Mon clin d’œil

Avec la loi 62, ce ne sera pas facile de passer l’Halloween en autobus.

Opinion Jocelyn Coulon

Corée du Nord
Le retour de Jimmy Carter ?

La crise du nucléaire nord-coréen a momentanément disparu des médias. Elle n’en reste pas moins toujours bien présente et aucune solution ne pointe à l’horizon, à moins qu’une lueur d’espoir ne vienne d’un homme de 93 ans.

À deux reprises ce mois-ci, l’ancien président américain Jimmy Carter a manifesté son désir de se rendre en Corée du Nord afin d’amorcer un dialogue entre Washington et Pyongyang. Au début d’octobre, dans une tribune publiée par le Washington Post, le Prix Nobel de la paix invitait l’administration Trump « à proposer l’envoi d’une délégation de haut niveau à Pyongyang pour mener des pourparlers de paix ». Sans le dire, Carter se voyait bien la diriger.

Ne voyant rien venir de Washington, Carter a renouvelé sa proposition en se disant, cette fois, prêt à se rendre immédiatement en Corée du Nord. Dans une interview au New York Times dimanche, il s’est dit inquiet de la tournure de la situation et pense que le leader nord-coréen est plus dangereux que son père maintenant qu’il a des armes nucléaires.

Carter est un des rares Américains à bien connaître la Corée du Nord. Il a même évité un conflit militaire entre les deux pays au début des années 90. 

À cette époque, les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique confirment l’existence d’un programme nucléaire militaire. Le président Bill Clinton menace de le détruire. C’est alors qu’intervient Carter. Il est envoyé en mission privée en mars 1994 afin de rencontrer le président Kim Il-sung, grand-père de l’actuel chef d’État nord-coréen.

Au grand étonnement du monde, Carter et Kim Il-sung jettent les bases d’un accord qui sera signé quelques mois plus tard à Genève. L’accord prévoit le gel du programme nucléaire, la fourniture à la Corée du Nord de deux centrales nucléaires à eau légère utilisées pour le nucléaire civil, la livraison de pétrole, la normalisation des relations entre les deux pays et la levée de l’embargo imposé après la guerre de Corée.

Malgré ses faiblesses, cet accord a tenu pendant huit ans et Clinton, en fin de mandat, était prêt à se rendre à Pyongyang pour le renforcer. Finalement, prenant prétexte de plusieurs violations par la Corée du Nord, son successeur, George Bush, a désavoué l’accord en 2002.

Le retour de Jimmy Carter comme médiateur pourrait-il donner des résultats ? 

Visiblement, l’ancien président croit toujours à sa bonne étoile. Comment le lui reprocher ? Après tout, Henry Kissinger, lui aussi à 93 ans, joue encore les intermédiaires entre Washington et Moscou.

Cependant, la situation n’est plus la même qu’il y a 20 ans. Depuis, la Corée du Nord a franchi toutes les étapes qui font d’elle une puissance nucléaire : le redémarrage de la production de combustible nucléaire, la maîtrise de l’essai souterrain, le lancement de missiles à moyenne et longue portée et la confection d’ogives pouvant être placées sur des missiles. Elle lui reste à maîtriser la technique de rentrée dans l’atmosphère des ogives et leur guidage vers une cible précise.

Forte de ses exploits, la Corée du Nord a résisté à toutes les menaces. Même les sanctions n’ont pas entamé sa détermination à accéder au club des puissances nucléaires.

Si, d’aventure, Trump confiait à Carter une mission, sur quelles bases la discussion devrait-elle se dérouler ? Il y a une certitude : Carter n’acceptera jamais d’évoquer l’intervention militaire, il n’y croit pas, comme d’ailleurs tous les experts ayant encore une tête sur les épaules. Il lui reste une option à discuter : la reconnaissance de la Corée du Nord comme puissance nucléaire et l’établissement de relations officielles avec elle afin de négocier un gel de la production d’armes nucléaires et de missiles à moyenne et longue portée.

Pour l’instant, les Occidentaux, les États-Unis en tête, refusent cette option. Ils sont pourtant dans une impasse. Le président américain devrait laisser Carter partir pour Pyongyang. Sait-on jamais…

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.