Départ imminent

Bien boire en vol

Boire ou pas de l’alcool ? Du vin ou de la bière ? En avion, on ne boit pas comme au sol. Explications.

Du Malbec, SVP…

Le malbec ne vous plaît pas ? Essayez-le en vol, il pourrait vous charmer. Des chercheurs ont démontré, ces dernières années, que notre perception du goût des aliments – et des boissons – est influencée de façon significative en avion. Troublé par le bruit des moteurs, la sécheresse de l’air et la pression dans la cabine, le passager perçoit moins le sel (- 30 % environ) et le sucre (- 20 % environ), alors que les vins paraissent plus amers. Charles Spence, professeur à l’Université d’Oxford et expert de la science du goût, suggère ainsi de délaisser les vins avec plus de tanins pour ceux plus fruités. Voire de favoriser des vins conçus en haute altitude, lesquels, selon certains travaux, résisteraient mieux aux variations de l’altimètre : un malbec ou un sauvignon argentin, SVP ?

… ou un Bloody Caesar ?

Petit changement, grosse tempête : Delta a soulevé un tollé l’été dernier en annonçant le retrait du jus de tomate de ses vols de moins de quatre heures, alors qu’il s’agit de l’une des boissons les plus consommées en vol – presque à égalité avec la bière chez Lufthansa, par exemple. De fait, le jus de tomate est un cas à part : si la majorité des aliments nous paraissent plus fades en vol, la cote de popularité du jus de tomate augmente en avion puisqu’il est riche en umami, la seule saveur plus perceptible dans les airs qu’au sol. Du coup, un passager sur quatre en commanderait en vol, selon une enquête menée auprès de 1000 passagers en Allemagne en 2015, alors que, de ce nombre, le quart n’en consomment jamais au sol ! Le Bloody Caesar et le Bloody Mary figurent ainsi parmi les cocktails les plus populaires au-delà de 5000 m.

À petites doses

Ce n’est pas qu’une impression : le verre de vin consommé en vol a plus d’effet qu’au sol, à cause de la pression plus faible dans la cabine qui permet à l’alcool de pénétrer plus rapidement dans le sang et de monter plus vite à la tête. A contrario, il s’élimine plus lentement, puisque le métabolisme fonctionne au ralenti dans cet environnement. Étant donné que l’air est presque aussi sec dans un avion qu’en plein désert, et que l’alcool déshydrate, il vaut mieux boire beaucoup d’eau en vol pour éviter les maux de tête, prévient Benoît Marsan, professeur à l’Université du Québec à Montréal et spécialiste de la chimie du vin.

Et jamais de bulles

Grand amateur de vin, Benoît Marsan ne touche jamais aux bulles en vol. « Ce n’est vraiment pas une bonne idée », tranche-t-il. La présence de bulles accélère l’absorption de l’alcool, s’ajoutant à l’effet catalyseur de la faible pression en cabine. Il faut donc éviter aussi les cocktails combinant alcool et boissons gazeuses, comme le Cuba libre. Benoît Marsan recommande plutôt un vin faible en alcool, non pétillant et très aromatique. Le vin rouge est la boisson alcoolisée la plus populaire sur les vols d’Air Canada et d’Air Transat.

9837

En 2016, 9837 incidents impliquant des passagers turbulents ont été recensés par l’Association internationale du transport aérien (AITA), dont une majorité de cas étaient liés à la (sur)consommation d’alcool, soit 1 cas tous les 1424 vols. L’AITA a lancé une campagne de sensibilisation, mais certains acteurs militent pour des actions plus musclées. Ryanair a ainsi demandé – à plusieurs reprises – d’interdire la vente d’alcool avant 10 h dans les aéroports britanniques et d’imposer une limite de deux consommations par passager une fois les contrôles de sécurité passés.

Hors-taxes et coutumes

Il est strictement interdit de consommer, en vol, l’alcool acheté dans les boutiques hors-taxes. Mais il est bon de savoir qu’il est aussi interdit d’apporter des bouteilles dans ses bagages sur les vols à destination de certains pays, notamment l’Arabie saoudite, où tout alcool sera saisi à l’arrivée.

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