Commande de 60 autobus scolaires chez Lion Électrique

Un record pour le constructeur, de l’audace pour le transporteur

C’est une commande historique pour Lion Électrique. C’est également une première décision pleine d’allant – et d’inconnu – pour la nouvelle génération à la tête d’Autobus Groupe Séguin, résultat de la fusion de trois entreprises familiales, le 1er décembre dernier. En pleine pandémie.

Lion Électrique et Autobus Groupe Séguin ont signé mardi une entente pour l’acquisition de 60 autobus scolaires électriques. Elle constitue la plus importante commande d’autobus scolaires 100 % électriques de l’histoire de Lion Électrique… et de l’histoire de l’industrie en Amérique du Nord, précise le constructeur de Saint-Jérôme.

L’entreprise lavalloise Autobus Groupe Séguin, qui dessert sept centres de services scolaires, réceptionnera progressivement les 10 premiers véhicules en 2021, à temps pour la rentrée de 2021.

Les 50 autres véhicules seront livrés jusqu’en 2026.

Le geste audacieux de la nouvelle génération

Pour Autobus Groupe Séguin, cette acquisition est un geste d’autant plus audacieux qu’il s’agissait d’une des toutes premières décisions des nouveaux dirigeants de l’entreprise.

« Avec la COVID-19, c’est un peu plus compliqué », constate son président de fraîche date, Stéphane Boisvert.

Autobus Groupe Séguin est le résultat de la fusion, le 1er décembre dernier, de trois entreprises familiales : Transport S&L, Autobus Gérald Séguin et Séguibus.

Tandis que Stéphane Boisvert dirigeait Transport S&L, sa conjointe Yanick Séguin et sa belle-sœur Janys Séguin étaient actionnaires avec leur père d’Autobus Gérald Séguin et de Séguibus.

« Mon beau-père s’est retiré le 1er décembre 2020. On a convenu, les trois ensemble, de fusionner nos entreprises pour devenir un gros joueur de la région, avec 300 employés. »

— Stéphane Boisvert

« La nouvelle génération s’est assise ensemble et on s’est dit : qu’est-ce qu’on fait pour l’avenir ? »

La réponse : monter à bord de l’autobus scolaire électrique. « C’est notre projet. C’est notre façon de laisser notre marque dans l’entreprise aussi. »

Des risques calculés

Pour respecter la durée de vie réglementaire d’un maximum de 12 ans, Autobus Groupe Séguin doit remplacer chaque année une trentaine d’autobus scolaires sur les 310 que compte son parc.

De ces 30 véhicules, « c’est un peu plus du tiers qu’on veut faire passer à l’électricité chaque année », informe Stéphane Boisvert.

« Pourquoi pas plus ? Le prix, actuellement, est quand même excessivement élevé. »

Un autobus électrique Lion coûte présentement 155 000 $ – après subvention.

« Un autobus diesel de 72 passagers, on le paie présentement 115 000 $. Il y a un gros écart entre les deux. »

Le passage à l’électricité entraînera assurément des économies d’entretien et de carburant. Mais combien ?

« Pour être franc, le but de nos 60 véhicules électriques, c’est un peu ça aussi : être capable de quantifier les vrais coûts d’opération. »

— Stéphane Boisvert, président d’Autobus Groupe Séguin

Leurs calculs préliminaires montrent que, compte tenu du prix du véhicule, l’investissement se fait à perte.

Or, « nos contrats sont tous au même montant, que je roule électrique, au propane, à essence ou diesel », ajoute-t-il.

Mais d’autres facteurs entrent en ligne de rentabilité. Il espère que les autobus électriques seront moins sujets aux pannes.

Autobus Groupe Séguin fait elle-même la plus grande partie de l’entretien avec son équipe de 15 mécaniciens, qu’il faudra former à la technologie électrique.

En fonction des pannes et de l’entretien, ses véhicules diesel roulent en moyenne 192 jours par année pour desservir les centres de services scolaires. « Combien de jours mon véhicule électrique va rouler par rapport à un diesel ? », se demande Stéphane Boisvert.

Pour garantir un service scolaire en tout temps, aura-t-il besoin d’autant de véhicules en surplus ?

« Ça, c’est un impact majeur également, et ce sont des données que je ne possède pas actuellement. »

Un beau problème… « Je vais vous le virer autrement : c’est une belle opportunité pour les transporteurs scolaires. L’industrie va devoir prendre un virage. »

Mais un virage à large rayon, en ce qui concerne Autobus Groupe Séguin.

Transistion complète en 2030

Forte de la démonstration que l’acquisition de 60 véhicules sur cinq ans lui aura faite, l’entreprise entend terminer la transition complète de son parc en 2030, peut-être avec un programme de subvention amélioré, si la rentabilité le nécessite.

« Ce qui fait peur à tous les transporteurs, pas juste au Groupe Séguin, c’est la nouveauté : comment va vieillir le véhicule, quelle va être sa valeur résiduelle ? Ce sont des données qu’on n’a pas. Mais ce sont des risques calculés. On a décidé d’aller de l’avant parce qu’on croit au produit. On croit que c’est l’avenir. »

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