Centres jeunesse
La fugue de M
B.La Presse
LA PLACER EN ENCADREMENT INTENSIF
Pendant une semaine ou deux, M
B. va être de très mauvaise humeur de se retrouver en centre fermé, derrière des portes verrouillées. « Dans son esprit, elle va juste être en prison. » Il faut donc prévoir une période d’acclimatation. Autre scénario : M B. peut être très conformiste et recracher aux intervenants exactement le discours qu’ils veulent entendre. C’était la dernière fois, elle a pris conscience des risques…ÉVITER D’ISOLER LA JEUNE POUR PLUS DE 24 HEURES
Les centres jeunesse placent souvent les jeunes fugueurs dans des unités « d’arrêt d’agir » à leur retour d’une fugue. En clair, cela signifie qu’ils sont non seulement dans un centre sécuritaire, mais également isolés dans une chambre pendant plusieurs jours. Cette pratique est contre-productive, estime M. Lafortune. « C’est l’équivalent d’une punition de retour. » On devrait au contraire réintégrer le plus rapidement possible la jeune aux activités normales de l’unité.
LUI EXPLIQUER POURQUOI ELLE EST LÀ
Il faut qu’on explique à M
B. pourquoi on l’a placée dans un centre sécuritaire. Pour elle, son comportement de fugueuse ne constitue pas un problème. « C’est exactement comme un toxicomane. Pour lui, il n’en a pas de problème de drogue. Alors pourquoi il trouverait une solution ? Il faut d’abord qu’il réalise qu’il y a bel et bien un problème. C’est pas facile de se faire sermonner par quelqu’un quand on est convaincu qu’on n’a pas de problème. »CRÉER LE DOUTE
L’objectif est de créer de l’ambivalence face aux fugues, de créer une brèche dans les certitudes de M
B. Les intervenants doivent donc accepter de considérer également le point de vue de la jeune et les avantages qu’elle tire de son comportement de fugueuse. Liberté, argent, glamour… « Oui, tu as le luxe, la liberté, et ton chum. Mais il faut que tu regardes aussi ce que ça te coûte. Les dangers que tu cours. » L’encadrement intensif doit se poursuivre jusqu’à une prise de conscience réelle. « Tant qu’on n’a pas l’impression qu’on avance, tant que le risque semble présent, on poursuit le placement », affirme M. Lafortune.