Mon clin d'œil

Ce serait la bonne journée pour que le gouvernement déconfine l’attaque du Canadien.

OPINION : Économie circulaire

Le Québec a un fossé à combler

L’indice de circularité de l’économie du Québec, dévoilé par RECYC-QUÉBEC et Circle Economy dans le cadre des deuxièmes Assises québécoises de l’économie circulaire, est loin d’être réjouissant. L’économie du Québec ne serait circulaire qu’à 3,5 %. Cela signifierait qu’une proportion gigantesque des ressources utilisées pour satisfaire nos besoins sont malheureusement rejetées après une première utilisation.

La création de boucles remettant en circulation ces flux de matières négligés représente un enjeu capital, mais surtout une occasion économique majeure.

Les résultats de ce rapport démontrent que le Québec est encore très largement dépendant d’une économie linéaire surconsommatrice de ressources, où ces dernières ne sont presque pas réinjectées dans l’économie après usage. On qualifie de « linéaire » l’économie actuelle, fondée sur l’approche « extraire-transformer-distribuer-utiliser-jeter ».

À chaque étape, des pertes sont enregistrées sous forme de gaspillage, de pollution ou de déchets. Fruit de l’ère industrielle, il s’agit malheureusement du modèle économique dominant dans le monde, depuis au moins 150 ans.

À l’échelle mondiale justement, c’est un peu moins de 9 % seulement des ressources extraites qui réintègrent l’économie après un premier cycle d’utilisation1 ; c’est donc dire que le Québec doit mettre les bouchées triples juste pour se hisser à la moyenne mondiale, même si cette dernière est elle-même peu reluisante. En effet, chaque année, nous consommons l’équivalent de 1,7 planète, au prix d’une dégradation sans précédent des écosystèmes et en émettant de plus en plus de gaz à effet de serre (GES). Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) plaide ainsi depuis longtemps pour un découplage urgent entre la croissance économique, la consommation de ressources vierges et les impacts sur l’environnement2.

Relance et transition vers l’économie circulaire

Nous sommes à une période charnière où le Québec doit intégrer à sa relance économique la transition vers une économie décarbonée et plus circulaire.

Nous constatons depuis le début de la pandémie toute l’importance de favoriser une économie plus efficace, qui assure une meilleure gestion de ses ressources – a fortiori lorsqu’elles sont critiques et essentielles –, encourage des circuits courts et se développe localement. Nous devons aussi augmenter la performance et la compétitivité des entreprises qui doivent se montrer plus innovantes et s’assurer d’une productivité optimale des ressources matérielles et énergétiques utilisées.

L’économie circulaire vise à diminuer drastiquement nos besoins en ressources vierges en préservant au maximum, et le plus longtemps possible, la valeur des produits et de leurs composantes qui circulent déjà dans le marché ou qui y sont stockés de manière improductive.

En s’appuyant sur des stratégies, des technologies et des modèles d’affaires novateurs, l’économie circulaire s’attaque aux 96,5 % des ressources actuellement non circularisées qui entrent annuellement dans notre économie.

Passer à une économie circulaire, c’est ainsi s’accorder la capacité de satisfaire notre recherche de sobriété, de résilience et de plus grande autonomie visée par la relance économique dans le contexte de crise écologique et climatique.

Le rapport sur l’indice de circularité de l’économie de RECYC-QUÉBEC constituera une base de référence incontournable pour mesurer les progrès réalisés quant à la « circularisation » des ressources sur notre territoire. Un peu partout sur le territoire québécois, les initiatives de transition vers l’économie circulaire se développent. Pensons, entre autres, aux projets de symbioses industrielles actifs sous Synergie Québec3, ou au premier fonds d’investissement canadien en économie circulaire de 33 millions de dollars4 annoncé en mars dernier, ou encore, à la multitude d’initiatives que l’on retrouve sur la plateforme web Québec Circulaire5. Des appels à propositions6 visant le milieu des affaires ont été lancés par RECYC-QUÉBEC et le ministère de l’Économie et de l’Innovation. Sur le plan de la recherche, les Fonds de recherche du Québec visent à mettre sur pied un réseau de recherche panquébécois en économie circulaire, ce qui, au cours des années à venir, intensifiera le soutien à la transition par la génération de personnel hautement qualifié, de nouvelles connaissances, d’outils et de technologies.

Si le déploiement de ces initiatives nous permet de nous montrer enthousiastes pour les prochaines années, il manque toutefois une vision d’ensemble à l’échelle gouvernementale. À quand une feuille de route globale ou une politique-cadre sur l’économie circulaire ?

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