La voix

Des coachs moins téteux

Les quatre coachs de La voix 7 ont vraiment mis la pédale douce sur les envolées lyriques et les métaphores grandiloquentes. Encore hier soir, la justesse et la concision des interventions de Lara, Marc, Éric et Alex tranchaient nettement avec les montagnes de compliments sirupeux qui dégoulinaient sur les candidats de 2018, même sur ceux et celles qui avaient été recalés. C’est franchement mieux et plus pertinent cette saison-ci.

Jusqu’à présent, nous n’avons pas encore entendu de « voix en forme de prisme où passent toutes les lumières de sa dimension » ni vu de nymphe sylphide assise directement sur les genoux du bon Dieu. Merci pour la retenue.

Après la prestation de la rousse Dahlia, 17 ans, de Chicoutimi, on a senti un léger dérapage quand Alex Nevsky a parlé « d’un espace onirique complètement engagé », mais le gouvernail a été rapidement redressé.

Le meilleur concurrent de cette troisième ronde des auditions à l’aveugle a été le sympathique pianiste Vincent Chouinard, 22 ans, de Québec. Son passage à La cour des grands de Gregory Charles à Radio-Canada l’a manifestement préparé à s’imposer avec autant d’aplomb. Sa version de New York State of Mind de Billy Joel a fait pivoter les quatre capitaines.

Alex Nevsky pourrait se rendre loin dans la compétition avec ce jeune homme attachant et talentueux. À suivre.

Un autre pianiste a rejoint les rangs de l’équipe Nevksy hier, soit Gabriel Cyr, 21 ans, d’Ottawa, qui a repris la pièce Leonard Cohen de Bobby Bazini.

Après Sarah May Vézeau la semaine dernière, un autre diplômé de la Star Académie de Julie Snyder a tenté sa chance à La voix hier. Dave Bourgeois, 42 ans, de Mascouche, a fait partie de la première cuvée de la téléréalité de TVA en 2003. C’était lui le propriétaire de la fameuse Pinto dans la chanson éponyme parue sur l’album Ent’chums de Frank, Dave et Stef.

Pour ceux qui auraient oublié cette tranche de culture populaire, les académiciens François Babin, Stéphane Mercier (de Normétal) et Dave Bourgeois ont brièvement formé un trio en 2004. Dave a ensuite ouvert un studio de tatouage à Repentigny et il poursuivra sa route à La voix avec Marc Dupré. Je ne miserais pas un vieux deux piasses sur lui, par contre. Ce qu’il propose est convenu.

Stéphan Gagnon, 28 ans, de Laterrière, a provoqué une longue bataille de mots entre Marc et Éric, que le rockeur a remportée. La voix rauque de Stéphan a bien été servie par la chanson Punchline, composée spécifiquement par Aidan Martin pour le concours X-Factor en Angleterre.

Très déçu pour Nicolas Geoffroy-Brûlé, 38 ans, leader du groupe traditionnel Mauvais sort, qui n’a pas été retenu. Il méritait sa place. 

Pas mal plus que la jeune Allyson Daviau, 18 ans, qui a manqué de justesse sur Radioactive d’Imagine Dragons. Seul Éric a enfoncé son bouton rouge pour Allyson et je me demande s’il ne s’agissait pas plutôt d’un spasme involontaire.

Pour les amateurs de statistiques, nous avons vu hier 14 aspirantes stars, dont 11 ont été choisies. C’est un taux de réussite de 79 %, ce qui est très élevé. Seulement quatre personnes ont opté pour le français dans leurs prestations, ce qui est très bas.

Outre Dave Bourgeois, une autre vedette de la télé a foulé la scène de La voix hier : le contrôleur animalier Marc-André Dionne, 29 ans, de la touchante docuréalité Refuge animal animée par Stéphane Fallu. Il a mal entamé son What I’ve Done de Linkin Park, pour se rattraper à mi-parcours.

La choriste de Dan Bigras Marianne Mathieu, 36 ans, de Repentigny, a été très solide sur le classique Ain’t No Mountain High Enough. Éric Lapointe lui a dit qu’il y avait tellement de couleurs dans sa voix qu’il « peinturerait son char avec ». Pas de chance, Marianne a opté pour Lara Fabian.

Le nouveau format de La voix nous présente des structures d’épisodes différentes tous les dimanches. Une approche pas du tout paresseuse. C’était plus compact et rapide hier, avec quelques moments de coulisses qui paraissaient plaqués. Du genre : toi, tu chanterais quoi aux auditions à l’aveugle, une de tes compositions ? Ou bien : vas-tu me le cuisiner mon steak, hein ?

Comme le dirait la lucide Ariana Grande : « Thank you, next ».

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