« Il est indispensable pour nous »

New York — À pareille date l’an dernier, Jordie Benn ne jouait pas au hockey.

Non, ce n’est pas que les Stars de Dallas étaient éliminés des séries. C’est juste que l’entraîneur-chef Lindy Ruff avait choisi de se tourner vers d’autres défenseurs que lui. L’aventure des Stars en séries avait duré 13 matchs, et Benn n’avait disputé qu’un seul d’entre eux.

Difficile de voir plus grand contraste quand on constate à quel point il aide le Canadien aujourd’hui !

« Ç’avait été décevant d’être mis à l’écart, mais on ne peut pas se dire que si l’on est laissé de côté, c’est parce qu’on n’est pas assez bon, a indiqué Benn. Les Stars avaient amené de nouveaux défenseurs pour remplir certains rôles [entre autres Kris Russell], et j’étais l’homme en trop. Je me tenais prêt au cas où...

« Après la saison, ils m’ont dit de ne pas m’en faire avec ce qui s’était passé en séries, que j’étais encore un de leurs joueurs-clés... Je suis revenu cette année avec le feu au derrière. »

— Jordie Benn au sujet des Stars de Dallas

Or, si le défenseur de 6 pi 2 po et 200 lb avait vraiment fait partie du noyau des Stars, ils ne l’auraient peut-être pas échangé au Tricolore en retour de Greg Pateryn ! Personne à Montréal ne s’en plaindra, car à première vue, le Canadien a cédé le 27 février un défenseur marginal en retour d’un joueur qui fait une différence concrète.

Du beau boulot de la part du dépistage professionnel.

« Il est indispensable pour nous, a avancé Phillip Danault. C’est un vol. Il a quoi, 29 ans ? C’est un vol ! C’est maintenant qu’on veut gagner, et c’est un joueur comme ça qu’il nous faut. Il me fait penser un peu à Shea Weber par son dévouement en défense. Peut-être pas offensivement, mais défensivement. Il est aussi capable de faire de bonnes premières passes. C’est un joueur assez complet, et il est très important pour l’équipe en ce moment. »

Faire la barbe à l’adversaire

Benn a raté les six derniers matchs du calendrier en raison d’une blessure. Son absence ne s’est peut-être pas fait ressentir autant que celle de Weber, mais il s’était déjà imposé par sa capacité à remplir des mandats sur les deuxième et troisième duos en défense et à aller éteindre des feux là où la situation l’imposait.

Revenu juste à temps pour le premier tour éliminatoire, Benn s’est minutieusement taillé la barbe, il a pris une profonde inspiration, puis il a plongé dans une ambiance où, dit-il, « chaque coup porté ou reçu est plus fort et où le jeu se déroule à 100 milles à l’heure à chaque présence ».

Et la barbe ? Qui sait jusqu’à quel point elle poussera...

« Ça ne se rendra pas au niveau des Brent Burns et Joe Thornton, a-t-il toutefois prévenu. Ils sont à un tout autre niveau. Je ne sais pas trop ce qui se passe avec eux, mais ce sont les rois de la barbe dans la LNH ! »

Benn a solidifié son poste à la gauche de Jeff Petry et, après trois matchs, il a été sur la patinoire pour deux fois plus de chances de marquer du Canadien que des Rangers. Selon le site de statistiques avancées Corsica.hockey, c’est un ratio qui le place parmi les meilleurs arrières du circuit depuis le début des séries.

« C’est un défenseur à caractère plus défensif, mais quand il récupère des rondelles, il ne le fait pas comme un robot, décrit Max Pacioretty. Il peut tromper l’adversaire en le faisant, et c’est difficile de faire de l’échec avant contre lui. Il est solide comme le roc en défense et il lit très bien le jeu. »

Un top 4 en forme

Qu’il soit question de taux de possession de rondelle, d’efficacité en infériorité numérique ou simplement de leur capacité à fermer la porte aux attaquants des Rangers, les deux premiers duos de défenseurs ont été brillants jusqu’à maintenant.

À juste titre, ce sont Weber et Andrei Markov qui attirent l’attention après trois matchs. Benn lui-même s’émerveille de leur prestation.

« C’est le fun de voir aller nos joueurs d’élite et de voir comment ils arrivent chaque soir à soutenir tout ce temps d’utilisation, a dit Benn. Non seulement ils sont très doués, mais en plus on dirait que le jeu est facile pour eux. On essaie de les imiter, sauf qu’ils sont à un autre niveau !

« Markov est toujours à la bonne place au bon moment. Ça fait longtemps qu’il est là, et je crois fermement aux vertus de la constance. Il est l’un de ces gars de qui on sait à quoi s’attendre d’un match à l’autre. »

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