Pas de vaccin pour la santé mentale

Une hirondelle ne fait pas le printemps. Mais la baisse récente des cas de COVID-19, l’accélération de la vaccination et l’allégement des mesures sanitaires des derniers jours permettent de rêver au début de la fin de la COVID-19.

Enfin ! On a vraiment besoin d’une bouffée d’air, car notre moral en a pris pour son rhume avec la pandémie.

Près du quart des Canadiens (24 %) considèrent que leur santé mentale est dans un piteux état, une hausse considérable depuis le début de la crise (15 %). Chez les jeunes de 18 à 34 ans, cette proportion a fait un bond encore plus alarmant, passant de 22 % à 38 %, selon un sondage Léger.

Alors, oui, les bonnes nouvelles, on va les prendre. Quitte à devoir reculer si une troisième vague revient nous hanter, comme le redoute la Ville de Montréal.

Bien sûr, il faut rester vigilants, puisque seulement 7 % des Québécois sont vaccinés et que les variants, plus contagieux et dangereux, rôdent dans la communauté. Mais il faut aussi offrir des baumes à tous ceux qui souffrent d’isolement, de perte de sommeil, d’anxiété et d’autres problèmes psychologiques.

Ça aussi, c’est sérieux.

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Des baumes, on en a reçu plusieurs, vendredi.

Les spas et les piscines d’hôtels pourront rouvrir. Les lieux de culte pourront accueillir davantage de fidèles. Mais on peut surtout célébrer l’annonce du retour progressif du sport qui était réclamé à hauts cris. À partir du 26 mars, les centres de conditionnement physique et les complexes sportifs ouvriront leurs portes, même en zone rouge.

Tant mieux. Le sport est un puissant antidote contre le stress.

Du côté de la vaccination, la voiture roule à fond. Comme le Québec doit recevoir 1,1 million de doses en mars, soit 200 000 de plus que prévu, les cliniques de Montréal accueillent désormais les personnes de 65 ans et plus.

Quand ce groupe d’âge sera vacciné, peut-être d’ici le 1er mai, il est permis de croire qu’on « va pouvoir commencer à avoir de la visite à la maison », a laissé entendre le premier ministre François Legault, mardi.

Oh que les grands-parents seront heureux de revoir leurs petits-enfants !

Croisons aussi les doigts pour qu’on renvoie bientôt en classe à temps plein les élèves du secondaire, du moins en zone orange. Rien de tel pour motiver les élèves dont les résultats scolaires pâtissent que de s’asseoir avec leurs amis sur les bancs d’école, plutôt que tout seuls à la maison devant leur écran.

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Malgré tout, il n’y a pas de vaccin contre les problèmes de santé mentale, qui ne disparaîtront pas du jour au lendemain avec les assouplissements. Au contraire, on pourrait vivre un stress post-traumatique quand la vie normale reprendra.

Après une guerre, certains continuent d’entendre le bruit des bombes même si l’ennemi est vaincu. Même chose avec la COVID-19. Sauf que l’ennemi est partout et nulle part à la fois. Il est peut-être chez les voisins du dessus qui font constamment la fête malgré les interdictions de rassemblement ou peut-être chez cette personne qui porte son masque de travers et ne se lave pas les mains. Qui sait ?

Durant la pandémie, la peur du virus a été un puissant outil pour nous encourager à suivre les mesures sanitaires afin de réduire la contagion. Mais quand les risques seront disparus, il faudra réapprendre à vivre ensemble. Il faudra recommencer à se serrer la main, à se faire l’accolade, à revoir ses amis et ses collègues de travail autrement que par Zoom.

Métro, boulot, dodo, ça vous rappelle quelque chose ? Oui, cette routine reprendra, mais la réadaptation ne sera pas automatique.

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La pandémie nous a forcés à couper nos relations personnelles, qui sont une manière de réguler nos émotions. Les mesures sanitaires qui ont duré si longtemps laisseront une empreinte psychologique.

Malheureusement, beaucoup de personnes en détresse n’ont pas accès aux soins appropriés, car la santé mentale est le parent pauvre du réseau de santé publique.

Pour obtenir un rendez-vous en psychothérapie, bonne chance ! Avec la pandémie, l’attente peut s’étirer jusqu’à deux ans. Tant pis pour les travailleurs qui ont perdu leur emploi et n’ont plus de programme d’assurance pour couvrir les services d’un psychologue au privé.

Ce système à deux vitesses est injuste.

Il faut donc saluer l’initiative du gouvernement qui a conclu, en octobre dernier, un partenariat avec des experts du privé qui ont accepté d’élargir leur horaire pour offrir des services du côté public, moyennant une rétribution de 100 $ l’heure par Québec. Mais ce n’est que ces dernières semaines que les premiers rendez-vous ont pu être pris.

À long terme, il faudra beaucoup plus d’efforts pour bonifier les ressources en santé mentale dans le réseau public, qui perd des spécialistes en raison des conditions de travail et des salaires.

Non, il n’y a pas de vaccin pour la santé mentale. Mais on ne peut pas se contenter d’un diachylon non plus.

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