant systématiquement relégué à la position de gardien de but.

Mais ce qui ne changeait pas, c’est que Connor McDavid semblait toujours être dehors à s’entraîner sous le regard d’un instructeur militaire infatigable que lui seul pouvait voir.

« Sa famille vit au bout de notre rue. Chaque jour, lorsque je rentrais à la maison, il était dans l’entrée avec des gallons de peinture, des bâtons et un vieux filet, explique Martin Harding. Il sautait par-dessus les bâtons, faisait passer la balle sous ceux-ci alors qu’il dévalait l’entrée en patins à roues alignées. »

À l’époque, selon lui, McDavid devait avoir 8 ou 9 ans. Harding, président de l’Express de York Simcoe, a un fils à peine plus jeune. Les deux garçons ont grandi à Newmarket.

« Quand j’arrivais chez moi, mon fils était au sous-sol, devant sa console PlayStation. Je lui demandais souvent : “Devine ce que Connor fait en ce moment ?”, ajoute Harding en ricanant. En d’autres mots : “Comment se fait-il que tu sois là et qu’il soit dehors en train de jouer ?” »

À L'AISE DÈS UN JEUNE ÂGE

Selon sa famille, McDavid chausse ses premiers patins à roues alignées avant l’âge de 3 ans. Une fois sur la glace, il lâche rapidement la main de son père. Ses parents, Brian et Kelly McDavid, se rappellent à quel point il semblait à l’aise, à un si jeune âge.

« Il arrivait que l’on entende des commentaires – même au sein de notre équipe – du genre : “On sait bien, Brian le pousse, il le force à s’exercer à tirer dans le garage, il le force à patiner”, poursuit Jack Doak, ancien entraîneur adjoint de l’équipe. Pourtant, Brian n’avait rien à voir avec ça. Quand il revenait de travailler, il trouvait Connor dans le garage. Et Kelly lui disait : “Il y est depuis son retour de l’école…” »

« Il était toujours dehors et s’exerçait à faire des tirs au but, même sous la pluie », affirme Cody Van Lierop, un ancien coéquipier.

Plusieurs autres anciens coéquipiers se souviennent que lorsqu’ils allaient chez lui, c’était pour jouer au hockey dans le garage ou pour le regarder à la télé… surtout si Sidney Crosby jouait.

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