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Des percées encourageantes

Les projets de Génome Québec relatifs aux changements climatiques connaissent déjà des applications concrètes ou sont sur le point d’en connaître. Présentation des principales percées, encore inimaginables il y a cinq ans à peine.

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Champignons magiques

Utiliser des champignons pour transformer des branches et des feuilles en carburant propre et renouvelable ? C’est presque chose faite grâce à un professeur de l’Université Concordia. « Nous avons déterminé quels gènes s’activent chez des champignons occupés à s’alimenter en décomposant des résidus forestiers en sucres », expose le biologiste Adrian Tsang. En utilisant les protéines identifiées, on pourrait fabriquer un nouveau type de bioéthanol qui ne risquerait pas d’aggraver la faim dans le monde (contrairement à ce qui se produit lorsqu’on utilise plutôt du maïs).

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Poulets propres

Le professeur Tsang pilote un autre projet susceptible de réduire l’émission de gaz à effet de serre. Car les champignons qu’il étudie recèlent aussi des enzymes pouvant aider les animaux de ferme à assimiler totalement les nutriments qu’ils ingèrent (plutôt que seulement 75 %). Lorsqu’on ajoute ces enzymes dans leur moulée, il n’y a pas de pertes. Les bêtes engraissent donc tout autant, mais en mangeant moins, et en produisant ainsi moins de fumier et de méthane nocifs. L’analyse de l’ADN des champignons en question a permis au chercheur de dresser la liste de tous les gènes impliqués et de reconnaître ainsi le meilleur cocktail d’enzymes possible.

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Plantes nettoyantes

Les racines des saules et d’autres arbres peuvent extraire les contaminants pour s’en nourrir. Et dépolluer ainsi le sol. « Les plantes y travaillent avec des champignons et des bactéries », précise Mohammed Hirji, professeur de sciences biologiques à l’Université de Montréal. En étudiant tous les gènes à l’œuvre, le chercheur et ses collègues mettent au point des combinaisons plus efficaces, aptes à absorber les polluants récalcitrants ou à accélérer la décontamination. Ces cocktails de « phytoremédiation » sont déjà utilisés à Montréal et à Québec. La présence de jardins dépollueurs devrait y atténuer l’effet d’îlot de chaleur. Au bout du processus, les plantes utilisées seront réduites en cendres, ce qui est bien moins coûteux qu’excaver la terre polluée et règle le problème au lieu de le déplacer.

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Traquer les ravageurs

Parce que la planète se réchauffe, les insectes cachés dans les cargaisons étrangères sont plus susceptibles de survivre au Québec et de décimer nos forêts. Ce genre d’envahisseurs – dont le scolyte de l’orme venu d’Asie – a déjà ravagé trois millions d’hectares, soit 60 fois la superficie de l’île de Montréal. En analysant leur ADN, le professeur Roger C. Lévesque et son collègue ont réussi à créer des outils permettant de mieux les détecter. L’Agence canadienne d’inspection des aliments est en train de les adapter dans son laboratoire. « Avant, on se fiait aux caractéristiques morphologiques des ravageurs, mais les œufs se ressemblent tous, alors nos capacités étaient limitées », précise le chercheur de l’Université Laval.

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Les super forêts

En plus d’identifier les arbres les plus résistants, le professeur Jean Bousquet recherche ceux qui sont destinés à croître le plus rapidement. Son objectif : les exposer au moins grand éventail de changements climatiques possible – et donc de stress – au cours de leur vie. Chaque année, l’industrie coupe de 10 à 20 % des forêts québécoises. On reboise avec 125 millions de nouveaux plants, indique le professeur de l’Université Laval, qui propose de les replanter désormais à proximité des centres urbains. Chose certaine, on ne rasera pas les forêts existantes, et on ne misera pas sur un seul arbre. Il faut préserver la diversité génétique, dit-il, car les changements climatiques à venir pourraient être très différents de ce qu’on anticipe.

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Du soya au Canada

Même si le climat se réchauffe, on ne pourra se contenter de remplacer les plantes locales par des végétaux originaires du Sud. Car leur croissance ne dépend pas seulement de la température ambiante, mais aussi de la qualité du sol, de l’ensoleillement, etc. « La durée du jour, elle, ne change pas », illustre François Belzile, professeur à l’Université Laval. Le chercheur travaille donc à mettre au point la combinaison génétique idéale pour permettre aux plants de soya de pousser le mieux possible au Canada. Les trouvailles de son groupe sont déjà mises à l’épreuve dans huit stations expérimentales, dont une à Beloeil et une autre à La Pocatière. Dans les pays en développement, ce genre de recherches est devenu vital, en raison des risques de famine liés aux sécheresses accrues. Au Canada, on espère pour l’instant accroître le rendement de l’industrie du soya.

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