Stéphane Laporte Clin d’oeil Mardi 2019-10-01

« Au lieu de l’appeler, j’aurais dû envoyer des messages privés au président de l’Ukraine. »

— Donald Trump sur Twitter

Courrier

« Médecins de famille, redonnons à notre généreuse population »

Vous avez été nombreux à commenter le texte de la Dre Geneviève Dechêne, « Médecins de famille, redonnons à notre généreuse population », publié dimanche. Voici un aperçu du courrier reçu. 

Souvenez-vous de votre serment

Maintenant retraité après 35 ans de service, je ne peux qu’abonder dans le sens des propos de ma collègue. Si je dis « service », c’est que nous devrions être au service de la population qui paie notre salaire et non à celui de notre portefeuille. S’il fallait qu’une entreprise fonctionne comme notre système de santé, elle aurait fermé ses portes depuis belle lurette.

N’en déplaise à mes ex-collègues, vous êtes des enfants gâtés. Ne me dites pas que vous avez travaillé fort pour arriver là ; bien des gens travaillent fort tous les jours de leur vie avec les moyens que la nature leur a donnés. Soyez fiers de ce que vous avez accompli, mais souvenez-vous de votre serment.

— Matthieu Brunet, médecin retraité

Un monstre qui ne cesse de grossir

Triste constat, mais connu depuis longtemps. Les médecins ont évolué avec la société dont ils font partie. Ils sont trop nombreux à vouloir travailler moins tout en empochant les mêmes revenus, indépendamment de leur sexe. Pour un trop grand nombre, leur qualité de vie l’emporte sur la disponibilité, la vocation du siècle dernier semble avoir cédé la place à un emploi très bien rémunéré avec la gratification des patients qui ont la chance d’avoir un médecin de famille. Déséquilibre entre le service rendu et la récompense reçue dans plusieurs cas.

Je ne crois pas qu’augmenter le nombre d’admissions réglerait le problème. Depuis 15 ans, le nombre de diplômés s’est accru considérablement sans succès notable. Je suis de ceux qui favorisent les mesures qui avaient été mises en place par l’ancien ministre, car si après avoir fait appel à l’intelligence des gens puis à leur cœur il n’y a pas de résultats, vous devez utiliser la carotte et le bâton.

Quant à la facturation à l’acte, il y a là un monstre qui ne cesse de grossir en faveur des médecins, particulièrement ceux qui multiplient des actes inutiles ou non pertinents, sans oublier ceux qui exploitent au maximum les menus détails de la bible qu’est devenu le manuel de rémunération des omnipraticiens à l’acte. Je pourrais épiloguer longuement sur le sujet, mais ce serait en vain, malheureusement. 

— Claude Ménard, médecin retraité, Laval

Privilégiés

Point de vue très intéressant. Pourquoi toujours demander la lune alors que les conditions salariales sont déjà excellentes ? Ouvrez vos yeux, médecins, et regardez autour de vous : vous êtes de grands privilégiés.

— Michel Villeneuve

Une rémunération élevée implique un certain niveau de service

Votre opinion est de la musique à mes oreilles. Après environ 35 années de pratique comme médecin de famille, avant de réorienter ma carrière pour les 14 dernières années, j’ai toujours tenté d’en donner le plus possible à la population. Le privilège de l’accès à la profession, le statut social en lien avec le titre et un niveau socioéconomique privilégié conduisent à l’obligation morale de « donner au suivant ».

Depuis quelques années, ce n’est malheureusement pas le cas pour trop de nos collègues qui, au fil des augmentations de revenu, se sont créé un contexte professionnel confortable en travaillant de moins en moins, tentant de gagner leur revenu optimal ou souhaité le plus rapidement possible sans que le service à la population ne soit l’objectif premier. Et cela, sans avoir, ou si peu, l’obligation de faire l’effort de fournir des services durant les heures ingrates ou, à tout le moins, par association avec d’autres collègues, s’assurer que leur clientèle ait un accès à des services une douzaine d’heures par jour, sept jours sur sept.

Ce qui devrait être l’objectif de notre système de première ligne dans lequel la population investit autant d’argent au moyen de ses taxes et ses impôts. Dre Dechêne, si plus de médecins de famille pensaient comme vous, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec aurait probablement été forcée d’orienter les omnipraticiens vers une pratique davantage en équilibre entre le service à la clientèle et le niveau de leurs revenus plutôt que vers une pratique qui semble surtout, aux yeux de la population et des miens, axée vers le bien-être financier du médecin.

Je n’ai aucune difficulté avec l’idée que les omnipraticiens soient bien rémunérés, quoiqu’un niveau supérieur à celui de l’Ontario soit quelque peu indécent, mais une rémunération élevée vient systématiquement avec l’obligation d’un niveau de service élevé envers la population.

— Marc Couturier, médecin, Gatineau

Une situation indécente

C’est clair qu’il manque de médecins. Qu’est-ce qu’attend le gouvernement pour en former plus et former plus de « superinfirmières » ? Cessons de tripoter les structures. Rendons les hôpitaux plus autonomes et imputables. Permettons plus de privé. C’est indécent qu’on soit dans une situation comme celle-là. Un pays riche comme le nôtre !

— François Colbert

Attitude affairiste

Enfin, un médecin qui se préoccupe de soins, de population captive, des besoins criants d’une population de plus en plus vulnérable. Il y a pourtant un grand nombre de ces professionnels engagés. Mais, hélas, nous sommes forcés de constater que jusqu’à maintenant, la Fédération ne s’est jamais préoccupée d’assumer convenablement sa responsabilité (que vous décrivez pourtant avec grande clarté) des services de première ligne qui relèvent de sa compétence.

Peut-être, comme vous l’insinuez subtilement, que le rôle ne peut être assumé par un syndicat, et encore moins par un président qui est préoccupé par les salaires, mais beaucoup moins par les exigences du contrat social qui devrait normalement lier les omnis à la population.

L’exemple le plus représentatif de cette attitude affairiste est celui de l’engagement de la Fédération de collaborer à la mise en place des équipes médicales dans les cliniques de première ligne, mais pour une disponibilité qui s’arrête à 20 h seulement, comme si la maladie devait respecter l’horaire du médecin !

Je vous encourage à poursuivre votre travail pour la solution des préoccupations qui vous tenaillent. Regroupez les médecins qui partagent votre malaise, formez des groupes de travail avec des universitaires et des experts reconnus, et amorcez une véritable planification de ce grand projet de doter vos concitoyens d’une véritable prise en charge des services de première ligne.

Votre cri du cœur réchauffe le mien.

— René Tremblay, médecin retraité

Des solutions efficientes

Plus de médecins, ce serait une explosion des coûts de santé. Plus d’infirmières et de professionnels de la santé, plus de travail en équipe et de délégation de tâches pour les suivis, et des soins à domicile impliquant peut-être des modifications du mode de paiement seraient plus efficients que le mode traditionnel du bureau.

— Jacques Gagnon, médecin retraité

Un coût de la vie moindre

J’espère que l’opinion de ce médecin est partagée par la majorité de ses confrères. Comme plusieurs Québécois, j’ai un grand respect pour les médecins qui me soignent, mais je ne suis pas pour autant sensible aux revendications salariales incessantes de leurs syndicats, dont l’appétit du gain ne semble jamais satisfait. Il est reconnu que le coût de la vie au Québec est moindre qu’en Ontario et, d’ailleurs, cette réalité se reflète dans le salaire des employés de l’État. Les médecins sont rémunérés par ce même État ; la même logique s’applique.

— Carole Héroux

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