Mode

On balance le soutien-gorge !

Quand Kendall Jenner, une des plus jeunes sœurs du clan Kardashian, a commencé à s’afficher sans soutien-gorge, il y a près de trois ans, elle a reçu un lot de critiques. Mais celle qui compte plus de 93 millions d’abonnés sur Instagram a aussi rejoint des milliers de femmes. « Je ne vois vraiment pas le problème, c’est sexy, confortable, et je suis cool avec mes seins. C’est tout ! », s’était justifiée sur son site la mannequin de 22 ans.

D’autres vedettes comme les actrices Nicole Kidman et Jennifer Aniston, la chanteuse Rihanna ou la blogueuse italienne Chiara Ferragni ont ensuite multiplié leurs apparitions publiques vêtues de robes, de t-shirts ou de vestons, sans brassière. Il y a quelques jours, la mannequin britannique de taille plus Iskra Lawrence, suivie par 4,1 millions de fans sur Instagram, a publié une photo d’elle portant un t-shirt blanc transparent, sans soutien-gorge. « Nous avons tous des mamelons, alors n’en faisons pas tout un cas », a-t-elle écrit sous sa photo, accompagnée des mots-clés : #nesexualisonspastroplesmamelons #moncorpsmonchoix. Plus d’un  demi-million de personnes ont aimé sa publication.

Que ce soit par féminisme, pour le confort ou pour être sexy, le mouvement « no-bra », qui consiste à ne pas porter de soutien-gorge, prend de l’ampleur. La créatrice de style Lily Langlois constate que « c’est une tendance qu’on voit de plus en plus, qui se retrouve dans les magasins depuis l’an dernier. La tendance vient du fait que les filles veulent se libérer d’un fardeau qu’on s’est fait imposer avec les soutiens-gorge ».

« C’est clairement, à la base, le mouvement féministe qui revient. Mais on voit beaucoup plus le no-bra sur les vedettes, elles osent plus que nous en général. »

— Lily Langlois, créatrice de style

C’est aussi une façon d’assumer son corps au naturel, dit-elle.

La tendance a atteint un pic cet été, notamment sur les réseaux sociaux. Parallèlement, les ventes du géant de l’industrie de sous-vêtements Victoria’s Secret sont en baisse, a récemment rapporté le Wall Street Journal.

Y a-t-il une connotation sexuelle au mouvement ? « Il ne devrait pas y en avoir, mais la société fait en sorte que ça a une connotation sexuelle, qu’on le veuille ou pas », réplique Lily Langlois.

Certains s’empressent aussi de profiter de la vague, quitte à provoquer. Comme c’est le cas de No Bra Club, nouvelle marque de vêtements australiens qui a enflammé les réseaux sociaux ces derniers mois. L’entreprise vend entre autres des t-shirts avec des mentions comme : « Mes mamelons vous offensent-ils ? »

Vive les petits seins !

Mais dans la réalité, la mode du « no-bra » n’est pas flatteuse pour toutes les poitrines. « C’est vraiment plus pour les petits seins, c’est plus joli, ça fait plus bohème et naturel. Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas le faire si on a une poitrine plus volumineuse, mais ça peut avoir l’air plus vulgaire, souligne Lily Langlois. Et si on a les seins tombants, c’est un gros non ! » Outre les vedettes, la tendance cible donc davantage les jeunes de 20 ou 30 ans. « Mais il y a des femmes qui n’oseront jamais faire ça. Il faut être à l’aise avec son corps », ajoute-t-elle.

Est-ce encore choquant de voir une femme qui ne porte pas de soutien-gorge ? « C’est de plus en plus bien vu. Mais si on porte un haut transparent et qu’on voit le mamelon, c’est sûr que ça choque. Même en boîte de nuit, c’est sûr que tout le monde va te regarder. On n’a pas fait ce cheminement-là », analyse la créatrice de style.

« En Europe, ils sont plus avancés. C’est plus naturel de voir les seins là-bas et beaucoup moins de filles ont les seins refaits. »

— Lily Langlois, créatrice de style

À ce chapitre, même ici, les petits seins sont de plus en plus en vogue et les femmes recherchent moins à avoir une poitrine volumineuse. « La tendance des gros seins est en train de disparaître. Depuis quelques années, on voit que les filles assument leurs petites poitrines, mettent moins de padding. Même les maillots de bain ont de moins en moins de padding », note Lily Langlois.

Vers un effet naturel des seins

Parallèlement au mouvement « no-bra », le soutien-gorge de type bralette a explosé en popularité lors des deux dernières années. Sans armature, sans doublure, en dentelle ou en coton, la bralette favorise une liberté du mouvement et un effet naturel. Mais encore là, elle convient surtout aux petites poitrines, puisqu’elle n’offre pas ou peu de support.

« On a vu une augmentation de la popularité de la bralette il y a deux ans, notamment avec l’effet girl power. Ça a augmenté de façon significative aussi l’an passé. Là, c’est encore populaire, mais stable », indique Emilie Gentès, superviseure des relations publiques de La Vie en Rose. Autre conséquence : le soutien-gorge avec push-up, ultrapopulaire au début des années 2000, l’est beaucoup moins, affirme-t-elle.

Observant ce penchant des femmes pour un look naturel et confortable, surtout chez les milléniales, La Vie en Rose a lancé des soutiens-gorge avec armature, mais sans doublure, ainsi que des brassières avec doublure, mais sans armature. « Ces deux catégories de produits ont beaucoup gagné en popularité à la suite du succès de la bralette », souligne Emilie Gentès.

Les astuces de Lily  Langlois pour le « no-bra »

Chemisier ou veston

Avec un chemisier légèrement ample, on déboutonne quelques boutons et le tour est joué ! Pour un look classique et sexy, on opte pour un veston assez ceintré, fermé au nombril, en ne portant rien en dessous. Cette allure convient aux petites et plus grosses poitrines.

Chemise rouge fleurie, Urban Outfitters, 59 $

Décolleté

L’absence de soutien-gorge est avantageuse avec un décolleté plongeant, qui peut descendre jusqu’au nombril. Si on a une poitrine volumineuse et qu’on porte un décolleté très plongeant, mieux vaut choisir un haut ample.

Haut en rayonne avec décolleté plongeant, Free People, offert en plusieurs couleurs, 75,98 $

Tissu et couleur

On choisit des tissus féminins, fluides, comme le satin ou la dentelle, avec des coupes semi-ajustées plutôt que trop ajustées. Car mieux vaut laisser place à l’imagination ! On évite le « no-bra » avec de gros pulls, tout comme les couleurs pâles et transparentes, à moins d’être dans un contexte de soirée et de vouloir dégager cet effet.

Crop top avec motif vichy, Urban Outfitters, 94 $

En soirée

On opte pour le « no-bra » surtout en soirée ou lors de chaudes journées estivales, notamment durant des festivals. À proscrire absolument au travail, même s’il s’agit d’une simple camisole portée sans soutien-gorge.

Robe noire avec décolletée plongeant, Free People, 75,98 $

La bralette pour débuter 

Si on n’est pas prête à oser le « no-bra », on peut commencer par porter la bralette, qui montre la forme du sein, mais offre une certaine couvrance ainsi qu’un confort, donc un parfait compromis que l’on peut porter sous un décolleté.

Bralette sans armature, La Vie en Rose, 29,95 $

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