COVID-19

Vague de « bureaux satellites » à l’horizon

Moins de locaux de bureaux au centre-ville et davantage de bureaux satellites hors de Montréal pour répondre aux nouveaux besoins des travailleurs rompus au télétravail : voilà une tendance qui se dessine dans un contexte de pandémie.

« On verra de plus en plus de petits bureaux, tant sur la Rive-Sud que dans la couronne nord, soulève Christophe Robidas, directeur de l’équipe de location chez KW Commercial. Cela ne signifie pas la fin des gros immeubles de bureaux au centre-ville, mais on peut s’attendre à une décentralisation des activités. »

Il ajoute, pour étayer sa pensée : « Bon nombre d’entreprises réalisent qu’elles peuvent fonctionner avec des bureaux moins gros d’une superficie allant de 2000 à 4000 pieds carrés, explique-t-il. Il y a aussi le coût des loyers, qui est de 20 à 30 % moins cher qu’au centre-ville. »

Christophe Robidas reconnaît néanmoins que ces bureaux satellites existaient bien avant le début de la crise sanitaire et que ce concept permettait de recruter des employés vivant en périphérie de Montréal.

« Mais là, avec le télétravail, on sent que les entreprises sont beaucoup plus réceptives à l’idée d’ouvrir des plus petits bureaux pour réduire les coûts et limiter les temps de déplacement de leurs employés », ajoute-t-il.

« Les mentalités ont évolué, depuis quelques mois. On se rend compte qu’on peut à la fois travailler à la maison et se rendre au bureau, à l’occasion, pour participer à des réunions. »

— Christophe Robidas

Encore des incertitudes

Anthony Arquin, associé chez Davies, tient des propos qui vont dans le même sens, tout en apportant certaines nuances. « Il ne faudrait surtout pas oublier que le marché locatif des immeubles de bureaux se portait bien, au centre-ville, avant la crise, relève l’avocat spécialisé en développement immobilier. Avant de tirer des conclusions, il faudra voir comment les choses vont évoluer dans le temps. Il y a encore beaucoup d’incertitude, et ça, je le perçois chez mes clients. »

L’exemple de Syscomax

Il ne fait pas de doute, relève de son côté Sylvain Robitaille, président de la firme de construction Syscomax, que « la migration vers la Rive-Sud et la couronne nord est bel et bien amorcée ».

« On réalise, jour après jour, que nos employés, qui sont nombreux à vivre en banlieue, peuvent travailler à distance tout en étant efficaces, explique-t-il. Et s’ils ont à se déplacer pour se rendre au travail, ils souhaitent le faire idéalement en moins de 30 minutes. »

C’est d’ailleurs en misant sur « l’avantage de la proximité » que l’entrepreneur s’apprête à lancer un « projet intégré », près de l’autoroute des Laurentides, à proximité de la gare de Blainville et de Mirabel.

« Ça va correspondre à la nouvelle réalité de l’après-pandémie, signale-t-il. Il y aura des locaux de bureaux dans un environnement résidentiel et commercial, et même des hôtels. Mais pas question d’ériger des tours de bureaux de grande dimension ! »

Des bureaux dans les centres commerciaux

Étonnamment, la relocalisation des locaux de bureaux, dans certaines villes de banlieue, pourrait provoquer un changement de vocation de certains centres commerciaux, fait valoir Anthony Arquin.

« Avant la COVID-19, il y avait déjà des projets en élaboration pour redévelopper les centres commerciaux afin de leur donner une nouvelle vie, signale-t-il. Mais les choses bougent très vite. »

Il précise : « Ça pourrait même se traduire par la construction de petites tours de bureaux dans les stationnements, qui ont des milliers de places [inutilisées]. Ce sont des millions de pieds carrés qui trouveraient un usage à la fois pour l’immobilier résidentiel et l'immobilier commercial. »

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