LES MOTS DE L'ANNÉE

Les émoticônes : un langage universel

Que ce soit par messagerie texte, par courriel ou sur les réseaux sociaux, les émoticônes, inventées à la fin des années 90 au Japon, s’infiltrent partout. Leur heure de gloire a véritablement commencé à sonner lorsque Apple les a ajoutées au clavier de ses iPhone en 2011. 

Les émoticônes ont à ce point la cote qu’elles arrivent même à se glisser à la tête de palmarès des « mots de l’année ». En 2014, la société américaine Global Language Monitor, qui se spécialise dans l’étude des mots et des phrases les plus fréquemment utilisés sur le web, a élu « symbole de cœur » comme étant le « mot » le plus utilisé en anglais.

« La langue anglaise subit une transformation inédite dans ses 1400 ans d’histoire – dans son système d’écriture, l’alphabet, s’ajoutent des caractères à une vitesse surprenante. Ces caractères sont des idéogrammes ou pictogrammes que nous appelons "émojis" ou "émoticônes" », a affirmé le président de Global Language Monitor, Paul JJ Payack.

Les prestigieux dictionnaires britanniques Oxford ont emboîté le pas et ont sacré eux aussi une émoticône comme « mot de l’année 2015 » : « visage avec larmes de joie ».

« Les émoticônes existent depuis la fin des années 90, mais c’est en 2015 que leur utilisation, et celle du mot "émoticône", a énormément augmenté », lit-on sur le blogue d’Oxford Dictionaries.

Et pourquoi « visage avec larmes de joie » plus que « visage envoyant un baiser » ou « visage souriant avec les yeux en cœur » ? Parce qu’il s’agit du plus populaire en 2015. C’est ce qu'a révélé une étude d’Oxford University Press et du développeur de l’application SwiftKey, qui ont analysé l’utilisation des émoticônes à travers le monde.

LES CANADIENS SONT GRIVOIS 

Une autre étude de SwiftKey publiée en avril dernier a quant à elle révélé qu’au Québec, c’est « symbole de cœur » qui est le plus souvent utilisé. Quant aux Canadiens anglais, ils remportent la palme du groupe de personnes qui envoient le plus d’émoticônes violentes : fusils, couteaux ou bombes.

Également, « les Canadiens sont deux fois plus grivois que les autres », puisqu’ils utilisent des émoticônes à caractère sexuel avec une plus grande fréquence que quiconque. Par exemple : banane, poing levé, aubergine, pêche, symbole 69.

Sans grande surprise, l’étude avance que « les Canadiens aiment beaucoup la pizz, puisqu’ils utilisent l’émoticône plus de deux fois plus souvent que la moyenne ». Un peu plus surprenant, c’est aussi au Canada que le fameux poop emoji (symbole fécal) est le plus fréquemment utilisé. 

LES RÉSEAUX SOCIAUX PARLENT ÉMOTICÔNES

Depuis avril dernier, Instagram permet aussi que ses utilisateurs agrémentent leur texte de petites icônes. De nombreuses personnes en utilisaient déjà, entre autres grâce à des applications, mais depuis que le réseau social a apporté ce notable changement dans la gestion de ses mots-clics, l’utilisation des émoticônes est en croissance. 

« Si cette tendance se maintient, nous pouvons imaginer que, à l’avenir, la majorité des messages Instagram contiendront des émoticônes », écrit Thomas Dimson, ingénieur chez Instagram.

Les Canadiens sont quand même loin d’être les plus grands utilisateurs des petits dessins. D’après Instagram, 35 % des messages des Canadiens en contiennent. Ce seraient les Finlandais qui en seraient les plus friands (63 %), suivis par les Français (50 %) et les Britanniques (48 %). 

Facebook s’apprête peut-être aussi à leur faire une plus grande place, comme l’a annoncé cet automne son président, Mark Zuckerberg. Au lieu du célèbre bouton « j’aime », les utilisateurs pourraient avoir le choix de quelques émoticônes qui exprimeraient notamment la tristesse, la colère ou l’amour. 

Même le septième art s’intéresse au phénomène. Sony Pictures Animation travaille à un film mettant en scène ces petits dessins expressifs, dont la réalisation a été donnée à Anthony Leondis (Igor, Kung Fu Panda : Secrets of the Masters).

Décidément, les émoticônes n’ont pas dit leur dernier mot. (END) !

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