Les murs végétaux, la laine de chanvre, la cellulose et les revêtements de bois pour l’intérieur et l’extérieur figurent parmi les produits qui seront mis de l’avant lors du premier Salon de la construction biosourcée du Bas-Saint-Laurent, qui se tiendra le 25 avril, à Rivière-du-Loup.

À découvrir : une trentaine de produits provenant du Québec ou en développement, qui permettent de construire des bâtiments performants et écologiques, avec un très faible impact environnemental.

Matériaux naturels et écolos

« Les produits biosourcés sont fabriqués à partir de ressources qui sont renouvelables, contrairement à ce qui vient de l’industrie pétrochimique, qui émet beaucoup de gaz à effet de serre et dont les ressources ne se renouvellent pas d’elles-mêmes », explique Mylène Joncas, directrice adjointe du Créneau Écoconstruction, qui organise le salon en collaboration avec le SEREX et Cecobois.

Le bois demeure le matériau biosourcé le plus connu. « Mais beaucoup d’autres fibres naturelles peuvent être utilisées pour produire des matériaux super innovants et aussi performants, sinon plus, que ce qui est fait de manière conventionnelle, issu de l’industrie pétrochimique, précise-t-elle. Lorsqu’on parle de la performance d’un bâtiment, il est question bien sûr de la gestion de l’énergie, mais aussi de la gestion de l’humidité, de la qualité de l’air, du confort pour les habitants. La qualité d’absorption des isolants naturels, comme le chanvre, les panneaux de fibres de bois et la cellulose, permet d’avoir une gestion du confort ambiant, parce que la nature le fait d’elle-même. »

Dans l’ère industrielle, les matériaux considérés comme performants sont ceux qui sont fabriqués en grande quantité, qui donnent une valeur R, qui est la valeur thermique au Québec et au Canada, fait remarquer René Couture, conseiller stratégique principal de l’entreprise d’écomarketing E=MK2.

« En Amérique du Nord, on pense beaucoup au froid, indique-t-il. Avec le réchauffement de la planète, il existe aussi des possibilités d’avoir des matériaux qui vont mieux composer avec la chaleur. L’été, cela prend l’air climatisé en dedans, parce que c’est trop chaud. Les matériaux biosourcés sont des capteurs de carbone, mais ce sont aussi des capteurs de chaleur, qui vont également mieux gérer le froid. On suit ce qui se fait en Europe. Ils sont plus avancés là-bas, parce qu’ils sont probablement plus affectés par le réchauffement de la planète. On parle maintenant de bâtiments qui sont perspirants, c’est-à-dire qui respirent. »

Impact majeur des matériaux sur l’empreinte écologique

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Emmanuel Cosgrove, directeur général d’Écohabitation, devant sa maison de campagne LEED Platine au bilan carbone neutre, à Wakefield, construite presque entièrement avec des matériaux biosourcés

Le colloque à Rivière-du-Loup permettra de mieux faire connaître les matériaux biosourcés, se réjouit Emmanuel Cosgrove, directeur général d’Écohabitation et évaluateur sénior LEED Canada pour les habitations. Sa maison de campagne LEED Platine au bilan carbone neutre, à Wakefield, a d’ailleurs été construite presque entièrement avec des matériaux biosourcés.

Lisez notre article sur la maison de Wakefield

« Il faut que les professionnels se demandent tout le temps s’ils auraient pu choisir plus d’éléments biosourcés pour chacun de leurs contrats, estime-t-il. Il faut aussi réfléchir à la disponibilité des matériaux biosourcés dans nos quincailleries. On fait l’équation tout le temps entre l’efficacité énergétique d’un bâtiment et le carbone. Mais si tu as un bâtiment plein de béton, de plastique, de vitres et de métal, qui consomme peu d’électricité, ce sont les matériaux qui vont créer le gros du bilan carbone, pendant le cycle de vie de l’immeuble. »

Dans le top 20 des grands pollueurs, côté émissions annuelles de carbone au Québec, il y a une grande sélection de fournisseurs directs ou indirects de matériaux de construction. Ce sont des alumineries, des cimenteries et des fabricants d’isolants. Il n’y a aucun fabricant de matériaux biosourcés parce qu’en gros, ils n’émettent à peu près rien.

Emmanuel Cosgrove, directeur général d’Écohabitation et évaluateur sénior LEED Canada pour les habitations

Un standard à établir au Québec

L’établissement d’un standard est nécessaire pour limiter le carbone des bâtiments construits au Québec, croit-il. C’est justement là-dessus que travaille le Laboratoire interdisciplinaire de recherche en ingénierie durable et en écoconception (LIRIDE), dirigé par Ben Amor, professeur agrégé au département de génie civil et génie du bâtiment de l’Université de Sherbrooke. « Cela va prendre encore trois ans avant de pouvoir le lancer, mais il y a toute une série de doctorats et de thèses de maîtrise présentement là-dessus », révèle Emmanuel Cosgrove.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

L’utilisation du bois à l’intérieur et à l’extérieur a été soigneusement planifiée. « La révolution dans le bâtiment se fera par les matériaux biosourcés », prédit Emmanuel Cosgrove, d’Écohabitation.

Le Réseau de recherche en économie circulaire du Québec, qui regroupe aussi plusieurs universités, se penche également beaucoup sur les matériaux de construction. « Une façon de favoriser l’économie circulaire est de minimiser les intrants dans nos matériaux de construction pour que les matériaux en fin de vie d’un bâtiment, par exemple, trouvent toujours preneur ailleurs, précise l’écologiste. Il y a plein d’idées en circulation, comme le fameux BIM, Building Information Management, qui serait un genre d’entrepôt virtuel où les matériaux d’un bâtiment en fin de vie ou changeant de vocation seraient mis sur le marché. »

Il y croit fermement. « Tout cela va se faire dans le futur, prédit-il. Pour l’instant, ce sont des penseurs comme nous qui essaient de démarrer tous ces chantiers-là. »

Consultez le site de Créneau Écoconstruction

Une maison construite avec des matériaux biosourcés

L’habitation témoin de l’entreprise Gaïaa Sources