Parité au Conseil des ministres

Un nouveau recul lourd de sens

Cette lettre s’adresse au premier ministre du Québec, François Legault.

Monsieur le Premier Ministre, vous avez respecté une promesse faite le 7 mars 2016 lors du Sommet des femmes lorsque vous avez nommé votre premier Conseil des ministres en octobre 2018.

Vous vous étiez alors engagé à ce que votre gouvernement respecte assidûment la parité au Conseil des ministres en y nommant autant de femmes que d’hommes. Il s’agit d’un engagement fondamental pour notre société.

Nous déplorons qu’à chaque remaniement ministériel, vous vous éloigniez un peu plus de cette promesse solennelle faite devant plus de 1000 femmes réunies pour l’avenir de la cause féministe.

Votre engagement était alors explicite : « La parité ne sera vraiment atteinte en politique que lorsque le Conseil des ministres sera aussi composé de 50 % de femmes. C’est ça, la vraie égalité, une égalité décisionnelle. »

Vous ajoutiez même : « Et il faut aussi que le premier ministre s’engage à la parité dans la nomination des sous-ministres qui dirigent nos ministères. Ces nominations sont de la responsabilité du premier ministre ; il faut donc prêcher par l’exemple et je m’y engage. »

La nomination d’un nombre égal de femmes et d’hommes au Conseil des ministres à l’automne 2018 envoyait un message fort à la société : l’égalité entre les femmes et les hommes est une valeur fondamentale.

Vous avez même ouvert la première session parlementaire de ce nouveau gouvernement paritaire en réitérant cette profession de foi féministe : « Cette longue marche vers la parité hommes-femmes est une responsabilité de tous les partis et de chacun d’entre nous. J’en profite donc pour saluer les efforts de tous chez nous ; on va penser à Lise [Payette], entre autres, mais aussi à tout le monde qui nous a aidé à recruter des candidates. On a fait, de notre côté, élire 28 femmes. C’est le plus grand nombre de l’histoire pour un gouvernement. Je suis fier de ce résultat, mais en même temps, je suis conscient du chemin qu’il reste à parcourir. C’est aussi avec ce constat en tête que j’ai nommé un Conseil des ministres composé d’un nombre égal de femmes et d’hommes. Je tenais à envoyer un signal fort à l’Assemblée nationale, à l’ensemble du gouvernement, mais aussi à toute la société québécoise. L’objectif qu’on doit poursuivre, c’est que la parité devienne tout simplement une chose normale au Québec. »

Au nom des femmes qui ont tracé le chemin, dont Lise Payette, de celles qui le tracent aujourd’hui et de celles qui en bénéficieront, nous vous demandons de ne pas renier votre engagement.

Si son respect envoyait un message très fort, ce nouveau recul est, lui aussi, lourd de sens : pour le gouvernement Legault, ce n’est finalement peut-être pas si vrai ou si important de s’assurer que le Conseil des ministres soit un modèle de parité pour toute la société.

La parité n’est pas une notion élastique qu’on adapte selon les besoins de l’heure. Notre gouvernement doit donner l’exemple. On ne veut plus reculer.

* Cosignataires : Vivian Barbot, ex-députée de Papineau à la Chambre des communes ; Léa Cousineau, organisatrice du Sommet des femmes 2016 ; Andrée Corriveau, présidente fondatrice (2002-2012) de l’Association des femmes en finance du Québec (AFFQ) ; Françoise David, ex députée de Gouin à l’Assemblée nationale ; Martine Desjardins, organisatrice du Sommet des femmes 2016 ; Esther Lapointe, directrice générale du Groupe Femmes, Politique et Démocratie ; Marie Lavigne, administratrice de sociétés ; Andrée Poirier, présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.