La transition énergétique à plein régime 

Les entreprises manufacturières de tous les secteurs industriels s’impliquent de plus en plus dans la transition énergétique en recherchant des solutions pour réduire au minimum leur empreinte environnementale. Ce que constate de façon probante la firme d’ingénierie BBA, spécialisée dans les ressources naturelles et l’énergie, qui anticipe que la décarbonation est devenue l’enjeu économique prioritaire des 15 prochaines années.

BBA est une firme québécoise méconnue qui compte 1200 spécialistes dans 15 bureaux au Canada et un à Santiago, au Chili, et dont le siège social, situé à Mont-Saint-Hilaire, abrite 350 ingénieurs.

Mardi soir, la firme BBA, en association avec Polytechnique et le consortium SAF+, s’est illustrée à la 20édition des Grands Prix du génie-conseil québécois en remportant le Prix visionnaire pour l’année 2021.

« On a intégré la technologie développée par Polytechnique dans un processus industriel qui permet de transformer le CO2 produit par l’entreprise pétrochimique Parachem pour le combiner avec de l’hydrogène et en faire du carburant d’aviation durable dans une usine-pilote de Montréal-Est », résume Jérôme Pelletier, PDG de BBA.

Ce carburant de substitution pour remplacer le kérosène est moins polluant et permet de capter le CO2 d’une entreprise de pétrochimie qui autrement serait émis dans l’atmosphère.

BBA et le consortium SAF+ (pour sustainable aviation fuels) entreprendront prochainement le développement et la construction d’une usine capable de produire 30 millions de litres de carburant durable d’ici 2026. Le consortium SAF+ est soutenu par d'importants acteurs de l’industrie aéronautique québécoise, notamment Transat et Airbus.

La décarbonation du secteur de l’aéronautique est devenue une priorité pour les manufacturiers de l’industrie et les exploitants de lignes aériennes, tout comme les constructeurs de jets d’affaires qui doivent à tout prix verdir le privilège que s’offrent les mieux nantis de la planète pour réaliser leurs déplacements solitaires.

Bombardier a d’ailleurs déjà commencé à utiliser de façon plus systématique les carburants d’aviation durables à ses installations de Saint-Laurent, où elle réalise les tests de vol de ses nouveaux appareils. L’Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), qui tenait son assemblée générale à Montréal mardi, a aussi mis en tête de ses priorités la décarbonation de l’industrie aéronautique mondiale.

L’enjeu de l’heure

La construction de l’usine pilote de Montréal-Est n’est pas le premier projet de captation et de recyclage de gaz à effet de serre auquel est associée BBA. La firme de génie a participé il y a quelques années au développement et à la construction d’une unité de captage de carbone de la société COSolution à l’usine de Produits forestiers Résolu à Saint-Félicien.

Cette unité a été mise sur pied pour purifier les émissions de CO2 des cheminées industrielles de l’usine de pâtes et les utiliser dans le complexe attenant de la firme Serres Toundra, qui produit des concombres à grande échelle.

BBA a aussi été associée à la mise sur pied de l’usine de production de biocarburant de la société montréalaise Enerkem à Edmonton.

« On travaille avec des entreprises qui innovent et qui proposent des solutions tout à fait révolutionnaires. On doit les aider à rendre leurs projets réalisables et opérables à une échelle industrielle. »

– Lyne Ricard, directrice générale chez BBA

La spécialiste du développement de projets donne en exemple la collaboration entre BBA et la société Carbon Engineering de Squamish, en Colombie-Britannique, qui veut mettre au point une technologie de captage de carbone directement dans l’air, sans l’aspirer d’une cheminée industrielle.

« On travaille à la réalisation de cette technologie, à son application industrielle. La concentration de CO2 dans le ciel n’est pas la même au Texas qu’au Canada. Il faut purifier le CO2, le déshumidifier avant de pouvoir le transformer », explique Mme Ricard.

Jérôme Pelletier souligne, pour sa part, que toutes les entreprises de tous secteurs confondus – mines, métaux, pétrochimie, foresterie, utilités publiques… – cherchent à réduire leur empreinte.

Très impliquée dans le secteur minier au Québec, où l’entreprise a notamment réalisé toute l’ingénierie du projet de Mine Malartic et celle de la mine de fer du lac Bloom, BBA constate aujourd’hui que tous ses clients veulent trouver le moyen de réduire leurs émissions de CO2, avec le passage du diésel au gaz naturel et ultimement à l’hydrogène.

« On le fait aussi chez nous, où on a décidé d’effacer toutes nos émissions carboniques depuis la fondation de l’entreprise il y a 42 années. On a décidé de devenir net zéro. On réduit les déplacements entre nos bureaux et les voyages chez nos clients en utilisant les nouvelles technologies. On a adopté un mode de travail hybride avec deux jours au bureau.

« C’est un projet qui mobilise d’une façon ou d’une autre nos 1200 employés, mais c’est aussi une réalité chez nos clients qui demandent à nos employés de les aider à réduire leur propre empreinte », observe le PDG.

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