Des « actes isolés » qui s’enchaînaient

La mosquée visée par l’attaque sanglante d’hier soir, à Québec, a été la cible de gestes islamophobes à répétition dans les dernières années. Des « actes isolés » qui s’enchaînaient. Le Centre culturel islamique de Québec (CCIQ) s’était même équipé de caméras de bonne qualité afin de tenter de faciliter le travail des policiers dans la foulée de ce type d’événements. Depuis 10 ans, les autorités n’ont toutefois jamais annoncé l’arrestation d’un seul suspect dans toutes ces enquêtes.

Tête de porc

Dans la nuit du 18 au 19 juin 2016, en plein mois sacré du ramadan, une tête de porc emballée dans une pellicule de plastique avait été laissée devant la porte de l’établissement. L’islam interdit la consommation de cet animal aux musulmans. Le colis était accompagné d’une note mal orthographiée : « bonne appétit ». « J’ai du mal à comprendre un geste comme ça. J’ai du mal à comprendre qu’on déteste quelqu’un parce qu’il est ce qu’il est », avait affirmé Mohammed, qui fréquente la mosquée. Le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) avait ouvert une enquête, mais n’a jamais annoncé l’arrestation d’un suspect dans cette affaire.

Lettre dans le quartier

En juillet dernier, Le Soleil a rapporté qu’une lettre reliant la mosquée aux Frères musulmans circulait dans le quartier. « Ces attaques-là n’ont aucun sens, avait affirmé le président du CCIQ, Mohamed Yangui. Ce qui est raconté ne coïncide ni d’un point de vue historique ni d’un point de vue géographique. » Elle était intitulée : « Qu’est-ce qui est le plus grave : une tête de porc ou un génocide ? »

Affiches anti-islam

En novembre 2015, le CCIQ et deux autres mosquées de la région de Québec avaient été la cible de militants islamophobes qui avaient collé des affiches sur leurs murs : on pouvait y lire le slogan « Islam hors de chez moi ». « C’est un incident isolé », avait expliqué à l’époque le lieutenant Pierre Collin, du SPVQ. « Les gens sont quand même inquiets pour leur intégrité physique, pour leur interaction avec les gens dans la société. Les gens comme moi-même, on va être plus attentifs, plus vigilants », avait pour sa part affirmé un responsable de la mosquée de l’Université Laval, Saïd El Amari.

« Fuck les Arabes »

« Fuck les Arabes », « White Power ». Ces messages haineux ont été graffités sur la façade et les murs extérieurs de la mosquée en septembre 2011. « Même si c’est un acte isolé, c’est un acte grave et condamnable, avait indiqué au Soleil Samir Gharbi, porte-parole de la communauté. On ne veut pas que ça se répète, surtout que ces gestes sont contraires aux valeurs québécoises de tolérance et d’ouverture auxquelles nous adhérons complètement. » Une plainte avait été déposée à la police et un communiqué a été diffusé. Des fidèles avaient même senti le besoin de monter la garde à la mosquée pendant la nuit du 11 septembre 2011, de crainte que des vandales profitent du 10e anniversaire des attentats pour commettre un méfait.

Un tract anti-mosquée

En 2009, l’installation de la mosquée dans ses locaux actuels avait aussi été l’occasion pour certains de mener une campagne de distribution de tracts dans le quartier – un document intitulé « Intégration ou intégristes ? ». « Si les Québécois leur font de la place, les musulmans, eux, ne renverront jamais l’ascenseur. Faites part de votre mécontentement au conseiller municipal de Sainte-Foy », ajoutait le tract. Quelques semaines auparavant, une banderole portant le message « Non à la mosquée » avait été installée tout près, avait déclaré au Soleil le conseiller municipal du secteur. « J’ai remis le tract aux policiers, car je me disais que ça pouvait être diffamatoire », avait-il ajouté.

— Avec les informations du Soleil

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