Le magasinage n’est pas terminé
Le CF Montréal a plus d’une bonne raison d’espérer le succès de la sélection canadienne dans son parcours en qualifications pour la Coupe du monde de 2022.
Primo, ses joueurs James Pantemis, Samuel Piette, Kamal Miller et Alistair Johnston en font partie et pourraient acquérir une expérience quasi inespérée en allant au Qatar.
Secundo, la valeur de ces joueurs pourrait en être grandement augmentée.
Parce que ce n’est pas un secret chez le CF Montréal : la philosophie du club, sous son directeur sportif, Olivier Renard, est d’acquérir de jeunes joueurs à bas prix, de les faire progresser, et de les revendre à profit.
Malgré les apparences, l’acquisition du défenseur Alistair Johnston la semaine dernière – au prix considérable de 1 million de dollars étalé sur deux ans – est en cohésion avec ce modèle d’affaires.
Interrogé à ce sujet dans la foulée du transfert de l’international canadien, l’adjoint de Renard, Vassili Cremanzidis, était catégorique.
« La réponse est noire et blanc : bien sûr, c’est notre philosophie, explique Cremanzidis. [Alistair Johnston] est un bon joueur MLS, il a fait une bonne année et demie dans la ligue. J’espère qu’il va être partant avec nous, ça c’est au coach et au joueur de décider. Il vient avec nous, il joue bien au football, il va nous aider sur le terrain.
« Le Canada normalement va se qualifier pour sa première Coupe du monde depuis 1986, continue-t-il. Il peut prendre de la valeur là et, après, on verra s’il y a des offres pour lui. C’était important quand même d’avoir un contrat pour au moins quatre années. »
Lors de sa visioconférence avec les médias montréalais le 30 décembre, Johnston a assuré être pleinement « concentré » sur sa première saison dans la métropole. Mais il ne s’est pas défilé non plus.
« Je sais qu’en MLS, si tu joues très bien année après année, tu as des occasions pour aller jouer en Europe, a souligné Johnston. C’est une de mes aspirations. »
« On verra ce qui arrive dans le futur, en espérant qu’on ait une très bonne saison cette année », a-t-il ajouté.
L’ironie de l’acquisition de Johnston, c’est qu’il était disponible pour le CF Montréal au SuperDraft de la MLS en 2020.
Montréal avait repêché Jeremy Kelly au neuvième rang, avant de le refiler instantanément aux Rapids du Colorado en retour de 75 000 $ d’argent d’allocation générale. Nashville avait choisi Johnston au 11e rang.
« Comme vous pouvez voir, le repêchage n’a pas toujours été très fort pour le CF Montréal », convient Cremanzidis.
Il aborde lui-même le cas de Mason Toye, semblable à celui de Johnston. Au repêchage de 2018, Montréal avait échangé ses deux choix de premier tour, le quatrième au FC Dallas, puis le septième au Minnesota United.
Minnesota avait repêché Toye au septième rang. Deux ans plus tard, le 1er octobre 2020, Montréal allait chercher l’attaquant en échange de 600 000 $ d’argent d’allocation générale.
Au vu de ces deux évènements, « ça devient évident que le CF Montréal a manqué ces joueurs », avoue Cremanzidis.
« À cette époque, [Alistair Johnston] n’était pas le même joueur qu’il est aujourd’hui, continue-t-il. Nashville a fait du bon travail avec sa formation. »
Mais il révèle que le CF Montréal portera maintenant plus attention au SuperDraft de la MLS.
« On a changé des choses à l’interne. On a embauché des personnes établies aux États-Unis, qui connaissent le monde collégial. »
« On doit améliorer notre dépistage de la NCAA, du collège. C’est ça qu’on espère faire cette année. »
— Vassili Cremanzidis
Même si la COVID-19 vient partiellement contrecarrer les bonnes intentions du club à cet égard, les joueurs étant plus difficiles d’accès, le CF Montréal détient encore son premier choix pour le repêchage de 2022, qui se tiendra le 22 janvier prochain.
« Pour l’instant, on l’a encore ! », lance Cremanzidis en riant.
Le magasinage de la saison morte n’est pas tout à fait terminé, confie l’adjoint au directeur sportif.
« On a deux positions qu’on peut remplir, explique-t-il. […] On a besoin d’un peu de profondeur sur la ligne défensive. Après, on essaie de trouver un autre joueur qui pourrait nous aider sur une autre position sur le terrain. »
Pour Johnston, Montréal envoie 750 000 $ d’argent d’allocation générale à Nashville en 2022, puis 250 000 $ en 2023.
« On n’a pas beaucoup d’espace sous le plafond salarial en payant cette somme à Nashville, explique Cremanzidis. Mais ça nous laisse un peu de place pour prendre peut-être un jeune joueur désigné ou une place U22. »
Cette « place U22 », c’est la U22 Initiative, qui permet aux clubs de signer trois jeunes joueurs de moins de 22 ans sans que leur salaire soit entièrement comptabilisé sur la masse salariale. Matko Miljevic, Sunusi Ibrahim et Robert Thorkelsson ont cette étiquette chez le CF Montréal.
« On est remplis sur les U22, mais il y a une ou deux possibilités de travailler avec les règles, d’enlever cette désignation sur un joueur pour utiliser une des places. »
« On va peut-être amener un joueur important, un jeune. Mais jusqu’ici, beaucoup de travail était sur Alistair. Notre département de dépistage, Olivier et moi cherchons d’autres joueurs. »