COMMANDITÉ

Revoir notre système de don d’organes
pour sauver plus de vies

Malgré des avancées importantes dans ce domaine, le Québec fait piètre figure en matière de don d’organes : en 2022, seuls 19,7 donneurs par million d’habitants y sont recensés, comparativement à 22,1 en Ontario et à 44,6 aux États-Unis. Pour améliorer la situation et sauver plus de vies, le cadre législatif est à revoir. « Ce n’est pas qu’un seul changement qui serait bénéfique, mais plutôt l’amélioration de l’ensemble du processus », observe Martine Bouchard, directrice générale de Transplant Québec. À l’aube de la tenue d’une commission parlementaire sur le sujet, voici un portrait de la situation et quelques pistes de solution.

Le don d’organes : un processus complexe 

1. Identification

L’équipe de soins identifie une personne qui pourrait répondre aux critères d’un donneur potentiel.

2. Référence

L’admissibilité de la personne est confirmée en vérifiant si elle a préalablement consenti au don d’organes aux registres de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) et de la Chambre des notaires du Québec.

3. Communication du diagnostic et pronostic

L’équipe de soins explique à la famille que le décès du proche est inévitable.

4. Offre

Le pronostic étant irréversible, l’option du don d’organes est présentée à la famille en demandant à cette dernière de prendre une décision basée sur les volontés et les valeurs de la personne. L’accord de la famille est nécessaire pour aller de l’avant.

5. Évaluation, qualification et prélèvement

Dès lors, une logistique complexe s’enclenche en urgence et permet, pour chaque donneur, de sauver jusqu’à 8 vies et d’aider jusqu’à 20 personnes à retrouver une qualité de vie.

https://www.transplantquebec.ca/identification-et-admissibilite

  Les spécialistes sont unanimes : c’est grâce à l’intégration d’une multitude d’ajustements que la situation pourra s’améliorer.

Assurer le respect des dernières volontés 

Plus du quart de la population québécoise (27 %), bien qu’elle soit favorable au don de ses organes, n’a toujours pas fait connaître son consentement en la matière, ce qui rend plus délicate l’approche auprès de la famille. Même après qu’une personne a signé l’autocollant au dos de sa carte d’assurance maladie ou s’est inscrite à l’un des registres, sa famille a toujours le droit de refuser.  

« Sous le coup de l’émotion, faute de connaître les intentions de la personne, les proches pourraient refuser d’approuver le consentement préalablement donné. Par respect pour la famille endeuillée, Transplant Québec met alors fin au référencement. » 

– Martine Bouchard, directrice générale de Transplant Québec 

Mieux former les professionnels de la santé 

C’est souvent en raison d’un décès soudain, inattendu et/ou accidentel qu’une personne admise en centre hospitalier est considérée pour un don d’organes. « La famille a besoin de temps et d’accompagnement pour vivre son deuil, rappelle Martine Bouchard. L’option du don d’organes doit être présentée au moment opportun, avec une grande sensibilité, de l’humanisme et de la compassion. »

Or, aucune formation spécifique sur ce sujet délicat n’est offerte, ni lors des études en médecine et en soins infirmiers ni dans les centres hospitaliers. 

« Ce travail nécessite d’être spécialement formé et outillé, car une approche trop abrupte peut entraîner un refus catégorique. » 

– Martine Bouchard, directrice générale de Transplant Québec 

Se doter d’un organisme responsable  

Aucun organisme n’est encore responsable de l’ensemble des maillons qui forment la grande chaîne du don d’organes. Par exemple, aucun n’a l’autorité nécessaire pour s’assurer de la disponibilité des salles d’opération ou pour veiller à ce que les centres hospitaliers respectent leur obligation à référer des donneurs potentiels. Parce que chaque don compte, Transplant Québec propose d’assumer cette responsabilité.  

Commission parlementaire : le premier pas vers une loi encadrante ? 

À l’heure actuelle, le Québec ne dispose d’aucune loi propre au don d’organes et à la transplantation. Après des années de démarches, Transplant Québec se réjouit qu’une commission parlementaire sur ce sujet soit entreprise cette semaine.   

« Ce qu’il faut, c’est qu’un cadre législatif spécifique et complet donne tous les leviers nécessaires pour sauver des vies. Pour notre société, voici enfin l’occasion de discuter du don d’organes et de nous engager collectivement à respecter les volontés de chaque personne. » 

– Martine Bouchard, directrice générale de Transplant Québec 

Comment faire respecter vos dernières volontés ? 

• Signez l’autocollant au dos de votre carte d’assurance maladie.

• Inscrivez-vous au Registre des consentements au don d’organes et de tissus de la RAMQ ou de la Chambre des notaires du Québec.

• Discutez avec votre famille et exprimez clairement vos intentions auprès d’elle.

• Demandez-lui de respecter vos dernières volontés.

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