L’éducation à l’environnement, une priorité des jeunes

Dans La Presse du 12 janvier, un article évoque l’expérience d’élèves de l’école Saint-Luc qui souhaitent s’attaquer à la protection des milieux naturels, notamment celui de la rivière Magpie1. Il y a quelques semaines, Marie Maltais et Olivier Cloutier, deux élèves de l’école Mont-Saint-Sacrement, ont fait parler d’eux pour avoir sondé plusieurs centaines d’élèves du primaire et du secondaire au sujet de la place qu’ils aimeraient que l’environnement prenne à l’école.

Ces jeunes et bien d’autres souhaitent nourrir la discussion et maintenir le débat autour des valeurs à préserver et des actions à mener pour contrer les changements climatiques et protéger « notre » environnement.

Nous avons eu vent qu’une réforme partielle du programme de science et technologie du secondaire serait en cours.

Bien qu’il semble impossible d’obtenir de l’information sur l’orientation que prendra ce programme révisé, nous formulons le souhait qu’une place plus grande et mieux structurée soit faite aux contenus scientifiques relatifs aux questions environnementales et climatiques.

Actuellement, les programmes de science et technologie contiennent des notions liées à l’écologie et sont en partie organisés autour de problématiques environnementales qui servent à contextualiser de nombreuses notions autour de ce thème. Les programmes d’Univers social (en géographie et en monde contemporain, en particulier) et d’Éthique et culture religieuse (bientôt remplacé par le programme Culture et citoyenneté québécoise) demandent quant à eux de traiter des enjeux sociaux, économiques ou éthiques relatifs à l’environnement. Par ailleurs, le domaine général de formation « environnement et consommation » vise à ce que les jeunes puissent réfléchir à cette problématique pour en développer un point de vue critique et fondé.

Des enjeux complexes

Malgré cela, comme l’ont nommé Marie Maltais, Olivier Cloutier et bien d’autres élèves, les questions environnementales et climatiques restent assez peu abordées à l’école québécoise et lorsqu’elles le sont, la complexité des enjeux est trop souvent gommée. En effet, les questions environnementales et climatiques sont éminemment complexes. Elles gagnent à être traitées de manière globale et en interdisciplinarité.

Actuellement, en distribuant l’étude des concepts et des problématiques entre différentes disciplines, on les découpe artificiellement. On les traite en surface sans parvenir à bien articuler les éléments étudiés. On perd alors la complexité et la vision d’ensemble de ces questions en saupoudrant des concepts dans différentes matières, en encourageant les petits gestes individuels et en utilisant l’environnement et les changements climatiques comme un contexte pour étudier autre chose.

C’est d’ailleurs ce que reprochent Marie Maltais et Olivier Cloutier à leur formation : que les changements climatiques ont été abordés brièvement, sans profondeur et sans prendre la mesure des défis qui nous attendent. 

Ils ajoutent que les contenus actuels, devenus dérisoires aux yeux des jeunes, sont abordés dans la perspective de réussir l’examen ministériel : apprendre pour l’évaluation est devenu la culture éducative du Québec… ce qui n’est rien de moins que scandaleux.

Que veulent donc nos jeunes ? D’abord, ils souhaitent participer aux débats relatifs à la lutte contre les changements climatiques et à la préservation de l’environnement. Ils veulent pouvoir poser des actions sociales pour faire changer les choses. Plus encore, ils réclament une éducation qui aborde des questions complexes, et veulent être amenés à les examiner à partir de connaissances scientifiques récentes, d’une part, et de valeurs démocratiques, d’autre part. Ils réclament, en fait, un système éducatif qui soit capable de prendre les questions environnementales et climatiques à bras-le-corps. Pas pour réussir les examens et faire bien paraître le système d’éducation québécois, mais bien pour être véritablement « éduqués » à l’environnement et aux changements climatiques. De notre point de vue, ils ont parfaitement raison et il serait plus que temps de les écouter.

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