Éducation

Les enseignants ont « besoin d’air »

Alors que les négociations dans le secteur public s’amorcent, la Fédération des syndicats de l’enseignement réclame pour ses membres un meilleur salaire et un aménagement de leurs tâches.

Les enseignants en ont assez que leur travail soit vu comme une « vocation ». Après des années à subir les contrecoups des coupes en éducation, à accueillir de plus en plus d’élèves en difficulté dans leurs classes et à voir leur tâche s’alourdir, il est temps de leur donner un salaire adéquat, dit la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE). Elle demande également une réduction de leur temps en classe.

Tandis que les négociations dans le secteur public s’amorcent, la FSE dit avoir entendu ses 60 000 membres : ceux-ci veulent que cette « négociation soit pour [eux] et pour la réussite des élèves, mais non pas que pour les élèves ». C’est de leurs conditions de travail qu’ils veulent parler.

Le salaire est au cœur des demandes du syndicat. En plus des hausses qui pourraient être consenties à l’ensemble du secteur public, la FSE demande une majoration de 8 % par an pour « la reconnaissance, le rattrapage et le fait qu’on veut combler la distinction sur le reste du Canada », dit sa présidente, Josée Scalabrini. À l’échelon maximal, un enseignant gagne actuellement un salaire de 82 585 $. La FSE propose de le faire passer à 98 498 $.

Mais il y a plus. La tâche des enseignants s’est complexifiée dans les dernières années, et ils manquent de temps, dit la FSE. Les professeurs doivent intégrer les élèves en difficulté dans les classes, mais aussi enseigner de nouveaux contenus comme l’éducation à la sexualité, remis au programme des écoles primaires et secondaires au début 2018.

« L’école fourre-tout, c’est les enseignants qui paient pour ça. Si c’est ça qu’on veut, il faut qu’on trouve des solutions pour qu’on connaisse nos rôles, qu’on sache ce qu’on a ou pas à enseigner. »

— Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement

Josée Scalabrini cite le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, qui, il y a quelques semaines, n’a pas exclu d’intégrer en classe des notions de santé mentale à enseigner aux élèves.

Temps passé avec les élèves

En guise de solution, les enseignants ont proposé « à contrecœur » de réduire le temps qu’ils passent avec les élèves. Au primaire, par exemple, la FSE demande que chaque semaine, une heure consacrée à l’enseignement des arts ou du programme d’éthique et culture religieuse devienne du « travail de nature personnelle ».

Combien de spécialistes devraient être embauchés pour appliquer une telle mesure ? Le syndicat ne le sait pas, mais affirme que même – ou surtout – en situation de pénurie d’enseignants, il faut améliorer les conditions de travail sur le terrain.

« Les enseignants cherchent de l’air. Combien prennent des 80 % de tâche pour travailler à 100 % parce que c’est une question de santé mentale ? On dit qu’en aménageant la tâche, les gens vont retrouver le goût de travailler à 100 % », dit Josée Scalabrini.

Parce que les professeurs ne sont pas « utilisés à leur pleine capacité » quand ils surveillent les enfants le midi et aux récréations, la FSE veut aussi rattraper du temps en confiant la surveillance de ces périodes à des éducatrices en service de garde, par exemple.

La Fédération des syndicats de l’enseignement demande également une baisse des ratios dans les classes du primaire et du premier cycle du secondaire et la création de classes spécialisées pour accueillir les élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA).

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.