Un livre à défaut des visites

La pandémie ralentit plusieurs sphères d’activité et les bonnes causes n’y échappent pas. À Rimouski, on espère toutefois avoir trouvé une solution pour contourner le problème.

La solution, elle est incarnée dans Un but à la fois, livre jeunesse écrit par François Bérubé et illustré par Vincent Rioux, alias VoRo. Il mettra notamment en vedette cinq membres de l’Océanic. Les fonds amassés iront à la Fondation du Centre hospitalier régional de Rimouski.

L’histoire a beau être fictive, les joueurs, eux, ne le sont pas. Il s’agit d’Anthony D’Amours, Nathan Ouellet, Zachary Bolduc, Isaac Belliveau et Luka Verreault.

« Nous, on est des figurants. On passe des moments avec les deux personnages principaux. Je ne veux pas trop en dévoiler, je ne veux pas me faire taper sur les doigts ! », lance en riant D’Amours, un défenseur de 20 ans.

Objectif : 37 500 $

Chaque année depuis cinq ans, à Rimouski, le mois de février est le « Mois des petits héros ». L’Océanic s’associe alors à la fondation de l’hôpital pour diverses activités.

« Normalement, on a une activité secrète, V.I.P., avec entre 20 et 40 enfants malades, explique Stéphanie Boulianne, directrice générale de la Fondation du Centre hospitalier régional de Rimouski. Ils passent la journée avec des joueurs. On fait des jeux, du patinage libre, du dek hockey, du dessin, une collation santé. Et le lendemain, des jeunes et leur famille sont invités à un match de l’Océanic. On choisit un jeune qui va dans le vestiaire avant le match et qui est sur la ligne bleue pendant l’hymne national. »

On comprend qu’en temps de COVID-19, ces activités sont impossibles. La LHJMQ devrait avoir repris ses activités en février (c’est prévu pour janvier), mais de telles initiatives seront évidemment impensables.

La solution est donc la publication d’un roman. L’objectif : amasser 37 500 $.

Quiconque ayant publié un ouvrage dira qu’il s’agit d’un chiffre astronomique. Mme Boulianne elle-même parle d’une cible « ambitieuse ».

Mais là où ça devient réaliste, c’est que la fondation a déniché trois partenaires pour couvrir les coûts de production du livre. « On ne voulait pas que la fondation assume un risque financier », explique Mme Boulianne.

C’est donc dire que tous les revenus de la vente des livres iront directement à la fondation. En vendant 1500 exemplaires à 25 $ chacun, l’objectif serait atteint.

Les sommes amassées seront les bienvenues, car la pandémie pose des enjeux bien réels pour la fondation.

« Les conséquences sont grandes, parce qu’une fondation, ça compte beaucoup sur des évènements en présentiel, souligne Mme Boulianne. On a dû annuler des évènements ou revoir la formule dans d’autres cas. Il y a des pertes financières liées à ça. Par contre, la pandémie amène une prise de conscience généralisée de la communauté par rapport à la santé. C’était une priorité, mais ce l’est encore plus maintenant. Depuis le début de la pandémie, on est témoins de beaux gestes de solidarité de nos partenaires. »

Un joueur qui s’implique

Ce n’est pas un hasard si Anthony D’Amours participe au projet. Il est l’ambassadeur principal du « Mois des petits héros », mais ce n’est là qu’une des causes qu’il appuie. Il a notamment participé au Défi têtes rasées Leucan, au Patin-O-Thon de l’Océanic, et s’est aussi impliqué avec Samuel Finn, qui a établi le record du monde pour le nombre de burpees, afin d’amasser des fonds pour la recherche sur le sarcome, un type de cancer qui se forme dans les tissus mous ou osseux.

L’an dernier, D’Amours a d’ailleurs été un des trois finalistes au titre de joueur humanitaire de l’année dans la LHJMQ.

À l’origine de son implication, il y a cependant une tragédie : la mort d’Alec Reid, un joueur de l’Armada de Blainville-Boisbriand, qui a succombé à des complications liées à l’épilepsie en mars 2019. C’est que D’Amours est lui-même épileptique.

« Ça m’a touché, confie-t-il. Je ne le connaissais pas personnellement. Mais c’est un gars de mon âge. Tu te mets à sa place, à la place des parents, de la famille. J’ai vraiment eu de la peine et ce n’était pas facile à vivre de mon côté. »

Pour souligner le premier anniversaire de la mort de Reid, D’Amours a d’ailleurs publié une vidéo, en mars dernier. « J’ai reçu des messages de sa famille quand j’ai fait ma vidéo et ça faisait chaud au cœur. »

« Avant, ce n’est pas que je ne voyais pas l’importance de m’impliquer, mais j’avais peut-être moins d’occasions. Mais maintenant que j’en ai, quand je finis ces activités, je me sens toujours bien. Pas besoin de me tordre le bras pour le faire ! J’avais ma propre satisfaction des actes que je faisais. »

— Anthony D'Amours

Avec Un but à la fois, D’Amours aura toutes les raisons d’être satisfait. Au-delà des sommes que l’initiative permettra d’amasser, le livre aborde aussi la question des troubles alimentaires et de la diversité corporelle. De plus, en cette période où l’achat local est plus valorisé que jamais, l’ouvrage est produit par deux artistes du Bas-Saint-Laurent.

Pour D’Amours, c’est aussi une belle façon de conclure son séjour de quatre ans avec l’Océanic. Le défenseur, jamais repêché dans la LNH, espère recevoir des offres pour jouer à l’université ou au niveau professionnel, à défaut de quoi il terminera son diplôme d’études collégiales en maintenance industrielle.

En attendant, il maximise pleinement la visibilité que lui confère son statut de joueur de l’Océanic.

« On est beaucoup suivis sur les réseaux sociaux. Rimouski est une petite ville, donc tout ce qu’on fait est vu. On est un petit milieu, mais on fait beaucoup de choses. Avec la visibilité qu’on a, c’est un bon moyen de faire de bons gestes. »

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