« C’est un peu le syndrome du papier de toilette »

La demande est forte pour les vaccins contre la grippe, mais les experts ne redoutent pas de pénurie

Les premiers rendez-vous pour se faire vacciner contre la grippe dans le Grand Montréal se sont envolés comme les rouleaux de papier de toilette au printemps dernier. Des experts se veulent tout de même rassurants : il ne devrait pas manquer de doses et il n’y a pas d’urgence à se faire vacciner.

La campagne de vaccination contre la grippe saisonnière a beau ne commencer que le 1er novembre, les premières plages horaires ont déjà été distribuées dans de grands centres urbains, dont Montréal et Laval.

« Les gens veulent se faire vacciner parce qu’ils ne veulent pas tomber malades et devoir utiliser les ressources du système de santé », a souligné Benoit Morin, président de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP).

Le gouvernement Legault a commandé 2 millions de vaccins, comparativement à 1,6 million l’an dernier. Du côté de l’AQPP aussi, le nombre de doses disponibles a augmenté, même plus que doublé. Alors que l’année dernière, l’association en avait 300 000 à offrir, elle en a commandé cette année 600 000 pour les personnes qui ont droit au vaccin gratuit et 100 000 supplémentaires pour ceux qui devront payer, c’est-à-dire les gens qui ne sont pas les plus à risque.

Tant à l’AQPP qu’aux directions régionales de santé publique de Montréal et de Québec, le message est le même : la province devrait avoir un nombre suffisant de doses de vaccin pour les citoyens, du moins pour la clientèle cible. Et quelles sont les personnes qui font partie de la clientèle cible ? « On parle des plus de 70 ans et de toutes les personnes, dont les enfants, qui seraient porteurs d’une maladie chronique, explique le DJacques Girard, adjoint médical au directeur de santé publique de la Capitale-Nationale. On aimerait beaucoup rejoindre toutes ces personnes. »

Dans les groupes prioritaires, il y a également les travailleurs de la santé et les femmes enceintes de plus de 14 semaines.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux juge « encore plus important cette année de prioriser la clientèle ciblée pour la vaccination contre l’influenza puisque cette même clientèle est également à risque pour la COVID-19 », a répondu par écrit Marie-Hélène Émond, responsable des communications.

Pour le groupe des 60 à 74 ans, même si le vaccin est aussi offert gratuitement, il n’est pas considéré comme prioritaire.

ruée vers le vaccin

Dans le Grand Montréal, les premières plages horaires de rendez-vous pour la campagne de vaccination contre l’influenza se sont envolées rapidement, notamment par l’entremise du site web Clic Santé. À Laval, cela s’est fait en seulement « quelques heures », a indiqué la porte-parole du CISSS local, Judith Goudreau, qui a fait savoir que de nouvelles plages horaires seraient ajoutées prochainement. À Montréal, tous les CIUSSS vont également augmenter le nombre de plages horaires pour satisfaire à la demande, a affirmé mercredi la présidente-directrice générale du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Sonia Bélanger.

Cette ruée vers le vaccin s’est aussi fait sentir du côté des pharmacies de la métropole où il n’y a déjà plus de disponibilité pour les premières semaines de la campagne de vaccination.

Il ne faut pas s’inquiéter, a affirmé Benoit Morin, président de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires.

« C’est sûr qu’il y a une anxiété parce que les gens veulent se faire vacciner et ils ont l’impression qu’ils sont dans un cul-de-sac. Mais il va y avoir des opportunités qui vont s’ouvrir. »

— Benoit Morin, président de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires

« C’est un peu le syndrome du papier de toilette du printemps, lance-t-il. Mais le papier de toilette, on en a besoin tout le temps. Pour la vaccination, il n’y a pas d’urgence. »

Le DJacques Girard le confirme. « C’est assez tranquille du côté de l’influenza pour l’instant. On ne peut pas dire que quelque chose se passe au niveau de l’activité. Donc oui, nous avons le temps. »

Dans la Capitale-Nationale, toutefois, la situation n’est pas la même qu’à Montréal : sur les 47 000 plages horaires disponibles en novembre et début décembre, seulement 15 000 avaient été remplies, jeudi matin. Et si la demande devient très forte, le DGirard a avancé que la campagne de vaccination pourrait se poursuivre en janvier.

Cliniques privées

Pour ceux qui ne sont pas considérés comme appartenant aux groupes prioritaires et qui souhaiteraient recevoir le vaccin, il est possible de se tourner vers des cliniques privées. Les pharmaciens pourront également offrir les vaccins lorsqu’il y aura une demande moins forte de la part de la population ciblée.

En ce qui concerne les milieux de travail, Benoit Morin ajoute que bien « des fournisseurs de services de santé ont décidé de ne plus aller en entreprise parce qu’il y avait une exposition trop grande à la COVID-19 pour leurs employés et ceux qui se feraient vacciner ». Des employeurs offrent tout de même le vaccin contre l’influenza, alors que d’autres ont choisi de passer leur tour cette année.

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