Uniformes

Logistik Unicorp se voit encore plus grande

Quand ses partenaires investisseurs américains ont manifesté leur intention de retirer leurs billes de Logistik Unicorp, de Saint-Jean-sur-Richelieu, son fondateur Louis Bibeau aurait pu en profiter pour les accompagner vers la sortie et prendre sa retraite. Il a plutôt choisi d’augmenter sa mise.

« C’est sûr que j’aurais pu tout vendre, affirme M. Bibeau. Mais pourquoi prendre ma retraite ? C’est intéressant ici, on a une bonne équipe. »

M. Bibeau a donc trouvé un autre fonds américain, Wynnchurh Capital, pour prendre la relève de ceux qui voulaient partir. Dans l’opération, il a lui-même augmenté sa participation. Il est donc toujours aux commandes de la plus importante société de gestion de programmes d’uniformes du Canada, qu’il a fondée en 1992.

« Les fonds veulent de la croissance, et nous, on croit à la croissance », déclare M. Bibeau.

Il faut dire que les occasions ne manquent pas. L’entreprise habille actuellement plus de 600 000 personnes dans le monde, dont 320 000 au Canada. Elle fournit notamment les armées canadienne et australienne. La moitié de ses revenus provient de l’extérieur du pays… mais pas des États-Unis, où elle n’a étonnamment aucun client.

Ce n’est pas là le résultat d’une décision délibérée, mais plutôt le fruit du hasard, explique M. Bibeau. « On a eu plus d’occasions ailleurs. »

« Ces temps-ci, je peux dormir, nous a-t-il confié avant que le Canada et les États-Unis n’en viennent à un accord sur le renouvellement de l’ALENA. J’ai des amis pour qui les marchés américains sont importants. Ça leur pose beaucoup de problèmes. »

Innover

Une grande partie du succès de Logistik s’explique par ses innovations, selon M. Bibeau.

L’entreprise a été la première à offrir aux employeurs de prendre complètement en main la gestion des uniformes, raconte-t-il. À l’embauche, les employés de ses clients peuvent commander leur uniforme directement auprès de Logistik, en fonction des crédits auxquels ils ont droit. Dès 1999, Logistik a commencé à offrir cette possibilité sur le web.

Aujourd’hui, une entreprise distincte issue de Logistik tente de devenir la première à l’extérieur de la Chine à produire du tissu à partir de la fibre de chanvre. Logistik souhaite aussi se tourner vers l’intelligence artificielle, notamment pour optimiser la gestion de ses stocks.

« On habille 320 000 personnes au Canada. Si on peut prédire qui va commander quoi, dans quelle taille, à quel moment, on peut réduire notre fonds de roulement de 8 % à 10 %. »

— Louis Bibeau, fondateur de Logistik Unicorp

Comme de très nombreuses autres entreprises québécoises, Logistik doit toutefois se débrouiller avec la pénurie de main-d’œuvre. Environ 80 % de sa production se fait au Canada, dont une grande partie en Beauce.

« Je ne peux plus donner de commandes au Québec. Je vais peut-être même être obligé d’acheter une usine qui pourrait fermer à cause de problèmes financiers, juste pour garder ses employés. »

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