Un gars, une passion

Peindre Montréal

Gilles Blain, 63 ans

Passion : la peinture

Occupation : concepteur graphique

Ville : Montréal

Il a choisi de peindre un Montréal que les touristes ne connaissent pas. Pourtant, c’est le Montréal de tous les jours, le Montréal de quartier, Villeray plus spécifiquement, le Montréal coloré et vivant qu’on avait l’habitude de lire dans les romans et non pas d’apprécier sur une toile. Gilles Blain peint son voisinage avec talent et amour. Chaque coup de pinceau nous rapproche d’un quotidien ordinaire, mais magnifique à regarder.

« J’aime Montréal, j’aime mon quartier ! », lance d’entrée de jeu l’artiste peintre, qui a fait ses débuts derrière une table à dessin, comme illustrateur en publicité. Il avait étudié en dessin commercial, l’ancêtre du graphisme, et se spécialisait dans les dessins de meubles : « À cette époque, le dessin sortait mieux que la photo à l’impression. Alors nous devions dessiner les publicités pour les journaux et magazines. En dessinant des meubles, j’ai appris l’importance de respecter les perspectives, de maîtriser les lignes droites, de bien aligner les choses. Je crois que ça se sent dans mes toiles aujourd’hui. » Il a poursuivi une carrière en dessin, notamment en faisant les caricatures de la semaine pour des hebdos de quartier, puis en conception graphique, avant de se consacrer complètement à la peinture.

Ses premières toiles représentaient surtout des paysages d’hiver. Puis il a décidé d’explorer autre chose : « Je me suis lancé des défis : des nus, des personnages de jazz, etc. C’est un peu accidentellement que je me suis mis à peindre des paysages urbains », raconte Gilles Blain. Étant un habitué du restaurant Da Lillo, il s’est permis de recommander au propriétaire d’habiller un grand espace vide sur un mur de la salle à manger. On lui a répondu qu’il pouvait certainement résoudre cette situation et demandé de proposer quelque chose. « J’ai fait de très grands formats pour le restaurant. J’en faisais un par saison. J’ai décidé de peindre la bâtisse, à l’extérieur, et j’ai ajouté des personnages. J’ai eu beaucoup de plaisir à le faire. » La réaction a été excellente. Cette toile a marqué un tournant pour Gilles Blain.

La province vue par les artistes peintres, c’est souvent le Vieux-Québec, le Vieux-Montréal, des bâtiments emblématiques et les quatre saisons à la campagne. « Moi, je veux sortir de là, je veux montrer la vie de quartier, Rosemont ou Villeray, ce n’est pas là qu’on trouve les plus grands monuments de Montréal. C’est beau, tout simplement. » Gilles Blain souhaite donner une visibilité à ces lieux rarement visités par les touristes en utilisant intersections et bâtiments existants comme trame de fond pour ses scènes de la vie quotidienne dans la métropole. « C’est rare qu’on voie un touriste sur la rue Saint-Gérard, pourtant, c’est aussi ça, Montréal ! » Inspiré, entre autres, par Norman Rockwell, Gilles Blain construit lui-même ses personnages et les met en scène sur chacune de ses toiles.

DES HONNEURS QUI FONT DU BIEN

En novembre 2014, lors de l’Expo-concours de La Prairie où 200 artistes étaient invités à présenter une œuvre, il a remporté le prix Coup de cœur du public. Même chose aux Moulins de Terrebonne, plus récemment. « Le calibre est très fort dans ce genre d’événement. Ça m’a énormément touché de remporter ces prix », confie humblement Gilles Blain.

C’est après une longue pause qu’il s’est remis à la peinture de paysages urbains, en 2009. « Depuis six ans, je peins presque quotidiennement, cinq ou six heures par jour. Quand je ne peins pas, je marche, je prends des photos, je fouille dans mon quartier à la recherche d’idées, d’images. Je pense tout le temps à la peinture. Et depuis que je m’y suis remis, je constate à quel point la vie est belle. » 

« Je vivais beaucoup de stress dans mon travail, avant de tout laisser tomber pour peindre. Je ne me suis jamais senti aussi bien, en fait. »

— Gilles Blain

Pour l’instant, il n’expose pas dans une galerie, quoiqu’il s’agisse d’un projet sur lequel il souhaite se pencher à l’automne. Il utilise beaucoup les réseaux sociaux pour documenter l’évolution de ses peintures. Plusieurs de ses œuvres sont actuellement exposées à l’Institut national de santé publique du Québec, jusqu’à la mi-juillet.

Sa prochaine toile sera la représentation de la maison de Jackie Robinson, à l’époque où il habitait rue De Gaspé et jouait pour les Royaux de Montréal. « Je crois que je vais ajouter des enfants qui courent, qui jouent, peut-être avec des gants de baseball et des bâtons, pour qu’on sente l’histoire dans la toile », imagine déjà Gilles Blain.

Consultez la page Facebook de l’artiste : https://www.facebook.com/gilblainartist

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