Formation

Des métiers « plus verts » pour la relance

Durement frappée par la crise sanitaire qui a cloué les avions au sol et envoyé au chômage des milliers de travailleurs, l’industrie aérospatiale souhaite prendre un « virage vert et durable » qui permettra à ses entreprises de recruter une main-d’œuvre aux compétences plus variées.

« Il y aura une relance et elle se fera en lien avec le respect de l’environnement, assure Suzanne Benoît, directrice générale d’Aéro Montréal. Il sera [alors] beaucoup question de traçabilité au niveau de la fabrication, avec des pratiques écoresponsables. Nous devrons attirer de nouvelles compétences afin de pourvoir ces postes d’avenir. »

Elle ajoute : « Nous pensons aussi que les femmes, avec cette nouvelle dimension plus respectueuse de l’environnement, seront de plus en plus nombreuses à manifester de l’intérêt pour faire carrière dans notre industrie. »

Sur cette même lancée, il ne fait aucun doute, selon la directrice générale, que les « nouveaux emplois » seront de plus en plus technologiques. « On veut davantage embaucher des analystes en gestion de la performance, des ingénieurs logiciels, des développeurs en intelligence artificielle, des programmeurs informatiques, des spécialistes de la donnée », énumère-t-elle.

« Avant, on avait des ingénieurs mécaniques, électriques, dans le domaine industriel, mais là, il faut ajouter d’autres cordes à leur arc. On veut qu’ils soient plus sensibles à l’aspect des affaires, qu’ils prennent toute la mesure de la rentabilité des investissements en matière d’innovation. »

— Suzanne Benoît, directrice générale d’Aéro Montréal

Des machinistes sur les ordis

Chose certaine, la pandémie aura contribué à « accélérer [la transition] pour tout ce qui est automatisation, robotique, intelligence artificielle », souligne pour sa part Nathalie Paré, directrice générale du Comité sectoriel de main-d’œuvre en aérospatiale du Québec (CAMAQ).

« Le virage numérique 4.0 était déjà pris [avant la pandémie], mais il faudra aller plus vite dans cette direction. Il sera important que le machiniste sache à la fois machiner [des pièces] et opérer un robot. Ça va demander plus de compétences. »

Cette nouvelle approche, croit-elle, devrait permettre de pallier le manque de main-d’œuvre dans l’industrie, qui souffre depuis des années d’une pénurie de personnel.

« Les outils de travail et les façons de travailler changent, fait-elle valoir. On est rendus là. Et on a de bonnes écoles pour assurer la formation des étudiants. »

Des besoins à combler

Ce que confirme Pascal Désilets, directeur de l’École nationale d’aérotechnique (ENA). « Nous avons trois solides programmes de formation, des techniques de maintenance d’aéronefs, d’avionique et de génie aérospatial, souligne-t-il. On constate que les étudiants sont au rendez-vous et qu’il y a un intérêt marqué pour la formation [dans ce secteur spécialisé]. »

Il observe d’ailleurs une augmentation, en pourcentage et en nombre, d’élèves qui se sont inscrits à la session d’automne. « La hausse est de 2 à 3 % par rapport à l’an dernier, évalue-t-il, pour ce qui est des jeunes qui sortent du secondaire. »

Étonnamment, la hausse atteint 36 % pour ce qui est de la formation continue, suivie par les adultes, cette fois.

« Il y a de plus en plus de postes à pourvoir, entre autres pour la maintenance des aéronefs, avec les départs à la retraite. Ces hausses d’inscriptions sont encourageantes. »

Où est la demande ?

> Emplois en pénurie : développeurs, programmeurs, ingénieurs, inspecteurs, instructeurs de vol, machinistes, mécaniciens, opérateurs, pilotes, techniciens en entretien d’aéronefs

> Métiers d’avenir : ingénieurs en aéronautique avec compétences en automatisation, ingénieur mécanique avec compétences en mécatronique (qui combine l’automatisation, l’intelligence artificielle et la programmation)

> Métiers fortement demandés : machinistes, techniciens en entretien d’aéronefs, ingénieurs

Source : CAMAQ, février 2021

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