Mon clin d’œil

On a découvert l’auteur des fuites à la Maison- Blanche : il a de drôles de cheveux et envoie plein de tweets.

OPINION SOCIÉTÉ

La rectitude morale et politique, manufacture du mécontentement

Loin de moi l’idée que les principes moraux et les ferveurs politiques ne sont pas louables pour faire avancer notre société.

Le problème vient plutôt de la rectitude, qu’on pourrait définir comme une rigueur, mais aussi une posture normative qui amène les individus à suivre un ensemble d’idées de façon rectiligne.

Le problème vient du fait que cette posture rend impossible toute forme de dialogue. Ce dernier est décuplé lorsque ces idées sont légitimées par certains groupes d’intérêts, voire par le corps politique au pouvoir. Je crois que cette fermeture est à l’origine de bon nombre de frustrations et d’échanges musclés au rythme des tribunes médiatiques, entourant des sujets comme le féminisme, les genres, les croyances religieuses, les questions identitaires, l’immigration, etc.

Des laissés-pour-compte

Même si j’endosse parfois certaines de ces idées, je crois qu’il n’est pas sain d’empêcher certains débats sociaux en faveur de principes qui ne trouvent pas leur légitimité chez tout un chacun. Lorsqu’on brise la légitimité de certaines idées, les gens qui y adhèrent, ne serait-ce que partiellement, se sentent floués et délaissés face à un débat au sein duquel ils n’ont jamais été partie prenante.

Ainsi, lorsqu’on exclut d’emblée certaines opinions, on génère des frustrations qui ne sont pas prises en compte.

Ces gens ont l’impression de ne pas pouvoir exprimer leurs craintes, leurs questionnements, qui sont légitimes et qui laissent place à de la frustration. Celle-ci se manifeste sur différentes tribunes et prend la forme d’arguments parfois insensés, qui bien souvent reflètent l’absence de dialogue et de sens associé au discours du politiquement correct.

Prenons pour exemple les questions identitaires au Québec, qui constituent un sujet épineux. En reléguant les craintes de nombreuses personnes à un second degré, voire en les regroupant sous le voile du racisme, on ne fait qu’attiser des tensions qui finissent par dépasser les éléments qui sont au cœur du débat. Ainsi, la rectitude morale et politique génère une forme de mécontentement qui se manifeste par des réactions, parfois violentes, face à des questionnements qui ont été d’emblée écartés.

De la nécessité d’un dialogue

Cela nous mène donc à une impasse, celle de l’absence possible de dialogue. D’une part, les opinions sont devenues si polarisées qu’il est difficile de trouver un terrain « tampon » où il serait possible de s’exprimer avec humanisme. D’autre part, le politiquement correct vient museler certains points de vue qui mériteraient d’être discutés, ne serait-ce que pour offrir une explication à ses détracteurs.

Cette absence, elle n’est pas que dans les tribunes médiatiques, mais également dans notre société. Nous avons grand besoin de dialogue.

Pas de dialogue de sourds, mais d’échanges où l’écoute se tiendrait fièrement aux côtés de la parole. Sans quoi nous ne ferons qu’alimenter l’usine du mécontentement, qui est passée maître à transformer la rectitude morale et politique en ressentiment. Et cette usine, elle marche présentement à plein régime.

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